Dégradation de la note souveraine du Maroc par S&P : La hausse de la prime de risque ne sera pas automatique (analystes)

B.B | Le 5/4/2021 à 14:42

La Maroc a perdu son Investment Grade chez S&P Global Ratings, mais cela intervient dans un contexte général d’abaissement des notations. Cette dégradation ne va pas automatiquement conduire à une hausse de la prime de risque du Maroc lors des prochaines levées sur les marchés internationaux. Sur le marché de la dette émergente, le Maroc affiche des fondamentaux solides et demeure compétitif par rapport à ses comparables.

 

Malgré la perte de l’investment grade S&P, les investisseurs internationaux ne bouderont pas le Maroc pour autant. Les analystes d'une banque d'affaires contactés par LeBoursier nous expliquent que la dégradation de S&P n’est pas propre au Maroc et s'expliquent par des critères techniques établis par l'agence de notation : « S&P a mis en avant dans son communiqué la hausse du taux d’endettement du pays. Même si leurs ratios seuils ne sont pas connus, le taux d’endettement du Maroc a atteint 72% du PIB, donc la note a mécaniquement baissée. Mais il faut rappeler que cela s’inscrit dans une logique globale car tous les pays ont connu une hausse significative de leur taux d’endettement. Il ne s’agit pas du Maroc seul. Tout le monde a été abaissé dans sa notation ». Cette analyse rejoint celle d'une source autorisée contactée dimanche par Médias24 suite à la dégradation de la note du Maroc par l'agence de notation.

Pour notre source, la véritable question est de savoir si le Maroc peut revenir à des taux d’endettement convenables. « Le Maroc dispose des fondamentaux et des leviers pour revenir à des taux d’endettement plus rassurants. Il faut également savoir que cet endettement tient compte d’une récession. Si l’on tient compte d’un rebond économique en 2021, techniquement, le taux d’endettement baissera et cela pourrait justifier un redressement de la notation de S&P à terme » explique la banque d’affaires.

Mais concernant les futures levées de fonds du Maroc sur le marché international, cette seconde perte de l’investment grade sera-t-elle synonyme d’augmentation de la prime de risque ?

La hausse de la prime de risque n'est pas systématique

Pour notre source, le lien n’est pas automatique. D’ailleurs, en décembre 2020, le Maroc avait effectué une sortie record sur le marché des Euros Bonds en levant 3 milliards de dollars, après avoir perdu son investment grade chez Fitch Ratings.

La prime de risque associée y était même inférieure à celle enregistrée lors de la levée de septembre. A l’époque, Attijari Global Research notait : « En dépit de l’abaissement de la notation souveraine du Maroc par Fitch Ratings en octobre 2020, le Royaume a bénéficié de conditions avantageuses par rapport à la devise d’émissionÀ titre indicatif, le spread de la maturité 12 ans s’établit à 200 PBS pour l’Eurobond libellé en dollar, soit 40 PBS en dessous de celui opéré en euro ».

Levées du Maroc à l'international et prime de risque sur la période 2012-2020. Source: Attijari Global Research

La tendance générale de la prime de risque exigée par les investisseurs pour la dette émergente est en légère hausse. Mais pour notre source « elle se situe à des niveaux qui restent inférieurs à ceux observés lors de la première étape de la crise sanitaire où ils atteignaient des niveaux beaucoup plus élevés ».

Le Maroc demeure prisé par rapport à ses comparables

AGR rappelait également la position privilégiée du Maroc par rapport aux autres pays émergents. « Le spread moyen de cette dernière sortie s’établit autour des 240 PBS. Un niveau inférieur à la prime de risque moyenne exigée par les investisseurs à l’égard des pays émergents, soit plus de 330 PBS actuellement » expliquait la société de recherche.

Pour notre source, malgré l’abaissement de la note du Maroc par S&P, le pays demeure sur le marché de la dette souveraine émergente, l’une des valeurs les plus attractives avec une bonne liquidité de marché. « Nous faisons partie des pays qui offrent une solidité financière et continuent de drainer la confiance des investisseurs internationaux » conclut notre source. D'ailleurs, cela s'est vérifie par la sur souscription lors de la dernière levée en date. Cette dernière a connu un franc succès auprès d’investisseurs internationaux dont 478 ont été servis. Le livre d’ordre a dépassé les 13 milliards de dollars et l’émission a été ainsi sursouscrite à plus de 4 fois.

Pour rappel, le 2 avril, l’agence de notation S&P Global Ratings a abaissé ses notations en devises locale et étrangère à long et à court terme pour le Maroc, induisant une perte de l’investment grade. Une décision qui intervient quelques mois après la perte de l’investment grade du Maroc chez Fitch Ratings en octobre 2020.

La dégradation de la note par S&P s'explique notamment par la hausse du déficit budgétaire et la contraction du PIB national sur l’année 2020 du fait de la pandémie mondiale. Il est à rappeler qu’à la fin de l’année dernière, le déficit budgétaire s’est sensiblement creusé pour atteindre les 7,6% du PIB. Le PIB quant à lui s’est contracté de 7% selon les chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP).

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 25/4/2024 à 15:04

    Maroc Telecom : des résultats au 1er trimestre conformes aux prévisions et des menaces persistantes

    Le groupe a affiché une légère hausse de ses revenus et une stagnation de sa profitabilité à fin mars. Ces résultats sont sans surprise. Le groupe, dans le sillage de la Coupe du monde 2030, devra fortement investir dans la 5G qui se fait encore attendre. La menace de l'amende est toujours présente, malgré l'appel de la décision judiciaire dans son litige avec Wana.
  • | Le 25/4/2024 à 10:01

    Maroc Telecom. Hausse des revenus au 1er trimestre, profitabilité stable

    Le groupe affiche une légère hausse de ses revenus à fin mars 2024, poussés par les filiales Moov. La profitabilité globale du groupe reste stable sur la période à 1.528 MDH. Les revenus au Maroc reculent de 1,3%, notamment du fait de la baisse du Mobile.
  • | Le 24/4/2024 à 14:10

    L'or à des niveaux historiques, Managem en profitera

    L'once d'or flirte désormais avec les 2.400 dollars. Du jamais vu. Cette hausse va à contre-courant de la situation macroéconomique actuelle. Factuellement, l'accélération de la hausse du cours ne trouve pas de raison fondamentale, excepté les inquiétudes géopolitiques au Proche-Orient. Managem, dont la moitié des revenus proviennent de l'or, devrait profiter de cette bonne dynamique des prix.
  • | Le 24/4/2024 à 9:03

    Bitcoin : hausse attendue d'ici la fin de l'année grâce au halving

    Historiquement, le halving tire le cours du bitcoin à la hausse. Cependant, cet effet n'est pas instantané. D'ailleurs, le cours du bitcoin n'a que peu évolué depuis le dernier halving en date du 20 avril. L'offre baissera de facto et les prix à moyen terme seront tirés à la hausse si le niveau de demande actuelle demeure soutenue par les ETF.
  • | Le 23/4/2024 à 12:10

    Le groupe Atlantique en passe de prendre un nouveau virage avec l’entrée de CDG Invest dans son capital

    La filiale d’investissement de CDG est entrée dans le tour de table du groupe Atlantique en acquérant 20% du capital. Une opération qui permettra au groupe éducatif d’accélérer sa croissance et son développement. Le président du groupe Atlantique, Rachid M’Rabet, en a dévoilé les contours lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion, le mardi 22 avril.
  • | Le 22/4/2024 à 16:56

    Le MASI euphorique sur certains secteurs comme l'immobilier et le BTP

    Les deux valeurs du secteur BTP, TGCC et Jet Contractors, affichent des progressions respectives en bourse de 70% et 117% en YTD. Les cours bénéficient de l'accueil favorable du marché concernant les résultats 2023, ainsi que de bonnes perspectives de développement dans le cadre de la Coupe du monde 2030 et des grands projets d'infrastructure.