“Manuela”, maire de Madrid depuis 100 jours, n'a rien perdu de son idéalisme

(AFP)

Le 19 septembre 2015

Cent jours après son investiture, la nouvelle maire de Madrid, Manuela Carmena, tête de liste d'une plateforme "d'indignés", n'a rien perdu de son idéalisme et place "l'empathie" au centre de sa politique.

"N'ayez pas peur", lançait récemment Manuela Carmena, une ex-juge de 71 ans et militante communiste dans ses jeunes années, à l'élite économique madrilène, dont le patron du Real Madrid Florentino Perez, lors d'un forum organisé par le journal conservateur ABC.

Après une glaciale séance de questions-réponses, chacun a semblé camper sur ses positions. Les invités en costume-cravate se sont levés comme un seul homme et ont quitté la salle sans serrer la main à la maire, investie le 14 juin par une coalition de gauche.

"Manuela", comme disent ses sympathisants, n'en a cure. A la question d'un invité qui lui demandait si l'on pourrait continuer à jouer au golf dans le grand club de la Casa de Campo, elle répond sans agressivité, lors d'un entretien avec l'AFP, que Madrid, ville de 3,5 millions d'habitants meurtrie par cinq ans de crise et d'austérité, a d'autres priorités. "Il y a des enfants qui ne peuvent pas jouer au golf car ils n'ont pas de quoi manger".

Accusée de naïveté par ses détracteurs, elle se défend et estime avoir prouvé, tout au long de sa carrière "que l'on peut avoir du succès en travaillant sur l'empathie".

Sa stratégie est claire: "Soutenir les secteurs les plus vulnérables pour obtenir un développement harmonieux de Madrid".

Elle tente de convaincre et refuse le conflit y compris avec les médias conservateurs, qu'elle juge agressifs avec elle: "nous ne répondons pas à des insultes avec d'autres insultes".

Pour l'entretien, elle tutoie et n'est pas installée derrière son immense bureau, où les dossiers sont alignés de manière méthodique, mais sur une simple chaise, placée face à son interlocutrice, très proche.

"J'ai été avocate, puis magistrate, j'ai passé ma vie à résoudre des conflits. Je suis habituée à bien connaître l'individu, je suis convaincue que la société est composée d'individus qu'il faut traiter comme les protagonistes. Reconnaître l'autre (...) provoque beaucoup de bonheur", dit-elle, avant de décrire ses voyages matinaux vers la mairie, en métro ou en bus.

"J'ai des gardes du corps discrets. Ce matin, j'ai pris deux bus. (Maintenant) des personnes me saluent avec une certaine complicité. Parfois les gens osent critiquer. Moi je fais l'éloge de la critique", souligne la maire, portant une robe fleurie et un gilet, chaussée de mocassins sans talons.

- Un voisin comme les autres -

"Le maire doit être un voisin de plus, gérant les droits de tous. Rien d'autre", poursuit-elle avant de détailler le coeur de son programme, ce qu'elle appelle "l'économie du soin", consistant tout simplement à "prendre soin de l'autre".

Depuis son arrivée, cela s'est traduit par l'ouverture d'un bureau de médiation pour éviter les expulsions de logements de particuliers sur-endettés, ou encore "une révision de la culture des fonctionnaires, pour que les réponses fournies ne soient pas bureaucratiques et froides".

"Il faut appeler les gens, et leur dire: +qui es-tu ? Raconte+".

La mairie a lancé un grand projet de démocratie directe, par le biais d'un site où des pétitions pourront être lançées.

"L'économie du soin c'est aussi identifier ces professions sans lesquelles notre société n'aurait pas le même dynamisme, comme la nounou qui prend soin du bébé d'une cadre bancaire".

- Oslo en modèle -

Tout cela pour parvenir à sa ville rêvée: "Vivante et plus égale". "Il y aura plus de fleurs (...) plus de projets culturels, des marchés qui viendront directement de la campagne, un projet éducatif et pas seulement des écoles comme on les connait, des écoles nouvelles, où l'on commence à se dire que les enfants n'ont pas à être enfermés dans une salle de classe".

"Une ville avec de la nouveauté, des couleurs, du mouvement, de la surprise", dit-elle en assurant qu'elle s'inspire notamment d'Oslo, la capitale norvégienne.

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Le 19 septembre 2015

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