Habanos SA aurait pu se résumer à une histoire de cigares, sur fond de concurrence déloyale. Mais ce sont aussi les déboires d'un locataire mauvais payeur. La société dirigée par Omar Zahraoui fait face à deux lourdes condamnations pour "loyers impayés". Créance en souffrance : 12 millions de dirhams !

En réalité, il s'agit d'une double condamnation, soit deux jugements séparés rendus successivement en septembre et octobre 2022. Ces décisions ont été prononcées par le tribunal de commerce de Casablanca. Elles concernent deux immeubles situés à Aïn Sebaâ, et qui faisaient office d'usine pour Habanos SA (désormais Habanos Maroc).

Ces jugements font suite à la demande de la société Les Grands Magasins S, propriétaire des locaux qu'elle loue depuis 2016 à Habanos. Le cumul des impayés couvre la période s'étalant entre le 1er septembre 2016 et le 2 décembre 2020, à raison de 114.400 DH de mensualité pour chaque immeuble. Le bailleur a également eu droit à un dédommagement.

"Nous leur avons loué les biens pour une somme dérisoire. Ils nous ont floués", déplore un des représentant du défendeur. "Ils n'ont payé que trois mensualités. Plusieurs traites sont revenues impayées. Désormais, nous essayons d'exécuter les deux jugements pour récupérer la créance. Mais comment ? Le chef d'entreprise est injoignable, introuvable. Nous n'arrivons pas à le notifier", ajoute notre interlocuteur.

Habanos a fait l'objet de plusieurs décisions judiciaires de radiation, toutes assorties d'astreintes

Très actif dans les médias où il vantait - à coups de publicités - les mérites de son cigare 100% marocain, Moulay Omar Zahraoui se fait plus discret depuis la condamnation de sa société pour concurrence déloyale. Des faits en lien avec l'usurpation de la marque Habanos, propriété de la compagnie cubaine de tabac, mais que sa société s'appropriait comme nom commercial. Ce nom a d'ailleurs fait l'objet de plusieurs décisions judiciaires de radiation, toutes assorties d'astreintes. Ce volet a été précédé par un procès pénal qui a sanctionné Habanos à plus de 40 MDH pour des infractions douanières.

Les dossiers des loyers impayés viennent donc amplifier les ennuis judiciaires de la société créée en 2011. Prononcés en première instance, les deux jugements ont été assortis de "l'exécution provisoire", synonyme d'urgence. Le paiement concerne non seulement Habanos, mais aussi l'une des membres de la famille Zahraoui, impliquée en sa qualité de "caution personnelle". Les deux ont été condamnés à titre "solidaire".

En tant que personne physique, la caution doit également gérer la menace de "contrainte par corps", esquissée par le tribunal de commerce. "Sauf que là aussi, nous n'arrivons pas à la retrouver", déplore-t-on du coté du bailleur.

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