Yassine Tazi : “Fès-Meknès est résolument engagée dans la redynamisation de son tissu industriel”

Interview. Projets structurants, mesures incitatives, accompagnement, secteurs prioritaires... Le DG du CRI Fès-Meknès explique comment sa région s’est inscrite dans un processus de redynamisation industrielle qui devra améliorer son attractivité et sa compétitivité territoriale.

Yassine Tazi : “Fès-Meknès est résolument engagée dans la redynamisation de son tissu industriel”

Le 29 mai 2023 à 14h28

Modifié 29 mai 2023 à 14h28

Interview. Projets structurants, mesures incitatives, accompagnement, secteurs prioritaires... Le DG du CRI Fès-Meknès explique comment sa région s’est inscrite dans un processus de redynamisation industrielle qui devra améliorer son attractivité et sa compétitivité territoriale.

Dans cette interview avec Médias24, le directeur général du Centre régional de l’investissement (CRI) Fès-Meknès, Yassine Tazi, revient sur les efforts de la région pour attirer les investisseurs et confirmer sa vocation industrielle et technologique.

Il détaille ainsi l’offre régionale en termes de soutien à l’investissement, de foncier industriel et de formation, ainsi que les principaux projets qui façonneront l’avenir économique de la région.

Nous revenons également avec lui sur les secteurs qui comptent pour la région et sur les ambitions en termes de positionnement économique et industriel.

- Médias24 : Comment la Charte de l’investissement propulsera-t-elle l’investissement privé ? Et comment se porte t-il au niveau de la région Fès-Meknès ?

- Yassine Tazi : Avec un objectif affiché de mobiliser 550 MMDH et de créer 500.000 emplois d’ici 2026, la nouvelle Charte de l’investissement, sous la vision éclairée du Roi Mohammed VI, sera très certainement un dispositif clé à la dynamisation de l’investissement privé au Maroc, à la création de la valeur ajoutée et au soutien aux TPME.

La nouvelle Charte a ainsi pour ambition d’améliorer l’impact des investissements, particulièrement en ce qui concerne la création d’emplois permanents et la réduction des disparités entre provinces et préfectures en termes d’attractivité des investissements. Elle vise également à orienter les investissements vers les secteurs productifs à forte valeur ajoutée, à assurer un développement durable, ainsi qu’à renforcer l’attractivité du Royaume pour en faire un pôle continental et international en matière d’IDE, à améliorer le climat des affaires, à faciliter l’acte d’investir et à augmenter significativement la part des investissements privés nationaux et étrangers. Elle contribuera à ouvrir de nouvelles perspectives prometteuses à l’économie nationale pour réaliser une croissance intégrée et durable, s’inscrivant dans le cadre du Chantier royal visant à bâtir l’État social.

La CRUI a statué en 2022 sur 396 dossiers, dont 70% ont reçu un avis favorable représentant un investissement de 7,5 MMDH

Au niveau de la région de Fès-Meknès, l’année 2022 a été marquée par une amélioration notable des principaux indicateurs liés à l’investissement régional, portée par la digitalisation et la simplification des procédures administratives, la réduction des délais de traitements des dossiers d’investissement et l’amélioration des dispositifs d’accompagnement des investisseurs et des porteurs de projets.

Durant l’année écoulée, 60 réunions de la Commission régionale unifiée d’investissement (CRUI) ont été tenues, avec un délai moyen d’instruction de 8,72 jours (contre 130 jours en 2019 au niveau national). La CRUI a statué sur 396 dossiers, dont 70% ont reçu un avis favorable représentant un investissement de 7,5 MMDH, soit une augmentation de +36% par rapport à 2021, et la création de 17.198 emplois prévus, soit une hausse de +32,4% par rapport à 2021.

- Comment la région peut-elle confirmer sa vocation industrielle ?

- La région est résolument engagée dans la redynamisation de son tissu industriel, orienté vers de nouvelles filières et secteurs à forte croissance et valeur ajoutée. Cette dynamique impulsée par le gouvernement, sous les hautes orientations royales, s’appuie notamment sur des stratégies sectorielles ambitieuses, à l’instar du Plan de relance industrielle, qui vise à renforcer le positionnement de l’industrie marocaine sur le plan national et international, ou encore la stratégie de substitution aux importations, qui encourage les opportunités d’industrialisation "made in Morocco".

Cette redynamisation s’appuie également sur des stratégies et programmes de développement régionaux, tenant compte des atouts et potentialités des préfectures et provinces de la région, visant le renforcement de l’offre territoriale et l’amélioration de la compétitivité du tissu industriel, à travers :

  • Le renforcement des infrastructures par le développement des réseaux de transport, des infrastructures routières, aéroportuaires, énergétiques, etc..
  • Le développement de plateformes d’accueil compétitive en mode locatif ou en cession, multi-secteurs, aux meilleurs normes et standards internationaux.
  • La diversification des filières industrielles en capitalisant sur les filières historiques (agro-industrie, textile, cuir…) et en se positionnant sur des filières d’avenir à fort potentiel pour lesquelles la région possède un avantage compétitif (mobilité durable, industries créatives digitales, etc.).
  • Le développement de clusters à travers le regroupement d’entreprises d’un même secteur d’activités dans une même zone, favorisant le partage de connaissances et de compétences, et la mutualisation des ressources, créant ainsi un environnement favorable pour leur développement (à l’instar du District Cuir sur 50 ha au niveau du parc industriel de Ain Cheggag à Sefrou).
  • Le renforcement du capital humain et le développement des compétences à travers les six universités de la région, les 266 établissements et instituts de formation professionnelle, les écoles d’ingénierie spécialisées, la diversification des programmes de formation, etc., permettant ainsi de disposer d’un capital humain formé et qualifié, et ce dans plusieurs secteurs clés (automobile, câblage, mobilité électrique, etc.).
  • La mise en place de mécanismes incitatifs régionaux dédiés aux besoins des industriels (à l’instar de la prime à l’emploi et du fonds de souveraineté industrielle).
  • L’encouragement de l’innovation dans l’entrepreneuriat, en mettant en place des infrastructures d’accueil favorisant l’incubation, la R&D et l’accompagnement (Technopark, incubateur de projets de l’UEMEF, Fez Smart Factory…).
  • Le renforcement de la qualité et du cadre de vie à travers les nombreux chantiers phares ayant un impact socio-économique et culturel important (pôle culturel, pôle communication, palais des congrès, grand théâtre, aménagement et mise à niveau urbaine, etc.).

- Pouvez-vous nous parler des projets qui ont été lancés dans la région pour répondre aux besoins des investisseurs en foncier industriel ?

Plusieurs projets structurants ont été programmés dans le cadre du Programme de développement régional (PDR) visant à développer une offre industrielle répondant aux besoins des industriels nationaux et internationaux. Parmi ces projets, nous pouvons notamment citer :

  • L’agropolis de Meknès, sur 147 ha, qui offre une plateforme d’accueil aux meilleurs normes internationales afin d’accompagner le développement de l’activité agro-industrielle et la valorisation des filières phares de la région. Offrant 225 lots industriels et support à des prix attractifs, cette zone industrielle offre notamment un agro-parc et un qualipôle alimentation.
  • Le réaménagement de la zone Ex-COTEF, au quartier industriel de Sidi Brahim, sur 15 ha, qui propose 23 lots industriels et 3 équipements, en mode locatif. La zone accueillera 20 projets industriels, représentant plus de 570 MDH, et contribuant à la création de plus de 3.800 emplois.
  • Le parc industriel de Ain Cheggag, à Sefrou, sur 81 ha, dont 50 ha dédiés à un district cuir et 31 ha à une zone généraliste, où 239 lots sont proposés aux industriels, à des prix attractifs, variant entre 250 et 350 DH/m². Ce projet, qui sera livré mi-2023, a nécessité un investissement de 300 MDH et permettra la création de plus de 7.600 emplois. Le parc sera équipé d’une station d’épuration des eaux usées (STEP) pour traiter les différents rejets et assurer le respect des normes environnementales, nécessaires notamment pour améliorer la compétitivité à l’export.
  • La Zone d’Accélération Industrielle de Ain Cheggag, à Sefrou, sur 379 ha, avec une première tranche de 42 ha. Le projet mobilisera un investissement de 500 MDH et contribuera à la création de plus de 50.000 emplois. La zone abritera plusieurs districts complémentaires, notamment un district automobile, agro-industrie, ferroviaire et green textile. Elle offrira plusieurs avantages aux industriels qui s’y implanteront, notamment un guichet unique, des services support, des avantages fiscaux, etc.
  • La zone industrielle de Ain Bida, sur 70 ha, qui vient enrichir l’offre en foncier industriel de Fès et offrir des espaces d’accueil adaptés aux besoins exprimés par les industriels de la région. Celle-ci comprendra notamment une zone généraliste, une zone d’équipements et de services, une zone dédiée aux huileries qui seront délocalisées dans le cadre du programme de dépollution de Oued Sebou, une zone dédiée à la valorisation des grignons humides et une zone dédiée aux dépôts de gaz pour accompagner la structuration et la mise à niveau de cette activité aux meilleures normes environnementales et de sécurité.
  • L’Eco Parc Fès-Sais, à proximité de l’aéroport Fès-Sais, sur 20 ha. Ce nouveau parc généraliste offrira près de 120 lots industriels, 9 bâtiments relais et 4 bâtiments dédiés aux services, en mode locatif, à des prix attractifs (entre 6 et 30 DH/m²) aux industriels nationaux et internationaux.
  • La Fez Smart Factory, 1er écosystème de l’industrie 4.0 au Maroc, implanté au niveau de l’Université Euro-Méditerranée de Fès (UEMEF). Cette nouvelle zone de développement dédiée à l’industrie 4.0 s’étalera sur 11 ha et permettra de créer un espace favorisant l’innovation dans le secteur de l’industrie, à travers notamment différents équipements : incubateur 4.0, accélérateur de startups, laboratoires de R&D, usine modèle, etc.
  • Le parc d’exposition international de Fès, sur 4 ha, qui offrira de nouveaux espaces pouvant accueillir des exhibitions commerciales et autres manifestations, en proposant notamment un hall d’expositions permanentes, une salle de conférences, un centre d’affaires contenant plusieurs pôles d’incubation, de formation, d’accompagnement, de coworking et de networking.
  • Le Teknopark de Fès, implanté sur 2 ha, nécessite un investissement de 55 MDH et contribuera à la création de plus de 300 emplois. Ce projet offrira notamment des espaces de coworking, une salle de conférences, un fab lab, un studio de production et des services annexes. Ce projet important renforcera l’offre du secteur des services de Fès.
  • La zone logistique Ras El Ma, à Moulay Yacoub, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du schéma directeur des zones logistiques de la région piloté par l’AMDL (7 zones logistiques programmées sur 365 ha). Cette zone, qui s’étale sur 100 ha, avec une première tranche de 32 ha, mobilise un investissement de 300 MDH et offrira un complexe logistique de nouvelle génération comportant toutes les installations et services nécessaires (entrepôts modernes, bâtiments dédiés aux PME/PMI, services aux transporteurs, etc.) en support au secteur de l’industrie.

Parmi ces 10 projets, plus de 60% sont achevés ou en cours de travaux à date, ce qui témoigne de la dynamique industrielle enregistrée au niveau de la région.

 

Les tanneries qui attirent chaque année des dizaines de milliers de touristes et qui ont fait la renommée de la ville en matière de cuir.

- Parmi les projets phares cités, celui du parc industriel de Ain Cheggag, dont 50 ha seront dédiés à l’industrie du cuir. Pourquoi le cuir et qu’est-ce que ce secteur représente aujourd’hui pour la région ?

- Au niveau de la région Fès-Meknès, le secteur du cuir revêt une importance à la fois économique et culturelle. La région est le centre de transformation de tout le pays avec plus de 1,6 million de peaux transformées. Le secteur représente ainsi 40% du chiffre d’affaires total de l’artisanat de la région et emploie environ 15.000 personnes.

Le secteur du cuir a également une importance culturelle qui impacte positivement le tourisme, principalement dans la ville de Fès, avec les tanneries qui attirent chaque année des dizaines de milliers de touristes et qui ont fait la renommée de la ville en matière de cuir.

Au niveau régional, plusieurs filières sont compétitives à l’export, à l’instar de la maroquinerie, qui est composée des sacs, malles et autres objets en cuir, réalisant 43 MDH de CA à l’export en 2022, ou encore la filière chaussures et articles chaussants, réalisant 10 MDH.

Afin d’améliorer la compétitivité de ce secteur stratégique et de renforcer l’écosystème cuir de la région (2e écosystème au niveau national), celle-ci s’est dotée du parc industriel de Ain Cheggag à Sefrou, sur une superficie de 81 ha, dont 50 ha dédiés au cuir. Ce parc permettra de mettre à niveau et de structurer la filière, et d’en renforcer la compétitivité à l’export à travers notamment la STEP, qui permettra la certification aux normes internationales en termes de respect des normes environnementales.

 

- Quid du textile ? Est-ce que l’on peut espérer un renouveau de ce secteur dans la ville de Fès ?

- Le secteur textile & habillement est important pour le Maroc, compte tenu de sa forte contribution aux agrégats économiques (27% des emplois industriels et 7% de la valeur ajoutée industrielle). Le secteur s’est doté de six écosystèmes dans le cadre du Plan d’accélération industrielle (PAI) 2014-2020. Les filières concernées sont le denim, le fast fashion, les distributeurs industriels de marques nationales, la maille, le textile de maison et le textile à usage technique.

La région de Fès-Meknès dispose d’un savoir-faire ancestral et d’une main-d’œuvre qualifiée et compétitive dans les métiers du textile, notamment la confection et la tapisserie. Le secteur réalise 3 MMDH de CA en moyenne par an et 1,9 MMDH à l’export, employant près de 22.000 personnes, soit près de 36% des emplois du secteur industriel régional. La réhabilitation de l’ancien complexe textilien de Fès (COTEF) en 2021, sur 15,2 ha, témoigne de l’engouement des industriels pour ce secteur stratégique.

À l’instar des autres secteurs, les industries du textile et cuir se trouvent à la croisée des chemins après la crise du Covid-19 et les enjeux liés à la responsabilité sociétale des entreprises. En effet, si la crise du Covid-19 et la perturbation des chaînes d’approvisionnement qui s’en est suivie ont mis en évidence des fragilités, jusqu’alors invisibles, concernant notamment la dépendance de l’amont de ce secteur vis-à-vis des importations, ces mêmes crises sont aujourd’hui porteuses d’une opportunité importante pour le développement de ce secteur grâce à la tendance au nearshoring initiée surtout par les donneurs d’ordre européens.

- Y a-t-il des avantages fiscaux ou des aides aux investisseurs ? Comment se décline l’offre d’appui à Fès-Meknès, notamment par rapport au foncier industriel ?

- Comme vous avez pu le constater, l’offre foncière industrielle au niveau de la région Fès-Meknès est riche et diversifiée. En effet, plusieurs modes de mobilisation sont proposés aux industriels, en locatif ou en cession, à des prix attractifs subventionnés.

Par ailleurs, afin d’accompagner cette nouvelle offre foncière industrielle déployée, plusieurs mécanismes incitatifs ont été mis en place dans la région, visant à encourager le développement d’activités industrielles à forte valeur ajoutée et la création d’emplois. Parmi ces mécanismes, nous pouvons citer :

  • Le fonds régional de souveraineté industrielle, mis en place en partenariat entre le ministère de l’Industrie et du Commerce, la wilaya de la région, les préfectures et provinces de la région, le Conseil régional, la Chambre de commerce d’industrie et de services (CCIS) et le CRI Fès-Meknès. Ce fonds, d’une enveloppe de 55 MDH, s’inscrit dans le cadre de la politique de substitution aux importations afin d’encourager la fabrication locale. Le soutien apporté concerne la contribution au financement du prix d’acquisition des machines et équipements industriels neufs (10% du montant), le financement des frais d’études et des expertises techniques, ainsi que la participation aux frais de formation du personnel recruté dans le cadre du projet.
  • La prime à l’emploi industriel, qui intervient suite à une convention-cadre signée le 24 juin 2020 entre le Conseil de la région et le CRI Fès-Meknès. Les entreprises et porteurs de projets privés opérant dans l’industrie et les services à forte valeur ajoutée peuvent ainsi bénéficier de cette subvention, modulable en fonction du nombre d’emplois créés sur une durée de 24 mois. Cette initiative vise à favoriser la création d’emplois dans la région qui offre un potentiel élevé en matière de ressources humaines qualifiées.

Par ailleurs, les opérateurs de la région bénéficient auprès du CRI Fès-Meknès d’un accompagnement dédié selon leurs besoins : recherche de solutions de financement adaptées, accompagnement pour l’élaboration de formations spécifiques auprès des partenaires de formation, aide pour le développement à l’export, renforcement des capacités managériales et techniques, accompagnement pour la transition énergétique pour améliorer la compétitivité à l’export, etc. ; et ceci à travers les programmes et partenariats mis en place par le CRI et ses partenaires.

Enfin, le CRI assure l’information, l’orientation et le conseil des industriels de la région concernant les différents dispositifs incitatifs mis en œuvre par le gouvernement afin d’accompagner le développement et la modernisation du secteur, à l’instar du Fonds de développement industriel et de l’investissement (FDII), les offres de Maroc PME, et plus récemment le Fonds Mohammed VI pour l’investissement et la nouvelle Charte de l’investissement, mis en œuvre suite aux hautes orientations de SM le Roi Mohammed VI visant la dynamisation de l’investissement privé pour assurer la relance économique du Royaume. 

Fès Shore vise à doubler sa capacité, de quoi faire de la région une destination offshoring encore plus présente à l’international.

- L’offshoring est parmi les secteurs les plus dynamiques et les plus créateurs d’emplois. Quel est le secret de cette success story et comment passer à la vitesse supérieure ?

- Le secteur de l’offshoring constitue un pilier fondamental parmi les six métiers mondiaux du Maroc définis dans le cadre du Pacte national pour l’émergence industrielle signé en 2009. C’est un secteur porteur pour l’économie nationale et régionale capable de drainer d’importants investissements étrangers et de favoriser la création d’un volume significatif d’emplois. Au Maroc, et depuis plus d’une décennie, l’Etat accorde une attention particulière à ce secteur grâce à une stratégie de partenariat public-privé permettant de réaliser une croissance considérable dans le secteur dès les premières années de lancement.

Troisième destination de l’offshoring au Maroc après Casablanca-Settat (57%) et Rabat-Salé-Kenitra (24%), la région Fès-Meknès représente actuellement 11% des emplois de ce secteur au niveau national. En 2017, un régime incitatif attractif a été mis en place afin d’encourager la création d’emplois dans le secteur de l’offshoring. Il s’agit du dispositif de prime à l’emploi, matérialisé par une subvention de 6.000 DH pour chaque emploi créé dans le secteur de l’offshoring sur le parc "Fès Shore", qui s’étale sur 20 ha, afin d’encourager les investisseurs à s’y implanter. À ce jour, plusieurs entreprises ont déjà pu bénéficier de ce dispositif, et d’autres sociétés ont emboîté le pas en s’installant dans ce parc. Grâce à sa deuxième tranche sur 12.000 m² livrés en 2020, Fès Shore vise à doubler sa capacité, de quoi faire de la région une destination offshoring encore plus présente à l’international.

Par ailleurs, la concentration de compétences en matière d’offshoring et d’innovation désignait presque naturellement la région de Fès-Meknès comme région par excellence pour les opérateurs de l’offshoring. Ces compétences devraient pousser le secteur à migrer vers des filières à plus forte valeur ajoutée et passer d’une proposition de valeur low cost sur des filières telles que la gestion de relation client (CRM) ou l’externalisation des fonction support (BPO) vers une proposition de valeur best cost et sur des filières à forte valeur ajoutée : l’externalisation d’ingénierie et R&D ou encore l’externalisation d’activités stratégiques.

- Le capital humain est parmi les points forts de Fès-Meknès, une région qui compte six universités et une communauté importante d’étudiants. Comment profiter de cette manne pour en faire un facteur de compétitivité et d’attraction des investissements ?

- La région Fès-Meknès est le premier pôle universitaire du pays avec six universités formant plus de 160.000 étudiants par an. Elle dispose également d’écoles d’ingénieurs spécialisées et de commerce de renom, ainsi que de la première école d’ingénierie numérique et d’intelligence artificielle en Afrique.

La région forme un nombre important de profils de techniciens et de techniciens spécialisés (4e position en termes d'effectifs des stagiaires) dont dépend le développement de la région dans plusieurs secteurs (automobile, logistique, IMM, mobilité électrique, etc.). En effet, la région compte plus de 266 établissements de formation professionnelle publics et privés d’une capacité annuelle de 75.000 places, avec 236 spécialités et métiers. Elle sera également dotée d’une Cité des métiers et des qualifications (CMC) de 3.140 places pédagogiques à haute qualification autour de six pôles de formation : l’industrie, l’offshoring, le tourisme et l’hôtellerie, l’artisanat, l’agriculture et l’agro-industrie et la santé.

Afin de renforcer la compétitivité de son capital humain, la région s’est très tôt attelée à travailler sur une offre de formation en adéquation avec les besoins des entreprises, à travers la création de nouvelles filières adaptées aux stratégies sectorielles au niveau des différentes universités, instituts, écoles et centres de formation. Cette dynamique a été renforcée par la signature d’une convention de partenariat entre le CRI et les universités de la région, en 2022, visant le renforcement de l’attractivité de la région grâce à une offre du capital humain répondant aux besoins et les nouveaux métiers d’avenir, en capitalisant sur les atouts et potentialités de chaque préfecture et province de la région.

- Le CRI Fès-Meknès est également très actif dans la promotion de l’entrepreneuriat et dans l’accompagnement des porteurs de projets. Quel bilan faites-vous de ces opérations ?

- Le CRI Fès-Meknès a fait de l’accompagnement des investisseurs et des porteurs de projets une priorité inscrite dans son plan d’actions stratégique. Adoptant une approche Customer Centric, le CRI Fès-Meknès a conçu et mis en œuvre plusieurs programmes d’accompagnement régionaux, visant à répondre aux besoins identifiés durant toutes les étapes du cycle de vie des projets (pré-création, création, post-création). Ces programmes s’inscrivent en complémentarité avec les programmes nationaux déployés à l’échelle de la région, à l’instar du Programme intégré d’appui et de financement des entreprises (PIAFE), lancé suite aux hautes orientations royales, ou encore des programmes Forsa et Sabil.

Le CRI Fès-Meknès a ainsi déployé depuis 2020 plusieurs programmes d’accompagnement intégrés à destination des porteurs de projets et des TPME. Il s’agit notamment des programmes Afwaj, Ofok Al Mokawil et Sayidati Al Moukawila. Ces programmes visent à mutualiser les efforts d’accompagnement régionaux et s’inscrivent dans une démarche proactive où les acteurs vont à la rencontre des porteurs de projets dans neuf préfectures et provinces de la région. Ils offrent un accompagnement durant l’ensemble des phases du projet (du cadrage de l’idée jusqu’à l’aide au montage du dossier de financement, en passant par les formations, l’aide au montage du business plan et l’assistance aux démarches de création d’entreprises) et ambitionnent d’accompagner plus de 1.200 porteurs de projets annuellement.

Ces programmes s’adressent à différentes cibles, avec des besoins en accompagnement qui varient, nécessitant ainsi une approche dédiée et personnalisée, garantissant l’efficience et la réussite des actions menées.

  • Afwaj Porteurs de Projets : accompagnement intégré des porteurs de projets et entrepreneurs (information, sensibilisation, formation, aide au montage du Business Plan, aide au montage du dossier de financement, suivi post-lancement).
  • Afwaj TPE : accompagnement des TPE en phase post-création (formation, aide au développement, restructuration, réseautage).
  • Sayidati Al Moukawila : accompagnement et promotion de l’entrepreneuriat féminin.
  • Ofok Al Mokawil : promotion de l’entreprenariat et accompagnement des porteurs de projets dans le cadre du programme Intelaka (information, sensibilisation, formation, aide au montage du Business Plan, aide au montage du dossier de financement, suivi post-lancement).
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