Le Premier ministre haïtien promet de la “transparence” à une population traumatisée par les gangs

(AFP)

Le 3 juillet 2024

Garry Conille affirme ne pas avoir hésité à accepter le poste de Premier ministre. Malgré une situation "extrêmement complexe", notamment en raison de la violence des gangs, il a promis mardi dans un entretien à l'AFP des actes et de la "transparence" à la population, excédée par des décennies d'instabilité.

Ce médecin de formation, ancien directeur régional pour l'Unicef, était cette semaine en visite à Washington. Il s'y est entretenu avec le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken de la force multinationale menée par le Kenya, dont un premier contingent est arrivé le 25 juin en Haïti pour épauler la police face aux bandes armées.

Le tout nouveau gouvernement provisoire haïtien a hérité d'une situation "excessivement difficile", a dit M. Conille, avec une capitale à 80% aux mains des gangs, près de "600.000 déplacés, des infrastructures qui n'existent pratiquement plus, des ministères qui n'ont plus de bureaux, un staff qui est très démobilisé, une police qui a besoin d'être renforcée".

Mais il s'est félicité de l'"entente" ayant permis la formation d'autorités de transition après la démission de l'ex-Premier ministre controversé Ariel Henry: un conseil présidentiel de transition né de tractations ardues, mais qui a fini par nommer un gouvernement chargé de rétablir la sécurité et de mener le pays vers des élections - les dernières remontent à 2016.

- "Responsabilité haïtienne" -

Un deuxième contingent de la mission multinationale devrait arriver "très vite", "dans les prochaines semaines", selon M. Conille, qui n'a pas souhaité en dire davantage sur les effectifs attendus "pour des questions de sécurité".

Mais pour rassurer la population, échaudée par le souvenir d'interventions étrangères passées, il a tenu à affirmer que le rôle de cette force était "d'accompagner la police".

"La responsabilité de rétablir la sécurité est d'abord une responsabilité haïtienne", a insisté Garry Conille, qui a déjà été Premier ministre pendant une courte période en 2011-2012.

La mission "ne remplace pas la police. C'est vraiment un soutien immédiat qui nous donne le temps de renforcer la capacité de la police et de l'armée pour que ces deux institutions puissent effectivement jouer leur rôle", a-t-il expliqué.

"Tout ce qui est prévu et conçu sera conçu et préparé par les autorités haïtiennes", en concertation avec la force multinationale, a-t-il précisé.

Et "nous avons mis en place une +task force+ entre police et armée qui est en train de réfléchir sur des stratégies concrètes pour pouvoir avancer sur les questions de sécurité", a-t-il poursuivi.

- Confiance -

Le Premier ministre a affirmé comprendre que la population soit "impatiente" de voir des progrès sur le terrain.

Mais "il faut mettre en place les instruments qu'il nous faut pour pouvoir avancer de manière prudente, en protégeant évidemment nos officiers, mais de manière résolue et délibérée pour que, dans un temps pas trop lointain, nous puissions d'abord récupérer les territoires que nous avons (perdus) et (...) probablement en même temps, nous assurer qu'on règle de manière définitive le problème des gangs", a-t-il dit.

Et "dans ce genre de situation, la transparence est notre plus grande alliée", a-t-il dit. La population haïtienne, "qui historiquement a perdu confiance dans ses institutions", "nous regarde attentivement", elle veut voir "comment ces différentes interventions vont améliorer ses conditions de vie".

C'est pourquoi "nous allons communiquer de manière régulière. Nous allons lui dire très clairement ce que nous pouvons réaliser. Nous allons partager avec elle aussi quand les expériences n'aboutissent pas", a affirmé M. Conille.

Concernant les élections, qui doivent selon la feuille de route des autorités se tenir avant le 7 février 2026, le Premier ministre a dit qu'elles étaient "la définition même du succès de la transition".

Le conseil présidentiel "travaille activement" sur la nomination des membres du Conseil électoral provisoire, selon M. Conille.

"Nous sommes déjà en train de mettre en place le système et les instruments qu'il faut pour pouvoir avancer rapidement", a-t-il dit.

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Le 3 juillet 2024

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