Voici la tendance des indicateurs bancaires au T1 et sur le reste de l’année

Depuis septembre dernier, le taux directeur de Bank Al-Maghrib (BAM) a été augmenté de 100 pbs à 3,5%, dans le but de juguler l’inflation. Cela aura pour effet de complexifier l’accès aux crédits et, par conséquent, de ralentir l’économie nationale.
La demande de crédits bancaires et donc l’activité des banques en seront impactées. Le secteur bancaire a également été affecté par la hausse de la courbe des taux sur le marché obligataire. Tous ces phénomènes vont continuer d'affecter les performances et les résultats des banques cotées.
Cela s’est d’ailleurs déjà matérialisé dans les résultats trimestriels de la BCP, publiés le 18 mai. Au-delà de la fonte du RNPG, les chiffres ne trahissent pas. Notamment la légère baisse des revenus de la banque (PNB), en recul de 1,6% à 4,8 MMDH, tirée par la forte baisse des opérations de marché de 71%, à près de 139 MDH.
À quoi faut-il s’attendre concernant les résultats des bancaires de la cote au T1-2023 et sur le reste de l’année ?
Une baisse des crédits attendue au T1, mais à relativiser
Naturellement, l’une des premières répercussions du resserrement monétaire est un ralentissement de l’octroi des crédits, de la part des banques, aux entreprises et aux particuliers. Cela passe par une hausse des taux réels, et donc des mensualités plus élevées à assurer de la part des clients, qui peuvent en partie, renoncer à leurs projets d’investissements. Les résultats de la BCP ont également montré un léger recul de l’encours brut des crédits consolidés à la clientèle de 2%, à 301,6 MMDH.
Contactée, une source de la place nous explique : "Nous sommes encore dans une phase de durcissement monétaire qui devrait légèrement ralentir, mais certainement pas se durcir sur le reste de l’année. On a des conditions de financement qui se durcissent au niveaux des taux réels suite à la hausse du taux directeur. Cette année, nous ne devrions pas assister à une baisse de l’octroi des crédits, mais à une certaine décélération." Cela s’est d’ailleurs concrétisé à la fin du T1-2023, où les derniers chiffres de BAM montrent une hausse de 53 pbs du taux débiteur moyen global à 5,03%.
Mais ce ralentissement attendu est également à remettre en perspective, selon notre interlocuteur. "Il faut dire que les années 2020, 2021 et 2022 étaient des années exceptionnelles, boostées par les différents crédits tels que Damane Oxygène, Damane Relance, Forsa et la forte hausse des crédits de trésorerie en 2022. Aujourd’hui, on revient juste à des niveaux normatifs de croissance de crédits, et non à une tendance de réelle décélération", souligne-t-il.
D’autres indicateurs bancaires devraient être affectés par l’évolution de la situation monétaire. Cependant, ce qui est observé durant le premier trimestre 2023 n’est pas nécessairement amené à durer.
Des revenus impactés par un fort recul des activités de marché
Les indicateurs trimestriels de BCP laissaient entrapercevoir une fonte de 26% du RNPG. Mais il faut souligner que cet indicateur n’est pas, en soi, le plus parlant. Les variations à la hausse comme à la baisse peuvent être causées par des éléments exceptionnels.
Ce qui compte, ce sont plutôt les évolutions des revenus des banques. "Les conséquences sont ressenties également sur les PNB. Ceux de BCP montrent d’ailleurs la tendance. L’évolution du PNB est très révélatrice. Nous pensons qu’elle révèle la tendance générale sur le secteur", indique notre source.
Le PNB de BCP à fin mars a reculé de 1,6% par rapport à la même période en 2022. Une baisse, principalement imputée au recul des activités de marché. "Durant le T1-2023, il est très probable qu’il y ait un impact important sur les activités de marché, lié à la tension très importante sur le segment moyen long terme de la courbe des taux au mois de janvier, avec un rétablissement de la pentification et une généralisation de la hausse des taux. Cela a eu un effet très défavorable sur les activités de marché", explique notre interlocuteur.
Mais après le mois de mars, à savoir au cours du T2-2023, cette tension sur les taux obligataire s’est légèrement atténuée. "Cet impact observé durant le T1 pourrait peut-être bien se détendre sur le T2-2023 et le reste de l’année, compte tenu des conditions très favorables du Trésor à l’international", poursuit notre interlocuteur.
D’ailleurs, le Trésor a pu concrétiser une levée à l’international cette année d’un montant de 2,5 milliards de dollars avec des spreads de liquidité très intéressants. De plus, la nouvelle Ligne de crédit modulable (LCM) de 5 milliards de dollars vient renforcer la capacité de financement du Trésor. In fine, ces éléments réconfortent le marché et réduisent les tensions. "Il faut cependant rappeler que l’on reste toujours sur des niveaux très élevés par rapport à 2021 ou 2020, mais on remarque un léger fléchissement, ou du moins un arrêt de la hausse des taux", précise notre source. En somme, un impact négatif sur les activités de marché sera visible sur ce premier trimestre, mais il devrait être atténué sur le reste de l’année 2023.
Un coût du risque qui devrait s’alléger pour les bancaires
Depuis l’année 2021, les bénéfices des banques avaient connu une forte résurgence, conduite notamment par la baisse progressive du coût du risque.
À fin mars 2023, la BCP a vu son coût du risque continuer de baisser de 2,5%, à 874 MDH. "C’est un facteur très important à relever au niveau de BCP, et qui devrait être une tendance générale du secteur bancaire. Cela devrait encore soutenir les résultats et les capacités bénéficiaires des bancaires", explique notre interlocuteur.
Cela pourra jouer un rôle positif dans la capacité de distribution des banques en 2023. "Cette tendance devrait se matérialiser sur l’ensemble du secteur bancaire, à l’instar des perturbations des activités de marché sur le premier trimestre de l’année. Cet assouplissement du risque devrait avoir un effet positif sur l’ensemble du secteur", conclut notre source.

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