Les enjeux des congrès nationaux des trois partis de la coalition gouvernementale

Entre février et avril, les trois partis de la coalition gouvernementale tiendront leurs congrès respectifs. Le point sur les situations générales et individuelles du schéma politique de la majorité.

Les enjeux des congrès nationaux des trois partis de la coalition gouvernementale

Le 31 janvier 2024 à 11h13

Modifié 31 janvier 2024 à 13h05

Entre février et avril, les trois partis de la coalition gouvernementale tiendront leurs congrès respectifs. Le point sur les situations générales et individuelles du schéma politique de la majorité.

À mi-mandat, les trois partis de la coalition gouvernementale tiendront leurs congrès respectifs entre février et avril. Si dans certains partis tout semble se dérouler pour le mieux, d’autres font face à des problématiques qui remettent en question la légitimité de leurs dirigeants. Ces circonstances interviennent dans un contexte sur lequel pèse, de façon générale, la nécessité d’anticiper les prochaines élections et de lancer des campagnes en amont, à l’instar du RNI en 2017.

Contacté par Médias24, le chercheur David Goeury en explique les enjeux.

"Le RNI ne peut pas se permettre d’avoir des problèmes internes"

"Les congrès des partis sont l’occasion de réunir, et surtout de mobiliser, leurs forces vives. C’est donc un moment très important au cours duquel ont lieu de nombreuses négociations et où le futur chef du parti prend de nombreux engagements. Les partis vont poser les premières infrastructures de la campagne à venir pour les élections de 2026. Il faut rappeler que la figure désignée en tant que chef dont le parti arrivera en tête aux élections de 2026 pourra, potentiellement, accéder à la primature et aura ainsi la charge d’organiser une coalition pour gouverner. Le parti se doit donc d’anticiper pour disposer d’un leader à même d’avoir la crédibilité de faire campagne et d’être reconnu comme un interlocuteur de premier plan par les autres partis", explique David Goeury.

Au sein du RNI, aucun débat interne ne semble faire l’objet d’une problématique, ni en profiler une à l’horizon. Le parti de la Colombe tiendra son 8e Congrès national ordinaire le 17 février 2024. Et en interne, tout semble se porter au mieux.

"Parce qu’il occupe la primature, le RNI est exposé. Il ne peut se permettre d’étaler publiquement des problèmes internes. Le moindre souci pourrait fragiliser toute la coalition", souligne David Goeury. "Le RNI doit son succès électoral de 2021 à une très forte mobilisation des équipes dirigeantes sous l’autorité d’Aziz Akhannouch dès 2017. Il s’est lancé très tôt dans la campagne, lors des législatives partielles, pour effacer son échec de 2016 où il avait connu un important effondrement électoral. Aziz Akhannouch a restructuré le RNI. Il a fait campagne de façon très précoce et a tenu le parti comme un patron, en montrant qu’il possédait des ressources, une équipe permanente et une forte capacité à organiser une coalition à l’horizon 2021", rappelle encore le chercheur.

"C’est justement en raison de la très forte ascension du RNI que le PAM et l’Istiqlal se sont remobilisés. En 2021, les partis n’imaginaient pas que le PJD s’effondrerait en perdant autant d’électeurs et décevrait à ce point sa base. En voyant la machine électorale du RNI se mettre en place dès le mois de janvier, le PAM et l’Istiqlal ont réagi en organisant eux aussi une campagne électorale précoce. Ils ont utilisé leurs réseaux et se sont organisés, alors qu’ils sortaient tous deux de situations difficiles", poursuit David Goeury. "L’arrivée de Nizar Baraka à la tête de l’Istiqlal ne fut pas une mince affaire après les années Chabat."

"Pareil pour le PAM qui a dû se réinventer après une période de vide suite au retrait d’Ilyas El Omari. Aujourd’hui, Ouahbi gère une situation complexe ; le parti est très fortement attaqué sur les réseaux sociaux."

Selon les informations recueillies par Médias24 et précédemment publiées sur notre site, Abdellatif Ouahbi ne se représentera pas lors du 5e congrès du parti du Tracteur, prévu les 9, 10 et 11 février prochains. En effet, plusieurs sources fiables révèlent que la base du parti tient le secrétaire général sortant pour responsable, politiquement parlant, de l’affaire impliquant deux cadres du parti et qu’il ne pourra donc pas se porter candidat pour un deuxième mandat. Selon eux, si Fatima Ezzahra El Mansouri persiste à ne pas se présenter, c’est Mehdi Bensaïd qui devra s’en charger.

Concernant le leadership du Parti de l’Istiqlal, Médias24 a appris de source sûre qu’il n’y aura pas de duel entre le maire de Laâyoune, Hamdi Ould Rachid, et le secrétaire général sortant, Nizar Baraka, qui sera ainsi le seul candidat. Les instances dirigeantes seront renouvelées en avril prochain, lors du 18e congrès ordinaire.

Sur le terrain, regagner l’urbain et les équilibres territoriaux

Par ailleurs, dans le cadre d’une analyse plus large des grandes tendances relatives aux logiques électorales, David Goeury nous apporte les éléments suivants : "Les trois partis de la majorité ont étendu leurs assises électorales pendant la campagne de 2021. Ils ont su élargir leurs réseaux, mais ces derniers se sont majoritairement constitués dans les provinces à forte dominante rurale, tout particulièrement dans les communes rurales où la mobilisation des électeurs a été très importante. En revanche, les élections de 2021 ont été marquées par un effondrement de la participation électorale dans les grandes villes comme Casablanca, mais aussi dans des chefs lieux de province comme Taroudant − une baisse de 29% du nombre de suffrages exprimés pour un parti entre 2015 et 2021 −, alors que la ville est le fief du chef du PAM, Abdellatif Ouahbi."

"Lorsque l’on compare les résultats des élections de 2021 avec ceux des communales de 2015, on remarque une baisse de la participation dans les grandes villes de près de 30%. Les électeurs urbains se détournent des partis, déçus que ces formations ne répondent pas à ce qu’ils considèrent comme des problématiques urgentes : le travail, l’éducation et la santé. Cette situation s’est encore dégradée avec les taux de chômage records de l’année 2023 et la crise profonde de l’Education nationale", poursuit le chercheur.

"Les chefs des partis politiques se retrouvent dans une situation où ils doivent non seulement défendre une ligne partisane avec des objectifs prioritaires, mais surtout défendre des équilibres territoriaux entre des notables très ancrés dans les territoires."

"La victoire électorale est portée par les relais territoriaux du parti. Et la campagne électorale, lorsqu’elle est menée dans les provinces, se fait par des relais qui sont des notabilités, donc des grands entrepreneurs et des familles historiques qui ont établi des relations de patronage dans le temps avec tout un ensemble de personnes relais à même de mener campagne en leur nom. Il y a donc un enjeu majeur : celui des investitures, que le chef du parti désigné devra gérer", souligne encore notre interlocuteur.

"Plusieurs membres du parti vont défendre le fait qu’ils veulent être tête de liste dans des circonscriptions provinciales en 2026. Le chef du parti doit procéder à des arbitrages complexes. Et c’est cette question interne qui mène à des tractations très ardues et à des accords souvent obtenus dans un contexte très tendu, pour faire émerger un chef de parti qui sera à même d’organiser des arbitrages entre les candidats et les candidates", conclut David Goeury.

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