A l’image du média Tourmag, spécialisé dans les actualités touristiques francophones et internationales, d’autres médias spécialisés n’hésitent pas à évoquer l’éventualité d’une crise majeure du tourisme et d’importants dommages collatéraux qui, d’ailleurs, ont déjà commencé à se faire sentir dans plusieurs destinations touristiques comme le Maroc. Faut-il s’en inquiéter ?

"Les hôteliers font face à un ralentissement de leur activité"

Tout en excluant le terme de crise qui, selon eux, ne serait pas encore d’actualité, plusieurs opérateurs sollicités par Médias24 ont constaté un très net ralentissement des réservations depuis le 19 octobre, qui correspond à la période de la haute saison des vacances scolaires en Europe.

"Après la grande manifestation en faveur de la cause palestinienne qui a eu lieu à Rabat et qui a été fortement médiatisée en Europe, il y a eu beaucoup d’annulations de séjour de la part de nos marchés traditionnels, qui nous ont fait part de leur crainte d’être pris à partie par la population marocaine − à tort bien entendu", révèle un grand hôtelier, qui n’exclut pas une désaffection croissante en novembre et décembre.

Selon lui, il n'y a aucun risque en réalité car si les Marocains sont très sensibles à la cause et aux droits palestiniens, ils ne sont pas violents ni extrémistes.

"Plus aucune connexion aérienne avec Israël"

Selon lui, le nombre de réservations a beaucoup baissé par rapport à la même période de l’année dernière. L’ensemble des événements (les mariages notamment) organisés par la clientèle israélienne ont été annulés sans date de report.

La conséquence de la désaffection de ce marché émergeant, qui connaissait une croissance quasi-exponentielle, a entraîné l’annulation des 17 vols hebdomadaires directs vers Marrakech de la compagnie El Al, et des 13 vols de Arikia, sans compter ceux de Royal Air Maroc entre Casablanca et Tel-Aviv.

Il faut cependant rappeler que ce marché n’est pas vital pour l’industrie du tourisme ; lors des deux guerres du Golfe, des événements tragiques du 11 septembre 2001 et des attentats de l’organisation terroriste "Daech" perpétrés en Europe, le Maroc a été le pays arabe qui a le moins souffert de la désaffection européenne.

 "Un palais des congrès est nécessaire pour remédier à la baisse des arrivées étrangères"

"Après le succès des Assemblées générales du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, il faut accélérer la construction d’un palais des congrès à Marrakech, qui nous permettra d’être moins dépendants de cette tragédie au Proche-Orient, qui entraîne la désaffection de nos marchés émetteurs. Le Maroc a en effet démontré qu’il est capable d’organiser chaque année des dizaines d’événements de type M.I.C.E. (Meetings, Incentive, Conferences, Exhibitions) qui profiteront à l’ensemble du secteur et sauveront une bonne fois pour toutes la destination", recommande un grand hôtelier de la ville ocre. Selon lui, le tourisme d’affaires pourrait représenter une alternative à une éventuelle désaffection des touristes étrangers de séjour et remplir les hôtels pendant toute l’année.

"Les semaines prochaines montreront si le chiffre des 14 millions d’arrivées pourra être atteint"

Préférant temporiser, une source officielle exclut une nouvelle crise sévère du tourisme au Maroc, qui s’est toujours montré résilient par rapport à d’autres pays comme l’Egypte ou la Tunisie.

"Selon l’Organisation mondiale du tourisme, il faut au moins trois mois de baisse des arrivées pour parler de véritable crise, et il est peu probable que l’offensive israélienne dure aussi longtemps", conclut notre source. Elle reconnaît cependant que les semaines prochaines seront décisives : elle nous diront si le chiffre des 14 millions d’arrivées prévu pour 2023 pourra être atteint.