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La Chine, ce grand vainqueur de 2020

Le 2 décembre 2020 à 15h01

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

BERLIN – Dans ce contexte, 2020 s'est avéré être une année faste pour la Chine. Les choses n'ont assurément pas pris une telle tournure dès le départ, quand un nouveau coronavirus, du nom de Sars-CoV-2, a ravagé la métropole de Wuhan. De graves manquements de la part des autorités chinoises ont permis à cette épidémie de se transformer en cette pandémie qui a tué à présent près de 1,5 millions de gens et qui paralyse l'économie mondiale. Au début de l'année, le leadership central de la Chine semblait confronté à une profonde crise de confiance. Dans le cadre d'une guerre commerciale avec les Etats-Unis, le Covid-19 a momentanément mis le pays à genoux.

Depuis lors, la répression énergique du mouvement démocratique à Hong Kong par le président chinois Xi Jinping n'a fait que conforter l'Occident dans sa méfiance. Les mesures administratives prises en vertu d'une nouvelle loi draconienne sur la sécurité nationale viennent mettre un terme à l'ère "un pays, deux systèmes" et soulèvent de graves questions quant à l'avenir de Taïwan.

Quoi qu'il en soit, la Chine semble être en bien meilleure posture à la fin de l'année 2020. Ses revers au début de la pandémie semblent avoir été largement oubliés, en particulier aux yeux des Chinois. Il n'y a plus la moindre trace de perte de confiance du public en son leadership central. En mettant en œuvre des mesures radicales, l'Etat autoritaire à parti unique de la Chine a rapidement contenu le Covid-19 et a remis l'économie sur la bonne voie, en permettant ainsi un retour quasi-complet à la vie normale.

Un nouveau bloc économique centré sur la Chine

Dans la guerre commerciale avec les Etats-Unis, la Chine a cédé peu de terrain (principalement une promesse d'acheter pour 200 milliards de dollars de produits américains). La répression à Hong Kong semble se dérouler exactement selon les plans de Xi. Et en novembre, la Chine a organisé un coup géopolitique avec la signature du Partenariat régional économique global (RCEP), un nouvel accord commercial qui a placé le pays au centre de la plus grande zone de libre-échange du monde. Le RCEP reliera l'immense marché chinois à celui de l'Association des nations de l'Asie du sud-est (ASEAN), de l'Indonésie à Singapour en passant par le Vietnam, et comprendra d'importants alliés américains tels que le Japon, la Corée du sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Pour l'instant, l'Inde n'y participe pas, bien qu'elle puisse y adhérer par la suite. Le seul acteur de la région à être exclu du RCEP est l'Amérique.

La création d'un nouveau bloc économique centré sur la Chine illustre la différence entre la réalité et la télé-réalité. Lorsque Trump est entré à la Maison blanche en janvier 2017, l'un de ses premiers actes officiels a consisté à retirer les Etats-Unis de l'Accord de partenariat transpacifique, un accord négocié par le président Barack Obama qui devait créer quelque chose de comparable au RCEP, simplement avec l'Amérique en son centre, et dont la Chine devait être exclue. En constatant ce type d'acte d'automutilation américain, les dirigeants chinois ont probablement dû se pincer pour y croire. Suite à quoi le gouvernement de Xi s'est empressé d'exploiter le cadeau généreux fait par Trump.

Ces efforts portent à présent leurs fruits. Avec une nouvelle zone de libre-échange, de nouvelles réalités géopolitiques vont apparaître. Un réseau de dépendances va se dessiner autour de la Chine, pour venir renforcer sa position dans la région Indopacifique.

Les Etats-Unis s'empêtrent dans le désaccord et la faiblesse

Alors que la Chine sort plus forte de cette année de crise, l'Amérique quant à elle en sort affaiblie. A cause de Trump, le Covid-19 est en train de proliférer hors de tout contrôle aux Etats-Unis et le pays reste centré sur lui-même. Aux yeux des autres, le pays s'empêtre dans le désaccord, le chaos et la faiblesse. Cette image publique a d'importantes conséquences géopolitiques. Suite à des élections controversées dont Trump a tenté de remettre en cause la légitimité, beaucoup de gens dans le monde se demandent si la nouvelle administration du président élu Joe Biden sera en mesure de faire sortir les Etats-Unis de leur spirale destructrice. La phase post-électorale actuelle ne pousse pas vraiment les gens à penser que les deux camps politiques en conflit finiront par trouver un terrain d'entente.

En ces temps difficiles de pandémie et de montée des rivalités économiques et géopolitiques, l'Amérique a plus que jamais besoin de ses amis, tout comme ses amis en ont besoin. Sans le rétablissement du leadership mondial des Etats-Unis sous Biden, la Chine sera bien sur le point de devenir la force dominante dans le monde, ce qui n'est pas une perspective réconfortante pour les partenaires et alliés des Etats-Unis en Europe, dans l'Indopacifique et ailleurs.

Le rôle de l'Europe 

Le monde a eu un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler l'hégémonie chinoise ce mois-ci lorsque le régime de Xi a rendu un diktat en 14 points à l'Australie, en exigeant qu'elle "corrige les erreurs" commises dans la relation bilatérale. Après l'appel de l'Australie à une enquête internationale sur les origines du Sars-CoV-2, son exclusion de deux entreprises chinoises (ZTE et Huawei) de son réseau 5G et des informations négatives sur la Chine dans les médias australiens, la Chine a sans aucun remords érigé de nouvelles barrières commerciales entre elle et l'Australie.

Face à un tel comportement, les Européens, en particulier, feraient bien d'être attentifs. Les alliés de l'Amérique vont bientôt se débarrasser de Trump et de sa politique étrangère nationaliste. Mais s'il s'agit tout bonnement de passer du mot d'ordre "America First " à celui de "China First" (de l'Amérique d'abord à la Chine d'abord), alors la situation n'aura pas avancé d'un pouce. Les Européens et les autres mépriseront d'autant plus les hommages et les courbettes sans fin. Il est temps que les Européens se réveillent. C'est notre dernière chance de consolider l'hégémonie "bienveillante" et la promesse de liberté au XXIe siècle.

© Project Syndicate 1995–2020
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