Tunisie: les journalistes en grève pour dénoncer les pressions

Les journalistes tunisiens observaient mardi une journée de débrayage pour dénoncer les pressions du système judiciaire et du gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda après la multiplication de poursuites relevant, selon des ONG, de la liberté d’expression et d’information.  

Tunisie: les journalistes en grève pour dénoncer les pressions

Le 17 septembre 2013 à 10h21

Modifié 17 septembre 2013 à 10h21

Les journalistes tunisiens observaient mardi une journée de débrayage pour dénoncer les pressions du système judiciaire et du gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda après la multiplication de poursuites relevant, selon des ONG, de la liberté d’expression et d’information.  

Les quotidiens de Tunisie titraient tous sur cette grève: Les journalistes tunisiens en ont ras-le-bol mais ils ne baissent pas les bras», juge Le Temps en Une, «La bataille de la liberté d’expression fait rage», affiche le Quotidien sur sa première page.

«On peut étouffer les libertés, on peut rétablir insidieusement l’ordre de la terreur mais on entendra le tocsin de la révolte», martèle pour sa part La Presse.

Les radios n’ont diffusé dans la matinée que des informations liées au débrayage, se conformant à l’appel du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).

«Les journalistes tunisiens observent une grève générale (...) Cette grève a été décidée à la suite de l’arrestation de notre confrère Zied el-Heni», entendait-on lors du flash d’information de la Radio Tunis chaîne internationale (RTCI).

L’agence officielle TAP a de son côté indiqué n’assurer qu'«un service minimum couvrant uniquement les événements d’extrême urgence».

Un rassemblement est par ailleurs prévu vers 14H00 locale (13H00 GMT).

M. el-Heni a été arrêté vendredi puis libéré lundi sur la base d’une plainte d’un procureur que le journaliste avait accusé d’avoir falsifié des preuves pour impliquer un caméraman dans un jet d’œuf contre un ministre en août.

Ce placement en détention, qui s’ajoute à des poursuites engagées contre plusieurs médias mais aussi des artistes et des syndicalistes, a déclenché la colère des syndicats de journalistes.

'Dompter les journalistes'

«Le pouvoir n’arrivera jamais à dompter les journalistes», a lancé M. el-Heni, à l’antenne de la radio Mosaïque FM, dont les bulletins d’information sont consacrés uniquement à la grève.

Une large part de la société civile et des journalistes accusent depuis des mois les islamistes d’Ennahda de pressions sur la presse et de chercher à contrôler les lignes éditoriales des médias publics à travers les nominations de directions dociles. Une première grève en octobre 2012 avait déjà été très suivie.

Les défenseurs des droits de l’Homme soulignent notamment que le gouvernement, la justice et la police appliquent systématiquement aux médias le code pénal hérité du régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali au lieu des décrets postrévolutionnaires 115 et 116 bien moins répressifs organisant la liberté d’information.

Contrairement aux dispositions pénales, ces décrets prévoient notamment que la diffamation et les délits de presse ne sont pas passibles de peines de prison ferme.

Depuis août, outre les poursuites contre M. el-Heni, le caméraman ayant filmé un jet d’oeuf contre un ministre a été emprisonné trois semaines durant et reste inculpé et un syndicaliste des forces de l’ordre a été placé en détention provisoire pour avoir accusé dans les médias un procureur de se soumettre au bon-vouloir du pouvoir.

Par ailleurs, deux rappeurs, aujourd’hui en cavale, ont été condamnés à 21 mois de prison ferme, sans avoir été informés de la tenue de leur procès pour des chansons jugées diffamatoires par la police.

Les autorités et le parti islamiste Ennahda ont multiplié les communiqués ces derniers jours, assurant n’avoir aucun lien avec l’ensemble de ces poursuites, soulignant que la justice était indépendante.

Ce vif conflit autour de la liberté d’expression intervient alors que le cabinet gouvernemental est profondément fragilisé par une interminable crise politique déclenchée par l’assassinat le 25 juillet d’un député d’opposition, Mohamed Brahmi.

Une hétéroclite coalition d’opposants et les partisans d’Ennahda sont engagés depuis dans un bras de fer autour des conditions de la démission du gouvernement sans aboutir à un compromis, paralysant la vie politique et notamment la procédure d’adoption de la Constitution dont l’adoption est cruciale pour la mise en place d’institutions pérennes et la tenue de nouvelles élections.

L’Assemblée nationale constituante a néanmoins repris mardi ses travaux en séance plénière pour la première fois depuis début août. L’ANC se concentrait cependant sur des projets de loi, le calendrier d’adoption de la future loi fondamentale restant en suspens en raison du boycott de 60 députés d’opposition.

(Par AFP) 

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