Affaire du Dr Tazi : “Il s’agit d’un incident sans dommage, sans mort et sans erreur médicale” (Me Ibrahimi)

La troisième audience du procès du Dr Hassan Tazi et de sept autres accusés, dont son épouse et son frère, a eu lieu ce jeudi 25 mai à la cour d’appel de Casablanca. Bien que le dossier soit renvoyé au 6 juillet, cette audience aura duré plus de deux heures, principalement dédiée aux plaidoiries réclamant la liberté provisoire des accusés.

Affaire du Dr Tazi : “Il s’agit d’un incident sans dommage, sans mort et sans erreur médicale” (Me Ibrahimi)

Le 26 mai 2023 à 11h31

Modifié 26 mai 2023 à 17h12

La troisième audience du procès du Dr Hassan Tazi et de sept autres accusés, dont son épouse et son frère, a eu lieu ce jeudi 25 mai à la cour d’appel de Casablanca. Bien que le dossier soit renvoyé au 6 juillet, cette audience aura duré plus de deux heures, principalement dédiée aux plaidoiries réclamant la liberté provisoire des accusés.

9h46 ce jeudi 25 mai : la salle 8 de la cour d’appel est pleine à craquer. Sur les bancs, familles et proches des accusés dans l’affaire du Dr Hassan Tazi attendent impatiemment.

Les accusés sont au nombre de huit. Ils devront répondre, chacun en ce qui le concerne, de faits de "traite d’êtres humains", "escroquerie", "falsification de factures" et "participation à l’élaboration d’une fausse attestation et son utilisation". Parmi eux, le célèbre médecin esthétique, son épouse, son frère, ainsi que d’autres individus dont deux salariées de sa clinique.

Ces dernières sont représentées par Me Mohamed Snaoui, qui prend rapidement la parole après le début de l’audience. Celle-ci démarre à 10h27, lorsque le président de l’instance collégiale appelle à la barre la partie civile, un certain N. S. qui ne se présente pas.

"Pas de dommage, pas de procès"

Pour Me Snaoui, l’absence de la partie civile prouve qu’il n’y a aucun dommage dans cette affaire. "Pas de dommage, pas de procès", insiste l’avocat, qui regrette par ailleurs que de nouveaux documents n’aient été joints au dossier, par le parquet, que la veille de l’audience.

En réalité, le 4 mai, la chambre criminelle de la cour d’appel avait demandé que les nouveaux documents du dossier soient transmis à la défense des accusés. Or, selon Me Snaoui, cela n’a été fait que le 24 mai. "Nous nous interrogeons sur le timing dans lequel les nouveaux documents ont été joints. Nous aurions voulu les obtenir au moins dans les deux jours suivant votre décision", déplore-t-il en s’adressant au président.

N’ayant pas eu suffisamment de temps pour consulter ces nouveaux éléments, Me Snaoui demande le report de l’audience pour permettre à la défense de se préparer, tout en considérant que le dossier sera prêt pour être jugé.

Me Fatima Zahra Ibrahimi, qui représente le Dr Hassan Tazi et son épouse, également en détention, fait la même requête. Elle réclame un report et regrette également que les nouveaux documents n’aient été transmis que la veille de l’audience. Elle espère donc obtenir un "délai suffisant" pour les consulter.

Les avocats de la défense prennent la parole à tour de rôle et rejoignent leurs confrères dans leur requête, avant que le procureur du Roi ne prenne la parole. Faute de micro, sa déclaration reste inaudible pour l’assistance.

Me Snaoui répond à l’intervention du procureur et reprend ses dires. Selon ce dernier, "les documents étaient déjà dans le dossier". Ce qui est incompréhensible pour Me Snaoui, qui conclut que la défense "ment" et ne respecte pas les dispositions de l’article 5 du Code de procédure civile, selon lequel "il faut se présenter de bonne foi devant les juridictions". Il estime qu’il s’agit de "manœuvres qui visent à prolonger le procès".

Ensuite, Me Snaoui revient sur l’absence de la partie civile et insiste dessus. "Il est inconcevable de retarder le dossier parce que la partie civile ne se présente pas. S’il avait réellement subi un dommage, il y aurait assisté dès le début. Il ne va pas attendre que le juge le convoque à plusieurs reprises, sauf s’il a peur des questions qui lui seront posées."

"Entre-temps, ces gens sont en détention", déplore-t-il, faisant référence aux accusés. Il rappelle que la Constitution, dans son article 120, donne droit, à toute personne, à un jugement rendu dans un délai raisonnable.

Report au 6 juillet

10h50 : le procureur prend de nouveau la parole ; toujours inaudible. Puis l’instance collégiale échange discrètement avant que le président n’annonce le renvoi du dossier au 6 juillet.

À ce moment-là, les accusés n’avaient pas encore fait leur entrée dans la salle. Plusieurs de leurs proches quittent les lieux, pensant que l’audience est finie. Il est 11h lorsqu’ils arrivent enfin. Le brouhaha qui en découle prend rapidement fin, à la demande du président qui exige le silence.

La défense des accusés reprend la parole, cette fois pour plaider leur libération provisoire. Pas moins de sept avocats se relaient pour rappeler que la détention préventive est une mesure exceptionnelle. Ils en réclament la levée et garantissent que leurs clients sont prêts à se plier à toute mesure alternative de contrôle judiciaire.

Ils expliquent que "la clinique a fermé, la situation est paralysée" et demandent la mise en liberté de tous les accusés.

14 mois de détention, 7 plaidoiries pour la libération

Me Ibrahimi dit être "épuisée psychologiquement" par les interrogations de son client, le Dr Hassan Tazi. "Il me demande sans cesse pourquoi il est toujours en détention." Son épouse, également représentée, entre autres par Me Ibrahimi, lui demande quant à elle "ce que signifie la traite d’êtres humains" et "ce qu’on [lui] reproche". Elle rappelle et insiste : cela fait quatorze mois qu’ils sont en détention.

"Ils ne sont pas dangereux. Il n’y a pas de traite d’êtres humains dans ce dossier. Il n’y a pas eu de mort et pas d’erreur médicale. Nous sommes face à un incident qui n’a fait aucun dommage. Dans d’autres affaires, des milliards ont été détournés et les épouses sont restées libres", poursuit-elle.

Son confrère, Me Snaoui, reprend la comparaison en citant le dossier auquel Me Ibrahimi fait référence : celui qui concerne la CNSS et fait l’objet d’un détournement de dizaines de milliards de dirhams. "L’affaire a été présentée devant vous", rappelle-t-il en s’adressant au président. "Mais tous les concernés ont bénéficié de la liberté provisoire."

Il défend ses clientes qui, selon lui, sont de simples salariées qui "exécutent les consignes de leur employeur". "Si elles n’avaient pas fait ce qui leur avait été demandé, elles seraient tombées sous le coup des articles 62, 63 et 64 du Code du travail, c’est-à-dire en situation de faute grave."

"Personne n’est mort. Où est le danger pour expliquer leur détention ? A-t-on peur d’elles ou devrions-nous avoir peur pour elles ?", interroge-t-il.

Il rappelle qu’elles sont "mariées et mères", qu’elles disposent de lieux de résidence fixes et qu’elles sont prêtes à payer une caution, bien que leurs salaires ne dépassaient pas les 5.000 dirhams.

Me Snaoui invoque les rappels lancés par le chef du parquet, Hassan Daki, et son prédécesseur, Mohamed Abdennabaoui, qui "incitent à orienter la détention préventive". Il lance à son tour un appel à l’instance pour se prononcer en faveur de la libération de ses clientes.

12h16 : les avocats de Abderrazak Tazi, frère du Dr Hassan Tazi, présentent la même requête. Et ajoutent un argument : l’âge de l’accusé. À 75 ans, celui-ci "ne veut pas mourir en prison". Il souhaite "passer ce qui reste de sa vie avec sa famille". Sans antécédents judiciaires, "il n’est pas dangereux" pour la société, plaident ses avocats.

12h34 : le président annonce que l’instance collégiale va délibérer sur la requête de libération provisoire et communiquera sa décision plus tard. Les accusés sont aussitôt escortés vers la sortie qui leur est réservée. Leurs familles et leurs proches, y compris d’anciens salariés de la clinique, tentent de s’en rapprocher et de leur parler, bien que bloqués par des policiers. Ils finissent par quitter la salle, suivis par les avocats, eux-mêmes attendus par une horde de journalistes, micros tendus, caméras allumées, pour recueillir leurs déclarations sur cette affaire particulièrement médiatisée.

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