LF 2024 : la CGEM sur sa faim au sujet de la TVA et inquiète face à la montée de l’informel structuré

| Le 15/12/2023 à 16:38
Le patronat est revenu sur ses impressions concernant la LF 2024, lors d’un point de presse ce vendredi 15 décembre. Alors que la CGEM s’était réjouie l’an dernier des avancées sur l’IS, elle juge insuffisante la réforme de la TVA annoncée dans la loi de finances, et donnant peu de visibilité. L’organisation exprime également son inquiétude face à la progression de l’informel structuré, qui envoie un mauvais signal.

La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a reçu la presse ce vendredi 15 décembre à son siège de Casablanca, dans le cadre d’une conférence sur la loi de finances 2024 (LF 2024).

Le patronat a partagé certaines inquiétudes vis-à-vis de la LF 2024 et de ses impacts sur le monde des affaires et des entreprises. Il a notamment tiré la sonnette d’alarme sur la matérialisation des réformes, et est revenu sur celle de la TVA. Il a également abordé l’importance croissante de l’économie informelle et le malaise qu’elle traduit.

Une réforme de la TVA jugée pas assez franche

Cette réforme d’envergure, attendue depuis longtemps, est obligatoire puisqu’elle est inscrite dans le calendrier de cinq ans fixé par la loi-cadre n° 69-19 portant réforme de la fiscalité, entrée en vigueur en juillet 2021. Une loi qui consacre le principe de la neutralité fiscale en matière de taxe sur la valeur ajoutée. En somme, la TVA est un impôt sur la consommation qui doit être payé par les consommateurs. L’entreprise, elle, ne fait que collecter cet impôt pour le compte de l’État et ne doit pas en subir le coût.

Une réforme très complexe qui aboutira en 2026 et qui, dans cette LF 2024, laisse le patronat sur sa faim. "Sur la réforme de la TVA, nous considérons que le principe général de neutralité n’a été que légèrement touché dans cette loi de finances, contrairement à la réforme de l’IS l’année précédente. Les réformes sont moins franches que ce qui a été fait sur l’IS", a déclaré Mehdi Tazi, vice-président de la CGEM, lors de la conférence.

Le chantier de la TVA n'est pas achevé. Tel que recommandé par les dernières Assises de la fiscalité et revendiqué par le patronat, la TVA passera de cinq taux actuellement (0%, 7%, 10%, 14% et 20%) à trois taux (0%, 10% et 20%). La réforme se poursuivra l’an prochain.

L’inquiétude du patronat face à la progression de l’informel structuré

Le patronat s’est également épanché sur la nécessité d’élargir l’assiette fiscale et d’agir pour réduire l’importance du secteur informel dans l’économie. Le président de la CGEM, Chakib Alj, a réagi à la progression du secteur informel dans l’économie. Un constat qui laisse transparaître, selon lui, un malaise quant à la pression fiscale appliquée.

"L’informel va devoir être atténué. Il se développe actuellement, et c’est cela qui nous inquiète. Nous parlons ici d’un informel structuré. La pression fiscale est toujours orientée sur les entreprises performantes : 2% paient 80% de l’impôt. Il y a quelque chose qui ne va pas. Pour financer tous les projets de l’État, il va falloir élargir l’assiette fiscale et intégrer l’informel. Nous n’allons pas les forcer, il faut qu’ils aient un intérêt économique et social à intégrer le formel", a souligné Chakib Alj.

Il précise d’ailleurs que certaines mesures de la LF 2024 auront probablement un effet catalyseur sur certains secteurs déjà largement imprégnés par les activités informelles. "Les droits de douane sur les téléphones sont passés de 2,5% à 30%. Sachant que 40% des téléphones sont vendus dans le secteur informel, il est certain que la pratique se développera. Nous avons passé un amendement et sommes passés à 17,5% au lieu de 30%. Mais nous aurions aimé conserver le taux initial", confie le président de la CGEM.

Le patronat tient à rappeler que le cœur du problème demeure l’informel structuré, à savoir les entreprises organisées qui ont des salariés et une activité non déclarée, leur permettant de se soustraire totalement à l’impôt. "L’informel structuré est le réel problème. Il est dans cette situation pour ne pas payer de taxe, et concurrence des emplois formels et des entreprises qui paient des taxes", abonde Mehdi Tazi.

De là naissent l'injustice et le besoin de mettre de l’ordre dans les pratiques. "À la fin, si ce n’est pas légal, ce n’est pas légal. Il faut arrêter les gens qui ne respectent pas cela, car c’est une énorme injustice. Nous comprenons qu’il y ait besoin d’argent pour financer les projets de développement. C’est plus facile d’aller chercher les ressources chez celui qui a pignon sur rue que chez celui que l’on ne connaît pas", conclut-il.

PLF 2024. Voici les amendements proposés par la CGEM à la Chambre des conseillers

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 10/5/2024 à 14:21

    Groupe Mfadel et Red Med Real Estate lancent un projet à Anfa pour un investissement de 900 MDH

    Suite à un partenariat stratégique en 2023, les deux groupes ont lancé leur nouveau projet "Sohaus" à Anfa. 300 appartements de très haut standing y seront construits avec des prix allant de 2 MDH à près de 10 MDH. A cette occasion, les dirigeants des deux groupes partenaires ont évoqué les ressorts de ce partenariat et confirmé que d’autres projets sont déjà dans le pipe.
  • | Le 9/5/2024 à 15:35

    OPCVM : les investisseurs prennent plus de risques et passent du monétaire à l’OMLT

    A fin mars, les encours OPCVM monétaires et obligataires court terme reculaient de 5,5% et 12,2% respectivement. Les investisseurs opèrent des rachats pour miser sur l’OMLT, plus risqué. Les exigences des investisseurs baissent du fait d’un déséquilibre offre/demande. Le Trésor est très confortable dans le renouvellement de sa dette.
  • | Le 7/5/2024 à 16:12

    Souss-Massa : pour plus d’export et d’investissement, les industriels sont impatients d’avoir le port sec

    Lors de sa tournée des régions dans le Souss-Massa, Médias24 est allé à la rencontre de plusieurs investisseurs et représentants des entreprises privées pour établir l’état de la situation économique, les enjeux et les ambitions de la région. Le port sec est attendu de pied ferme par les investisseurs privés qui voient en lui une opportunité unique pour la région et son dynamisme.
  • | Le 6/5/2024 à 15:48

    Auto Hall : légère croissance du marché attendue cette année, bonne perspective sur les VUL

    En 2023, le groupe détenait 39,2% de part de marché sur le segment des véhicules utilitaires légers (VUL). Les ventes en volume de ce segment sont en forte hausse à fin avril. Le groupe devrait tirer profit de cette croissance. Le léger recul des taux débiteurs à la consommation au T4-23 et le portefeuille diversifié du groupe devraient lui assurer une bonne résilience. Auto Hall peut aussi compter sur le marché de l’occasion en croissance.
  • | Le 6/5/2024 à 15:04

    Mutandis : chiffre d’affaires stable à fin mars

    Le segment produit de la mer a connu une contre-performance du fait d’une forte baisse des volumes dans un contexte de manque de stock. Les revenus du segment boissons ont en revanche fortement progressé du fait de la bonne performance de l’eau minérale et des jus de fruits. La dette bancaire recule légèrement de 2,45% par rapport à fin décembre 2023.
  • | Le 3/5/2024 à 16:28

    BTP : une bonne tenue du secteur attendue cette année

    Anticipée comme bonne par les professionnels du BTP, l’année 2024 devrait confirmer un bon trend dans les mois à venir. Au premier trimestre déjà, l’encours des crédits bancaires au secteur du BTP bondissait de 16% à 96,6 MMDH. Les ventes de ciment à fin avril, elles, progressaient de 3,5% par rapport à l’année précédente.