Affaire des tickets du Mondial : “Si les témoins avaient été entendus en 1re instance, nous n’en serions pas là” (Me Benmalek)

Voici ce qu’ont dit les quatre témoins, les avocats de la défense et Mohamed El Hidaoui durant cette audience du 30 octobre. La prochaine, dédiée aux plaidoiries, a été fixée au 13 novembre.

Affaire des tickets du Mondial : “Si les témoins avaient été entendus en 1re instance, nous n’en serions pas là” (Me Benmalek)

Le 31 octobre 2023 à 18h31

Modifié 31 octobre 2023 à 18h31

Voici ce qu’ont dit les quatre témoins, les avocats de la défense et Mohamed El Hidaoui durant cette audience du 30 octobre. La prochaine, dédiée aux plaidoiries, a été fixée au 13 novembre.

Aux environs de 16h00, ce lundi 30 octobre, la salle 9 de la Cour d’appel de Casablanca a accueilli la suite du procès de Mohamed El Hidaoui et Adil El Omari. Lors de cette nouvelle audience, quatre personnes sont venues témoigner. La prochaine, fixée au 13 novembre, sera dédiée aux plaidoiries.

Retour sur cette audience de près de deux heures qui a tourné autour de Mohamed El Hidaoui, condamné en premier ressort à dix-huit mois de prison ferme. Adil El Omari, qui n’aura pas prononcé un mot durant cette audience du 30 octobre, est en état de liberté provisoire, après sa condamnation en première instance à dix mois de prison ferme.

“J’ai demandé à El Hidaoui de me trouver des tickets, peu importe leur prix, j’étais prête à payer”

16h23. Début de l’audience. Le président s’installe avec ses conseillers et appelle aussitôt les deux accusés. Mohamed El Hidaoui s’avance du côté des accusés en détention et Adil El Omari du côté des hommes en liberté. Tous deux restent debout face aux juges. Adil El Omari n’hésite pas à saluer El Hidaoui et lui tape amicalement sur le dos. Le président de l’Olympique Club de Safi (OCS) reste de marbre.

Le président appelle les témoins à se présenter à la barre. Ils remettent tous au greffier leur carte d’identité. Seule Faïza est invitée à rester. Les autres doivent quitter la salle 9.

Après lui avoir indiqué la sanction prévue dans le code pénal pour faux témoignage, le président s’adresse à Faïza : “Connais-tu El Hidaoui ?”. Elle répond par l’affirmative.

- “Sais-tu pourquoi tu es ici ?”, lui demande-t-il.
- “Pour l’affaire des tickets.”
- “Du Mondial !”, précise le président.

À la demande de celui-ci, Faïza, médecin de profession, explique n’avoir connu Mohamed El Hidaoui que dans les circonstances du Mondial 2022. “J’avais un ticket mais mes trois amis qui arrivaient dans le vol suivant n’en avaient pas. J’ai appelé El Hidaoui pour leur en trouver”.

En fait, pour assister au match de la demi-finale, Faïza comptait initialement se rendre au Qatar avec sa sœur Ghita et son beau-frère Younes. C’est ce dernier qui a contacté Mohamed El Hidaoui, qu’il connaissait et qui était déjà sur place, pour savoir s’il avait des tickets. Les deux hommes ont convenu d’en trouver à leur arrivée.

Or, le vol de Younes et de son épouse Ghita a été annulé. Seule Faïza a pu se rendre à Doha en attendant l’arrivée de trois de ses amis. Mais ceux-ci n’avaient pas de tickets. Elle indique alors avoir fait “tout son possible” pour leur en trouver. “J’étais prête à payer n’importe quel prix”, déclare-t-elle à la Cour.

Faïza explique avoir fait de son mieux pour trouver des tickets de son côté, sur Facebook notamment, mais aussi en appelant plusieurs connaissances. Elle a également demandé l’aide de son beau-frère. C’est donc lui qui lui a fourni le contact de Mohamed El Hidaoui.

Elle rencontre le président de l’OCS dans un café à Doha. “J’y suis allée et j’ai beaucoup attendu. Il (Mohamed El Hidaoui, ndlr) m’a dit que ça allait être très difficile d’en trouver, mais qu’il allait faire de son mieux. À un moment, j’ai perdu espoir”, déclare-t-elle.

Interrogé par le président sur le prix que Mohamed El Hidaoui indique pour chaque ticket, Faïza déclare ne plus se rappeler s’il s’agissait de 700 ou 800 euros. En tous cas, elle affirme avoir tenté de lui remettre “une enveloppe contenant 2.000 euros. C’est tout ce que j’avais !”, précise-t-elle.

- “Comment allais-tu faire pour rentrer alors ?”, demande le président.
-“J’avais mes amis avec moi”, explique Faïza.

Elle poursuit en indiquant qu’en remettant l’enveloppe des 2.000 euros à El Hidaoui, celui-ci a refusé de prendre l’argent. “Il m’a dit de garder mon argent… jusqu’au Maroc”.

Le président enchaîne sur d’autres éléments que Faïza a déclarés à la police judiciaire lors de son interrogatoire. “Tu as déclaré que lors de ta rencontre avec El Hidaoui, celui-ci a passé un appel téléphonique et a mis le haut-parleur, tu t’en rappelles ?.” - “Je ne me souviens plus”, déclare Faïza.

Le président lui demande alors s’il est vrai que Mohamed El Hidaoui lui a montré un virement qu’il a réalisé (sur son téléphone, ndlr). “Oui”, affirme la témoin.

- “Pour quelle raison a-t-il montré ce virement ?”, interroge le président.
- “Pour m’expliquer son retard”.
- “Un virement peut prendre deux minutes. Quel est le rapport entre le retard et le virement ?”, demande le président, interrompu par Me Mohamed Benmalek, avocat de Mohamed El Hidaoui. L’avocat demande à prendre la parole car il estime que “la témoin a répondu mais que la Cour lui pose à nouveau la même question”.

Un échange s’ensuit entre le président et l’avocat de la défense. Ensuite, celui-ci commence à poser ses questions : a-t-elle chargé El Hidaoui de lui trouver les tickets et de les acheter pour elle, ou bien a-t-elle demandé qu’il les trouve pour les lui vendre ?

“Je lui ai dit de me trouver des tickets, peu importe le prix, j’étais prête à le payer. Je le remercie toujours d’ailleurs, à ce jour. Sans lui, mes amis n’auraient pas pu avoir des tickets. Nous lui sommes reconnaissants à ce jour”, insiste-t-elle.

C’est au tour d’un autre avocat de la défense d’intervenir. Il s’adresse à Mohamed El Hidaoui pour savoir “s’il avait de l’argent sur lui ou pas ?”. Le président de l’OCS explique : “Je n’avais plus d’espèces. J’ai trouvé des tickets gratuits que j’ai reçus dans une enveloppe et je les ai remis dans cette même enveloppe (à Faïza, ndlr)”.

Le président revient à nouveau sur le fameux virement qu’El Hidaoui a montré à Faïza. Celle-ci indique qu’El Hidaoui “n’a pas clairement dit que le virement était en lien avec mes tickets”.

Faïza précise également s’être rendue, par bus, à un endroit où les tickets gratuits étaient distribués “par des Marocains”. Elle indique avoir attendu “5 ou 6 heures” dans des conditions “horribles”. Interrogée sur les conditions d’obtention de ces tickets gratuits, elle explique qu’il “fallait prouver que l’on venait d’arriver (à Doha, ndlr) avec le cachet d’entrée sur le passeport qui devait dater du jour même”.

Me Khaled Fakerni, avocat de Adil El Omari, lui demande alors si “n’importe qui aurait pu se procurer des tickets”. “Impossible”, répond-t-elle avec certitude.

17h13. Les questions du procureur général du Roi n’auront duré que quelques minutes. Me Benmalek coupe court à la situation en soulignant que la témoin “a déjà parlé du virement”.

“El Hidaoui n’est pas le genre à revendre des tickets”

17h17. Le président appelle alors Ghita à la barre. Elle prend place non loin des accusés et se retourne pour saluer Mohamed El Hidaoui. Les relations semblent cordiales.

Informée par le président sur la sanction du faux témoignage, Ghita lève sa main droite et jure de ne dire “que la vérité”. Avant de commencer à l’interroger, le président invite sa sœur à s’asseoir. Idem pour les deux accusés.

Elle explique sa version des faits en assurant que lorsqu’elle prévoyait de voyager à Doha avec sa soeur et son époux, c’est ce dernier qui échangeait avec El Hidaoui. “Notre vol a été annulé, mais avant, il nous avait dit de prendre les billets d’avion et qu’on se débrouillera ensemble pour trouver les tickets pour le match”.

- “Avait-il dit que les tickets étaient disponibles ?”
- “Je ne saurais vous dire”, répond-t-elle, hésitante, avant de préciser que Mohamed El Hidaoui avait informé son mari que “les tickets gratuits n’étaient plus disponibles”.

“Le contenu du rapport (de la police judiciaire, ndlr) a été tiré de ma conversation (sur WhatsApp, ndlr). Je ne m’en rappelle plus”, poursuit-elle avant d’expliquer, à son tour, que l’aide de Mohamed El Hidaoui a été précieuse pour sa sœur. “Elle le remercie encore aujourd’hui. Elle a vu des gens qui sont restés à l’extérieur du stade et qui n’ont pas pu assister (au match, ndlr)”.

Pour elle, Mohamed El Hidaoui “n’est pas le genre à revendre des tickets. Je l’ai vu pendant la campagne électorale et au vu de l’argent qu’il donnait aux nécessiteux, je ne vois pas ce qu’il aurait fait avec 7.500 DH”.

17h29. Younes, troisième témoin et lien entre El Hidaoui et Faïza, est appelé à la barre.

Le président lui demande de prêter serment et d’expliquer son rôle dans cette affaire. Une explication inaudible en raison du ton que prend le témoin. Trop faible, malgré le micro en marche.

On peut néanmoins l’entendre expliquer qu’“au début, les tickets gratuits étaient disponibles, selon Mohamed El Hidaoui. Ensuite, il a dit qu’ils ne l’étaient plus et que nous allions les acheter”. Lorsque le président lui demande pourquoi ils n’étaient plus disponibles, le témoin indique ne pas savoir.

17h42. Ilyas, le quatrième et dernier témoin, entre dans la salle. Il avance difficilement avec une attelle sur sa cheville droite et une béquille. On lui fournit donc une chaise face aux magistrats.

Ilyas est un ami de Mohamed El Hidaoui. Il indique également être adhérent de l’OCS dont l’accusé est président. Selon ses dires, sous serment, il était présent avec El Hidaoui “depuis le début”, affirme-t-il en référence au premier match de l’équipe nationale à Doha. C’est également ce qu’il avait indiqué à la police judiciaire.

“J’étais avec lui dans l’appartement. Je suis témoin devant Dieu qu’il n’a jamais vendu (de tickets, ndlr). Il aidait les gens mais ne leur a jamais rien vendu”, explique le quatrième témoin.

N’ayant pas pu repartir à Doha pour la demi-finale, Ilyas a été contacté par El Hidaoui. “Je recevais quatre tickets gratuits pour chaque match. Il m’a appelé et m’a demandé si j’avais pris ceux de ce match-là. Je lui ai dit que non et qu’il pouvait les prendre. Après, il m’a informé qu’il les avait donnés à Faïza car il cherchait à en acheter pour elle mais qu’il n’en avait pas trouvé”.

“Si les témoins avaient été entendus en première instance, nous n’en serions pas là”

17h49. Le président consulte discrètement ses deux conseillers. La famille d’El Hidaoui en profite pour demander l’autorisation de lui fournir de l’eau ainsi qu’à Adil El Omari, qui n’a pas prononcé un seul mot depuis le début de l’audience.

Le président annonce le report au 13 novembre pour “le début des plaidoiries”. Mais Me Benmalek demande à s’entretenir avec les sages. Après quelques échanges inaudibles pour l’assistance, Me Benmalek est invité à prendre la parole. Il plaide pour la libération provisoire de son client, que ses enfants, présents dans la salle, “ont hâte d’enlacer”.

Il argumente en expliquant que ces témoins − “s’ils avaient été entendus en première instance, nous n’en serions pas là”, souligne-t-il au passage − montrent que Mohamed El Hidaoui “ne vendait pas de tickets et qu’il est connu pour ses valeurs”.

“La personne considérée par les magistrats de première instance comme victime d’une tentative d’escroquerie est aujourd’hui un témoin qui déclare qu’El Hidaoui n’est pas le genre à escroquer (…). Ces déclarations suffisent pour comprendre que cet homme a été jugé injustement et que la Cour peut mettre fin à cette injustice”, poursuit l’avocat, qui assure que les garanties de présence sont assurées et que son client s’engage à assister à chaque audience. Il demande donc sa libération, “même sous caution”.

18h06. Le président a fixé le 1er novembre pour trancher sur cette demande de libération provisoire. La famille d’El Hidaoui court vers lui. Ils cherchent tous à l’enlacer, y compris ses enfants. Adil El Omari quitte la salle, en souriant, accompagné de son confrère et ami Mohamed Beloudi.

LIRE AUSSI 

Affaire des tickets du Mondial : voici les faits incriminés par les juges

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

Upline Capital Management: Note D'information SICAV “GENERATION PERFORMANCE”

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.