Au cours de la dernière séance d’adjudication des bons du Trésor le 18 avril dernier, l’argentier de l’État a effectué une levée importante de près de 10 MMDH. Cette dernière a été majoritairement levée à court et moyen termes. Respectivement, 100 MDH ont été adjugés à échéance 13 semaines, 1,5 MMDH à 52 semaines et 8,3 MMDH à 2 ans.

Cette levée, bien qu’importante, n’est pas exceptionnelle. Cependant, elle témoigne du retour d’appétit au risque des investisseurs. "Elle traduit notamment une attractivité des BDT aujourd’hui en lien avec la hausse importante des rendements observés durant le T1-2023. Cela a conduit une demande plus importante chez les investisseurs", explique une source du marché.

Cette dernière séance laisse également transparaître une détente sur les taux. Comme le note Attijari Global Research (AGR) dans une note sur les taux diffusée le 21 avril, "au terme de cette adjudication, les Taux de rendement primaires des maturités 13 semaines, 52 semaines et 2 ans reculent de 1, 8 et 5 PBS respectivement".

Une dissipation des tensions haussières sur les taux 

La séance d’adjudication a connu une certaine détente sur les taux obligataires. Cela s’explique par plusieurs facteurs. "Cela provient en particulier des annonces rassurantes comme la levée d’un milliard de dollars du Trésor à l’international en début d’année et de la ligne de crédit modulable de 5 milliards de dollars octroyée par le FMI, que le Trésor peut activer à n’importe quel moment auprès de Bank Al Maghrib. Il y a aussi une détente observée sur les spreads à l’international", explique notre source du marché.

Ce dernier facteur rassure le marché et indique que le Trésor dispose de capacité à se refinancer à l’international de façon optimale. In fine, l’ensemble des facteurs font en sorte que les tensions haussières observées depuis le début de l’année commencent à se calmer.

Qui plus est, il est à rappeler que d’un point de vue budgétaire, l’argentier de l’État n’est soumis à aucune tension. D’après les derniers chiffres à fin mars 2023, ce dernier affiche un excédent global de 6,2 MMDH contre un déficit de 1,9 MMDH à la même période en 2022. Les recettes affichent une progression nettement supérieure aux dépenses et la charge de compensation a été divisée par deux par rapport à la même période l’an dernier à 4,5 MMDH.

Le Trésor profite de cette situation et lève 205% de son objectif du mois au 18 avril

Cette détente des taux est bénéfique au Trésor, qui lève de l’argent pour moins cher qu’auparavant. De fait, il a levé près de deux fois son objectif après la séance d’adjudication du 18 avril dernier.

Alors que le besoin du mois d’avril était de 8,25 MMDH, le taux de réalisation atteignait 205% après la séance du 18 avril, avec des levées qui totalisaient près de 17 MMDH. "Il ne faut pas oublier que lorsque le taux annonce un besoin de financement, c’est un besoin strict, à savoir qu’il lèvera au minimum ce besoin. Mais il peut ne pas les atteindre si les conditions de marché ne sont pas réunies ou les dépasser si les conditions sont favorables."

"Lors de la dernière séance, le Trésor a levé 10 MMDH avec une importante demande, principalement sur le court moyen terme. Il a voulu profiter de cette demande et de ces taux très attractifs qui sont en détente", explique notre interlocuteur. En effet, lors de la dernière séance du 18 avril, 20,6 MMDH avaient été demandés de la part des investisseurs, soit un taux de satisfaction de 48%.