20 ans après Maastricht, l'Europe en quête d'un nouvel horizon

Vingt ans après le traité de Maastricht, qui a instauré l'euro, l'UE a du mal à trouver un nouveau projet mobilisateur pour relancer une construction européenne encalminée par la crise et le rejet croissant des citoyens.  

20 ans après Maastricht, l'Europe en quête d'un nouvel horizon

Le 1 novembre 2013 à 11h33

Modifié le 1 novembre 2013 à 11h33

Vingt ans après le traité de Maastricht, qui a instauré l'euro, l'UE a du mal à trouver un nouveau projet mobilisateur pour relancer une construction européenne encalminée par la crise et le rejet croissant des citoyens.  

Dans la longue histoire de la construction européenne, ce traité entré en vigueur le 1er novembre 1993 constitue un jalon majeur, celui de la création de la monnaie unique, puissant symbole et saut qualitatif dans l'intégration. Le traité reste célèbre pour ses fameux critères en matière de déficits publics et de dette. Limites que les Etats se sont empressées de ne pas respecter, à commencer par la France et l'Allemagne au milieu des années 2000.

Politiques et experts s'accordent aujourd'hui à reconnaître que l'union monétaire était mal conçue, puisqu'elle n'était accompagnée d'aucune union budgétaire, et encore moins économique. « Il n'y avait aucune volonté » de la part des Etats, souligne Daniel Gros, directeur du Center for European political studies. Rappelant l'adage selon lequel les généraux se préparent toujours pour la guerre précédente, il note que les dirigeants de l'époque s'étaient focalisés sur la lutte contre l'inflation et les déficits, sans anticiper un problème avec les banques. Le traité de Maastricht n'a pas préparé l'Europe aux « défis majeurs de la stabilité du système financier ».

Beaucoup d'experts considéraient déjà il y a 20 ans comme une « folie » de faire une union monétaire sans unions bancaire, économique et politique, rappelle Nicolas Véron, chercheur à l'institut Bruegel. Les choses ont fonctionné jusqu'à l'éclatement de la crise bancaire, qui s'est transformée rapidement en crise de la dette et de l'euro, avant de déferler sur le reste de l'économie.

Face à cette crise existentielle, les Européens ont trouvé des réponses « dans la précipitation », constate Jean-Dominique Giuliani, le président de la Fondation Schuman. Après avoir injecté des milliards d'euros pour colmater les brèches et sauver le système, l'UE a lancé plusieurs chantiers pour tenter d'éviter une nouvelle crise: renforcement de la discipline budgétaire et lancement d'une union bancaire.

Europe puissance

Malgré ses défauts de conception, Maastricht, c'est la « dernière fois où l'on s'est fixé un grand objectif », estime M. Giuliani. « Depuis il n'y a rien ». L'Union européenne s'est toujours construite par à-coups, mais en se donnant des buts ambitieux. Au sortir de la Seconde guerre mondiale, ce fut la paix après deux conflits ravageurs, puis la fin des frontières pour les marchandises et les citoyens avec le Marché unique, enfin la monnaie. Dans la logique d'un espace démocratique et prospère, l'UE a aussi constitué une force d'attraction, qui s'est traduite par des élargissements successifs, les derniers au milieu des années 2000 avec les anciens pays de l'Est communistes. Mais avec la crise et la montée de l'europhobie, les dirigeants européens jouent de plus en plus la prudence, voire le repli sur les égoïsmes nationaux.

L'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, à l'origine de l'euro avec le Système monétaire européen, regrette amèrement que l’Europe n’ait « plus d’objectif », et il en propose un: « bâtir en Europe une puissance économique comparable » aux Etats-Unis et à la Chine ? L'UE doit se donner les moyens de rester « une des trois grandes puissances mondiales » à l'horizon 2050, pense aussi M. Giuliani. Une ambition assortie d'une feuille de route et d'un calendrier précis, dit-il en évoquant une harmonisation économique, notamment en matière fiscale, mais aussi sociale.

Défendant la cohérence de son action à la tête du Conseil européen, Herman Van Rompuy assure qu'une Europe forte ne peut exister que sur la base d'une « économie forte », avec « davantage de convergence économique dans la zone euro ». Il faut que notre « modèle social puisse être durable », ajoute-t-il.

Mais dans la mesure où l’intégration se rapproche du « cœur de la souveraineté », M. Véron insiste sur la question de la légitimité démocratique, dont le « déficit » a contribué à miner la confiance des citoyens. A l'instar de Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), beaucoup sont convaincus que cela passe au minimum par un « renforcement des pouvoirs du Parlement européen », élu au suffrage universel direct. Et donc par un nouveau traité.

(Par AFP)

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