Soupçons de manipulation étrangère derrière la montée du racisme sur les réseaux sociaux

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux au Maroc connaissent une prolifération exceptionnelle et alarmante d’un contenu raciste envers les migrants subsahariens. Plusieurs indices laissent penser à une manipulation étrangère.

Soupçons de manipulation étrangère derrière la montée du racisme sur les réseaux sociaux

Le 1 mars 2023 à 19h41

Modifié 1 mars 2023 à 20h31

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux au Maroc connaissent une prolifération exceptionnelle et alarmante d’un contenu raciste envers les migrants subsahariens. Plusieurs indices laissent penser à une manipulation étrangère.

Pour tout observateur des réseaux sociaux au Maroc, il est difficile de ne pas remarquer que les propos racistes visant les migrants subsahariens au Maroc commencent à se multiplier et à se banaliser de façon alarmante.

Ils prennent la forme de mèmes (trolls), de blagues, de vidéos ou encore d’appels à manifester. Des groupes Facebook qui traitent spécialement de la question rassemblent des dizaines de milliers de membres. D’autres pages plus généralistes et des influenceurs sur YouTube attirés par le buzz participent à ce mouvement.

Alors qu’un phénomène semblable en Tunisie prend des proportions préoccupantes, ce mouvement met en danger ces populations, nuit sérieusement à l’image du Maroc et menace le projet de partenariat Sud-Sud qu’il porte pour l’Afrique.

L’Algérie impliquée ?

La fiche d’information de l’un de ces groupes qui comptent le plus de membres, fournie par Facebook, indique qu’il a été créé à Alger.

Une pseudo-journaliste algérienne qui passe ses journées à attaquer le Maroc sur les réseaux sociaux, s’exprime sur un supposé complot qui viserait les pays d’Afrique du Nord.

Beaucoup de comptes qui publient sur ce sujet ne portent pas de noms complets et de photos. L’Algérie est aussi soupçonnée de créer des faux comptes qui se font passer pour des Marocains.

La théorie du grand remplacement à la sauce maghrébine

Ce qui a débuté par des appels à refuser les mariages mixtes, s’est désormais transformé en un mouvement beaucoup plus large. En consultant ces groupes Facebook précédemment cités, on se rend compte que ce phénomène dépasse largement le stade de l’humour, puisqu’il est aussi profondément idéologique. Il repose ni plus ni moins sur la théorie du grand remplacement, la même utilisée par l’extrême droite en France contre les migrants maghrébins…

Selon cette théorie complotiste, il existerait une conspiration mondiale, mais aussi des pays d’Afrique subsaharienne, pour changer la composition démographique de l’Afrique du Nord. Le but inavoué, selon les promoteurs de cette théorie, serait d’aboutir à une population noire au Maroc qui viendrait remplacer une population marocaine de "race pure".

Cette vision des choses ne peut être définie autrement que par un racisme que l’on ne peut que condamner. L’affluent africain de l’identité marocaine reconnue par la Constitution marocaine y est balayé d’un revers de main.

Les publications que l’on retrouve dans ces groupes sont tellement horrifiantes que l’on se dispense de les partager sur Médias24. On se demande même pourquoi Facebook ne les interdit pas.

Par un effet de mimétisme, mais aussi par opportunisme, ce message de haine continue à se propager à travers des pages Facebook, des comptes Twitter, mais aussi des Youtubeurs parmi les plus influents au Maroc. Nous nous garderons bien de leur faire de la publicité sur notre journal.

On ne peut que regretter que même des mouvements identitaires qui font de la défense du patrimoine culturel marocain leur cheval de bataille, se soient  engouffrés dans cette entreprise, peut-être par ignorance ou inadvertance.

Heureusement que d’autres influenceurs s’opposent à ce phénomène et tiennent à répondre, souvent au prix d’insultes et d’accusations infondées.

Un mouvement semblable en Tunisie avec des répercussions graves

Un mouvement semblable a été remarqué en Tunisie au cours des dernières semaines. Il se base exactement sur les mêmes idées et les mêmes images. Ce mouvement a été récupéré par le président tunisien.

A travers un communiqué de la présidence tunisienne, publié le 21 février, le même discours complotiste est repris et assumé. Il dépeint "un plan criminel qui a été concocté au début du siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie".

Suite à cette position officielle, plusieurs activistes tunisiens des droits de l’homme ont relevé une déferlante de haine qui s’est abattue sur les migrants subsahariens, mais cette fois-ci dans la réalité et non pas sur la toile. Le phénomène s’est traduit par des expulsions des maisons, allant jusqu’à une vraie chasse à l’homme.

Sur ces groupes Facebook prétendument marocains, les publications semblent approuver ce qui se passe actuellement en Tunisie, appelant même à s’en inspirer.

La société civile tunisienne a réagi fortement en organisant de grandes manifestations et en dénonçant ce qu’ils ont appelé "un fascisme". L’Union africaine a également condamné ces dérives à travers un communiqué.

 

Un débat qui doit s’installer et des revendications qui doivent être entendues

Si nous ne pouvons que condamner tous ces propos racistes quels qu’ils soient, on doit signaler que quelques situations doivent être traitées, car elles sont utilisées d’une manière essentialiste, donc raciste.

De plus en plus d’images et de vidéos qui circulent montrent un état d’insalubrité, de désordre et d’insécurité dans les lieux de concentration des migrants illégaux, notamment au niveau du boulevard Ouled Ziane à Casablanca, où les riverains se plaignent de la détérioration de l’état de leur quartier. Ces situations doivent être traitées par les autorités et élus, non pas en tant que faits de migrants, mais en tant que situations illégales et dangereuses pour la sécurité et/ou la santé, quelles que soient les nationalités concernées.

Si ce genre de problèmes n’est pas pris au sérieux par les autorités, la situation ne pourra que s’envenimer et les idéologies xénophobes et racistes trouveront un terrain fertile pour se développer.

Nous relevons également un mutisme de la part de la société civile, dont une partie est financée par des bailleurs de fonds étrangers, pour traiter de ces questions.

Un débat sur l’immigration doit être ouvert également. Il doit être dépassionné et pragmatique, tout en respectant les valeurs marocaines et universelles.

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