Consultés par Médias24, les trois rapports livrent chacun un aperçu général sur l’état de ces trois sites historiques nécessitant "une auscultation détaillée et minutieuse". En effet, les rapports en question ne présentent pas un état exhaustif des dégâts engendrés par le séisme. "Il s’agit plutôt d’un aperçu général, d’une épingle qui découle d’une visite d’une journée", nous explique Amine Kabbaj.

Un état des lieux préliminaire

A l’issue de la visite des lieux, l’architecte préconise avant tout de "sécuriser les zones touchées". "Le fait de s’y trouver est dangereux en soi ; il faut attendre que le sol se stabilise avant de réaliser un état des lieux approfondi, deux à trois mois après le séisme, puis d’étudier chaque fissure, une à une, pour évaluer le besoin de restauration et les étapes à suivre", poursuit notre interlocuteur.

Il faut également "joindre l’expertise d’historiens, d’archéologues, d’architectes et d’ingénieurs afin d’assurer les lieux et d’étayer les zones qui doivent l’être pour éviter toute dégradation, prendre les photos nécessaires et établir un programme précis des restaurations des bâtiments".

Nous allons dans un premier temps nous intéresser au cas de la mosquée de Tinmel, dont les dégâts sont les plus visibles et les plus importants. Sollicitée dans un précédent article, la conservatrice de cette mosquée, Nadia El Bourakkadi, nous avait fait savoir que le chantier de restauration était "dans sa phase finale" avant le tremblement de terre.

Dans ce sens, et sur la base d’une visite des lieux, les experts suggèrent d’établir "un programme précis de restauration de ce qu’il reste à restaurer et envisager une éventuelle reconstruction", peut-on lire sur la fiche relative à l’état de la mosquée.

Tinmel, détruite à plus de 75 %

La visite de la mosquée de Tinmel, située à une dizaine de kilomètres de l’épicentre, a été effectuée le 16 septembre 2023, une semaine après le séisme. Le rapport estime que ce bijou architectural de la dynastie almohade a été détruit à plus de 75%.

Dans le détail, à l’est de la mosquée, "les gabions ont tenu le choc et ont permis à ce que la plateforme sur laquelle est posé l’édifice ne glisse pas, ce qui aurait causé des dommages encore plus importants". Les gabions sont une sorte de casier faits à base de cailloux et de fer, utilisé dans la construction de murs de soulèvement.

Les façades de la mosquée, quant à elles, ont été très touchées. La façade ouest "est entièrement tombée alors qu’elle était adossée au terrain naturel sur plus d’un mètre". Les portes en bois de la mosquée ont permis d’amortir les dégâts sismiques au niveau des façades sud et nord qui sont encore debout, mais affichent des dégradations importantes, fait-on savoir.

Le minaret, dont la façade a été également très touchée, lit-on, "a pu soutenir le choc mais il est en complète déliquescence". Il faudra le sécuriser, recommandent les experts qui se sont rendus sur place, "et espérer que le mihrab restera intact avec un minimum de dégâts".

Ce dernier "est caché par les décombres de la Quobba qui est tombée et nécessite un déblayage minutieux pour éviter d’autres effondrements", précise-t-on. Enfin, les échafaudages sont "complétement tordus par les effondrements".