Tôt ce matin, les Tunisiens se sont réveillés sur plusieurs communiqués et informations annonçant des succès dans la lutte anti-terroriste et démontrant que le terrorisme est bien plus implanté que ne voulait le reconnaître les autorités :

-Dans la banlieue populaire de Kabaria, dans les environs de Tunis, une opération de la célèbre BAT (Brigade anti-terroriste) a eu lieu à l’aube, se soldant par la mort d’un présumé terroriste et la capture de 7 autres dont un a été blessé au cours de l’échange de coups de feu ;

-A Sousse, un projet d’attentat contre «une personnalité nationale» a été déjoué selon les sources officielles.

-Dans la même ville, deux individus recherchés pour projets terroristes et implication dans les meurtres de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, ont été arrêtés.

-A Ben Gardane, dans le sud du pays, près de la frontière libyenne, un véhicule transportant des armes de guerre a été intercepté dans le cadre d’un contrôle de routine et ses deux passagers arrêtés après une course poursuite. Il s’agit, d’après le communiqué officiel, de deux individus qui ont bénéficié d’amnistie mais qui étaient connus des services anti terroristes.

- Les forces de l'ordre ont aussi annoncé qu'un "extrémiste religieux" avait été tué et un autre blessé dans deux incidents séparés alors qu'ils manipulaient des explosifs.

-Enfin, l’armée tunisienne a enregistré son premier succès sur le mont Chambi, là où huit de ses soldats ont été récemment sauvagement assassinés. Un communiqué officiel a annoncé que 10 terroristes ont été tués dans la journée d’hier et trois capturés vivants, dont l’un grièvement blessé.

Manifestation massive des islamistes pour le gouvernement

Les islamistes à la tête du gouvernement tunisien ont organisé une manifestation massive à Tunis dans la nuit de samedi à dimanche en réponse à la multiplication des appels à son départ après l'assassinat d'un opposant attribué à la mouvance jihadiste.

Le parti Ennahda a revendiqué dans la nuit quelque 200.000 manifestants rassemblés place de la Kasbah, où se situe le siège du gouvernement, pour défendre sa légitimité au pouvoir et dénoncer les violences politiques. La police n'a donné aucune estimation mais selon des journalistes de l'AFP, des dizaines de milliers de personnes étaient présentes.

"Ceux qui ont cru que le scénario égyptien pouvait être répété ici ont tout faux. La Tunisie a été une inspiration avec sa révolution, et elle ne va pas importer un coup d'Etat", a déclaré devant la foule Rached Ghannouchi, chef d'Ennahda, en référence au renversement du président égyptien Mohamed Morsi par l'armée le 3 juillet dernier.

Quelques heures plus tôt, le Premier ministre Ali Larayedh avait une nouvelle fois rejeté lors d'une conférence de presse les appels à sa démission et à la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC), revendications clés d'une large part de l'opposition depuis l'assassinat, prêté à la mouvance jihadiste, du député et opposant Mohamed Brahmi le 25 juillet. Il a proposé, pour résoudre la crise, d'élargir son gouvernement et des élections le 17 décembre.

L'opposition appelle à un rassemblement le 6 août

L'adoption d'une nouvelle constitution est paralysée depuis des mois faute consensus à l'ANC si bien que la Tunisie ne dispose pas d'institutions pérennes deux ans et demi après la révolution de janvier 2011.

Du côté de l'opposition, ils étaient quelques milliers à manifester, selon des témoins interrogés par l'AFP, face à l'ANC. Ces rassemblements quotidiens ont lieu chaque nuit, en raison du jeûne du ramadan. Les détracteurs d'Ennahda ont d'autre part annoncé préparer un grand rassemblement le 6 août avec les mêmes revendications mais aussi pour marquer les six mois de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, un meurtre attribué aussi à la mouvance jihadiste, qui avait entraîné la chute du précédent gouvernement Ennahda.

"L'opposition ne veut pas du pouvoir mais veut terminer la transition démocratique avec un gouvernement de salut national. Dans le contexte actuel ce n'est pas possible de tenir des élections libres et transparentes", a indiqué à l'AFP Karima Souïd, l'une des 60 députés à réclamer la dissolution de l'assemblée.