Voici les raisons du rebond du MASI
Depuis le début de l’année, le MASI a connu une évolution particulièrement mouvementée. Il convient de rappeler que la première semaine de janvier a marqué la plus forte baisse de son histoire.
Sur cette baisse historique, Bachir Tazi, directeur général de CFG Capital Markets, explique que "la correction observée début janvier a été sévère et brutale. Elle provient d’un impact mécanique de l’ajustement de la courbe des taux. C’est tout à fait normal, car cela a induit une dépréciation des actifs, une hausse de la prime de risque action et donc un réajustement des expositions actions".
Mais ces derniers jours, l’indice casablancais a retrouvé une courbe ascendante.
Source : medias24.com
Une hausse qui interpelle, dans un contexte de taux toujours élevés qui détourne généralement les investisseurs du marché actions. "La tendance sur le marché des taux est que nous sommes toujours dans un contexte relativement haussier à court et moyen terme. Il y a consensus sur le fait qu’à ces échéances, la tension n’est pas terminée. Cependant, sur la partie longue de la courbe, le plus gros est derrière nous. Il y a également un consensus sur une poursuite du resserrement monétaire de Bank Al Maghrib (BAM) à court et moyen terme", poursuit notre interlocuteur.
Mais alors, comment expliquer ce rebond du MASI ?
Une détente sur le rythme de progression des taux
L’un des premiers facteurs qui a contribué à relancer légèrement le MASI, c’est l’injection de liquidité sur le marché des bons du Trésor. La Banque centrale avait en effet lancé un programme de 25 MMDH pour dynamiser la demande. "Les interventions de la Banque centrale sur l’open market ont permis d’injecter de la liquidité sur le marché et de soulager les opérateurs", explique notre interlocuteur.
Un facteur qui s’est accompagné quelques semaines plus tard d’un ralentissement de la hausse des taux sur le marché obligataire. "Les dernières adjudications faites par le Trésor ont montré une certaine détente, dans le sens où le Trésor a eu plus de souplesse à lever les montants qu’il désirait. Et surtout, l’autre indicateur, c’est l'évolution des taux, qui ne progressent plus de la même manière à chaque adjudication et commencent à se tasser", poursuit notre source.
Le marché a également été rassuré par un certain nombre de bonnes nouvelles qui ont poussé les investisseurs à se positionner sur le marché actions.
Un newsflow positif
Premièrement, lors d’un symposium du Conseil du développement et de la solidarité (CDS) tenu à Rabat, cette semaine, le Wali de BAM, Abdellatif Jouahri, a fait des déclarations globalement positives sur la situation économique du Royaume. "Il a clairement indiqué que la Banque centrale était sereine et a donné un signal positif par rapport à des signes de ralentissement de l’inflation, qui se sont d’ailleurs concrétisés à l’international, à court et moyen terme", explique notre interlocuteur.
Pour lui, le marché anticipe également des réalisations agricoles meilleures que l’an dernier. "La pluviométrie est nettement meilleure qu’à la même période en 2022 ; cela est donc perçu comme une bonne nouvelle par le marché", explique Bachir Tazi.
L’un des autres événements attendus par le marché concerne la décision du GAFI sur la sortie du Maroc de la liste grise. Si aucune décision n’a été rendue de manière officielle, les échos semblent positifs après la visite effectuée par le GAFI en janvier dernier. "D’après les échos du marché, cette visite s’est très bien passée. Elle pourrait déboucher sur une sortie du Maroc de la liste grise", explique Bachir Tazi.
Si cette sortie se concrétise, les réactions seront en effet positives sur le marché actions. Cela s’explique par le fait qu’il y aura une meilleure opportunité du Trésor pour effectuer une sortie à l’international qui, mécaniquement, provoquera une détente sur le marché domestique. In fine, cela attirera les investisseurs vers le marché action.
Un retour des investisseurs étrangers depuis 2023
La baisse du marché qui s’est produite en 2022 avec un MASI en retrait de près de 20%, puis la baisse survenue en janvier, a cependant eu un côté positif. "Cela a notamment permis de remettre le Maroc sur le radar des investisseurs étrangers", nous confie Bachir Tazi.
En effet, le Maroc a depuis plusieurs années la réputation d’être un marché cher traitant à des multiples élevés. Un sujet qui fait débat dans la classe financière. "Les investisseurs étrangers ont une vision beaucoup plus globale que les investisseurs marocains, qui ont des contraintes réglementaires. Ils peuvent arbitrer entre plusieurs marchés", explique notre source.
Désormais, ces reproches ont été mis de côté suite au recul des multiples à environ 16× les bénéfices contre un peu plus de 20× les bénéfices durant les 15 dernières années. "Après cette correction et ce recul des multiples, ils se sont manifestés", note le DG de CFG Capital Markets. "Depuis le début de l’année, nous avons été sollicités de manière beaucoup plus régulière et intense. Un certain intérêt s’est manifesté, avec des interlocuteurs étrangers qui organisent des calls, planifient des meetings, etc. Certains d’entre eux ont déjà commencé à implémenter des lignes sur le marché national", conclut Bachir Tazi.
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