Jean-Yves Le Drian grand favori pour prendre la tête de l’IMA en mars

Sauf énorme surprise, Jean-Yves Le Drian devrait être le nouveau président de l’Institut du monde arabe, pour en faire plus que jamais "un outil d’influence géostratégique" au service des intérêts de la France d’Emmanuel Macron.

Jean-Yves Le Drian grand favori pour prendre la tête de l’IMA en mars

Le 8 février 2023 à 18h12

Modifié le 8 février 2023 à 19h13

Sauf énorme surprise, Jean-Yves Le Drian devrait être le nouveau président de l’Institut du monde arabe, pour en faire plus que jamais "un outil d’influence géostratégique" au service des intérêts de la France d’Emmanuel Macron.

L’ancien ministre français de la Défense et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est en passe de damer le pion à Jack Lang, actuel président de l’Institut du monde arabe (IMA), qui avait réussi à faire rayonner ce temple de la culture arabe en France et dans le monde. C’est ce que nous apprenons de sources concordantes généralement bien informées sur le sujet.

C’est au président de la République française, Emmanuel Macron, que reviendra la décision de remplacer ou de reconduire Jack Lang à la tête de l’Institut du monde arabe. Ce troisième mandat de l’ancien ministre de la Culture de François Mitterrand touche à sa fin. Le successeur devra être désigné en mars prochain.

Jack Lang a émis le souhait de se présenter pour un autre mandat. A son crédit, il a réussi à redonner à cette institution un nouveau souffle dès son arrivée en 2013. Son bilan est jugé plus que satisfaisant par les spécialistes, en grande partie grâce à sa personnalité et à son réseau. Mais le poids de ses 83 ans devient lourd et ne plaide pas en sa faveur.

Ce poste, qui offre des conditions confortables et octroie à son titulaire une influence dans le monde de la diplomatie et de la culture, est très convoité dans les hautes sphères du pouvoir à Paris. Durant ces dernières semaines, le nom qui revient avec insistance dans la presse française est celui de Jean-Yves Le Drian, qui se sert de sa proximité avec Emmanuel Macron pour briguer ce poste.

Une source informée nous confirme que le contact a déjà été établi avec plusieurs gouvernements arabes pour créer un consensus autour de Jean-Yves Le Drian. Car même si le choix final revient à Emmanuel Macron, il doit se faire en consultation avec les pays arabes membres.

Le financement étant en grande partie français, les pays arabes ont peu d’influence sur le choix du président

Situé à Paris, plus exactement place Mohammed V, dans le Ve arrondissement, ce complexe culturel unique en son genre en Occident est considéré comme un outil de soft power aux mains de la France.

Les pays arabes sont représentés à égalité avec la France dans le conseil d’administration. En effet, l’IMA a été créé en 1980 en partenariat avec la Ligue arabe. La France entendait alors raffermir ses relations avec le monde arabo-musulman.

Au départ, les pays arabes devaient contribuer à son financement à hauteur de 40%, mais ce ne fut jamais le cas. Aujourd’hui, ils assurent à peine 10% de son fonctionnement, selon le journal français La Croix.

L’IMA reçoit chaque année 12,3 millions d’euros du ministère des Affaires étrangères en plus de 300.000 euros du ministère de l’Education nationale. Le reste est financé grâce aux recettes propres (expositions, évènements, restaurant, etc.).

Un financement de 6 millions d’euros a été perçu par le gouvernement français pour la refonte du Musée d’art moderne et contemporain. L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar contribuent également de façon ponctuelle à différents projets portés par l’IMA.

Jack Lang personnifie la relation que la France revendiquait avec le monde arabe

C’est à partir de 2013, lorsque Jack Lang en a pris la présidence, que l’IMA a retrouvé une seconde jeunesse, estime une source bien placée. Il a même réalisé des taux de fréquentation impressionnants, touchant toutes les couches de la population.

Grâce à ses relations et à sa crédibilité, il a réussi à trouver des donateurs d’œuvres d’art, des sponsors et des financements en dehors des gouvernements. Le magazine français L’Express le décrit comme une personne énergique, omniprésente et dévouée à sa mission à la tête de cette institution.

C’est surtout un homme de grande culture qui représente bien l’idée à l’origine de la création de l’Institut du monde arabe : celle d’une France indépendante, proche et respectueuse des pays arabes. Ce fut la vision adoptée par Charles de Gaulle, François Mitterrand et surtout Jacques Chirac. Mais, depuis, la relation de la France avec le monde arabe a bien changé, estime Ahmed Faouzi, ancien ambassadeur marocain et expert en relations internationales.

L’IMA sous Le Drian sera "un outil dans la bataille d’influence"

Car cette époque semble révolue. Aujourd’hui, la France n’a plus la même relation avec le monde arabe. Lorsque le chef de l’Etat ou le ministre des Affaires étrangères s’y rend, c’est surtout pour vendre des armes ou acheter des hydrocarbures. Dans le cas contraire, c’est la machine médiatique française qui s’active pour dénoncer de supposées violations des droits de l’homme ou le non-respect de l’environnement.

Jean-Yves Le Drian, connu pour sa grande proximité avec l’industrie de l’armement française, symbolise bien ce courant. Il représente cette nouvelle France obsédée par la vente d’armes.

L’entourage de l’ancien ministre français de la Défense ne s’en cache pas. Selon le journal français Le Monde, un soutien de Le Drian considère que "l’IMA n’est pas le musée du monde arabe et doit évoluer, élargir son champ dans la bataille d’influence mondiale ouverte par la Russie et la Chine", et qu’il était temps d’en faire "un réel outil d’influence géopolitique".

Jean-Yves Le Drian est également connu pour son tropisme algérien, ayant même enseigné en 1966-1967 en Kabylie et à Alger. Alors qu’Emmanuel Macron cherche à nouer d’importants contrats avec l’armée algérienne, au détriment de ses relations avec le Maroc, ce sera certainement l’une des cartes à jouer pour le président français.

Au vu de ce contexte, et étant donné qu’il s’agit d’une décision souveraine de la France, la position officielle marocaine devrait rester neutre, selon Ahmed Faouzi.

Rappelons tout de même que l’Institut du monde arabe a toujours eu de bonnes relations avec le Maroc. D’ailleurs, une grande exposition de l’IMA devra très prochainement faire le tour de plusieurs villes du Royaume. Jack Lang, l’actuel président, en assurera l’inauguration, fin février, au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain.

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