Télémédecine : cabines, chariots et moniteurs... des dispositifs 100% marocains conçus par Mediot

La filiale du groupe Aba Technology, spécialisée dans la santé connectée, lance sur le marché une large gamme d’équipements de télémédecine produits localement. Elle ambitionne ainsi de remédier au désert médical au niveau de nombreuses communes rurales, mais aussi de faciliter l’accès à différentes spécialités de la médecine.

Télémédecine : cabines, chariots et moniteurs... des dispositifs 100% marocains conçus par Mediot

Le 25 novembre 2022 à 13h50

Modifié 25 novembre 2022 à 13h50

La filiale du groupe Aba Technology, spécialisée dans la santé connectée, lance sur le marché une large gamme d’équipements de télémédecine produits localement. Elle ambitionne ainsi de remédier au désert médical au niveau de nombreuses communes rurales, mais aussi de faciliter l’accès à différentes spécialités de la médecine.

Ces équipements ont été présentés en marge de la première conférence sur la réduction des risques en santé, tenue du 16 au 18 novembre à Marrakech, notamment en présence du conseiller du Roi Mohamed VI, André Azoulay, du chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, et du ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb.

Joint par nos soins, le Dr Saâd Chaacho, directeur général délégué de Mediot et ex-directeur de la Société médicale de télémédecine (SMT), qui porte les projets de santé connectée au sein du groupe Aba Technology, nous livre des précisions sur ces dispositifs made in Morocco.

"Des équipements 100% marocains"

"Nos solutions de télémédecine sont déclinées en plusieurs variantes adaptées à chaque cas d’usage", nous indique-t-il. "Il s'agit notamment de dispositifs portables, moniteurs, chariots et cabines de télémédecine, qui intègrent un dossier patient informatisé en ligne et qui sont nativement interfaçables avec les systèmes d’information tiers comme les systèmes d'informations hospitaliers (SIH)".

"Nos solutions sont totalement ouvertes et permettent de connecter tous types d’instruments médicaux", ajoute notre source. "La cabine, en particulier, se démarque des autres produits similaires du marché par sa capacité à réaliser en son sein des examens à haute technicité tels que la télé-échographie du corps entier."

"Et pour étendre les capacités de nos dispositifs au-delà de la visioconférence, nous intégrons plusieurs instruments connectés de classe médicale, permettant au télé-médecin de réaliser des examens complémentaires afin d'établir des diagnostics équivalents au présentiel : échographie cardiaque, vasculaire, digestive et gynéco-obstétrique, tensiomètre, otoscope, dermatoscope, électrocardiogramme (ECG), oxymètre, iris-scope, stéthoscope, thermomètre infrarouge, balance avec impédancemétrie, toise à ultrasons, etc."

"Par ailleurs, nos équipements intègrent en exclusivité notre Gateway Health Connect+, permettant de connecter, en plus, tous types d’équipements spécifiques à la demande du client, y compris les équipements hospitaliers."

Et de préciser : "Nos solutions sont entièrement conçues et réalisées au Maroc, au sein de nos propres installations à Casablanca et à Bouskoura, et bénéficient de la synergie de nos différentes équipes d’ingénierie, de design, de supply chain, de développement informatique, d’expert médicaux et biomédicaux, etc. Nous intégrons par ailleurs des instruments médicaux tiers sélectionnés minutieusement par nos équipes pour leur qualité et leurs fonctionnalités."

"Concernant le coût de l’investissement, il est de 5 à 10 millions de dirhams pour les besoins du prototypage, contre un montant de 30 millions de dirhams pour l’industrialisation et la production en série."

Téléconsultation, mode d'emploi

Concrètement, comment une téléconsultation est-elle réalisée à l'aide de ces équipements ?

"Dans un scénario classique de téléconsultation, le patient est accueilli par un auxiliaire de télémédecine convenablement formé par nos soins, qui se charge de l’identifier sur la plateforme de télémédecine, de gérer ses rendez-vous et d’établir la visioconférence avec le télé-médecin", précise le directeur général délégué de Mediot.

"Les échanges entre le patient et ce dernier s’établissent naturellement et, à sa demande, plusieurs instruments peuvent être utilisés pour établir le diagnostic. A la fin de la téléconsultation, le médecin peut alors rédiger une ordonnance, prodiguer des conseils, envisager un transfert vers une structure de soins physique ou proposer de revoir le patient en téléconsultation à une date ultérieure, selon l’état du patient."

"D’autres scenarii d’usage sont également possibles : mode autonome déconnecté pour exploiter directement les instruments, mode borne pour accéder au dossier patient partagé et mode interactif par le patient lui-même pour réaliser un check-up santé au sein de la cabine."

Qu'en est-il de la faisabilité sur le terrain ?

"Depuis la législation de la télémédecine et sa règlementation au Maroc, il y a eu une réelle prise de conscience de son intérêt, notamment après l’émergence de la Covid-19. Cette pandémie a suscité l’engouement des professionnels de santé pour les nouvelles solutions de télémédecine, et a fini par les convaincre de leur efficacité."

"Par ailleurs, la persistance des déserts médicaux, qui concernent plus de 1,3 million de citoyens marocains, justifie largement l’adoption de la télémédecine, qui nécessite des solutions professionnelles et adaptées au contexte national", souligne notre interlocuteur, notant que "dans 123 communes, il faut environ deux heures pour arriver chez le médecin le plus proche, alors que durant ces deux heures de temps, de nombreuses complications peuvent survenir".

"C’est dans cette optique que Mediot a développé ses propres solutions, estimant qu’il existe désormais un besoin réel de produits marocains adaptés et dispensant notre pays de la dépendance envers les technologies étrangères, promouvant ainsi notre souveraineté technologique et sanitaire nationale tout en proposant des produits de qualité à des prix compétitifs."

Ainsi, en termes d’attractivité, "des solutions développées par des sociétés locales seront plus attractives pour les organismes intéressés, les solutions importées étant souvent très chères."

"Il y a déjà eu des expériences en télémédecine au Maroc, cette pratique étant régie depuis environ quatre ans", rappelle le Dr Saâd Chaacho.

"Jusque-là, il y a eu énormément de téléconsultations en médecine générale, en dermatologie ou toute autre spécialité qui se prête à la télémédecine, mais en ayant recours à des solutions étrangères. Jusqu’à présent, il n’y a jamais eu de production marocaine dans ce sens." C’est donc une première.

"Comme expliqué précédemment, il s’agit de nombreux équipements, dont la cabine de télémédecine qui est une nouveauté. Au Maroc, on n’en a jamais utilisé. En revanche, on avait recours à d’autres équipements, tels que les chariots de télémédecine importés".

"On peut dire que la télémédecine au Maroc se faisait de manière traditionnelle, en majorité des cas à travers des smartphones, par WhatsApp ou par Skype, mais ceux-ci ne pourront jamais remplacer les équipements médicaux. Cela signifie que le télémédecin consultant se limite à ce qu’il voit. Il ne peut donc pas mesurer un ensemble d’indicateurs, qui permettent de donner plus d’informations sur l'état du patient. On parlait donc plutôt de téléconseil ou d’avis médical à distance."

Par ailleurs, "il faut savoir que la loi marocaine interdit que les données médicales des patients transitent à l’étranger. Pour les utiliser, à travers les équipements que nous avons développés, nous avons entamé tout une procédure pour avoir l’accord de la Commission nationale de contrôle de protection des données à caractère personnel (CNDP). Ce sont donc des solutions intégrées de bout en bout, tout en respectant la confidentialité des données médicales".

"Ces solutions facilitent l'accès à différentes spécialités"

Ces équipements "permettront également d’accéder plus facilement aux différentes spécialités. Dans certaines régions, il y a un manque de spécialistes qui préfèrent plutôt s’installer dans des villes plus lucratives. Ces solutions permettront ainsi aux citoyens de bénéficier de certaines spécialités dont ils ne disposent pas dans leur ville de résidence".

Toutefois, "ces solutions se limitent aux spécialités qui se prêtent à la télémédecine, et donc aux spécialités médicales telles que la dermatologie, la cardiologie et autres."

"Au Maroc, le dernier décret d’application relatif à la télémédecine n’a pas encore réglé la problématique des spécialités chirurgicales. De ce fait, les opérations chirurgicales ne se prêtent pas à la télémédecine. Toutefois, les chirurgies peuvent se faire au niveau des hôpitaux ou cliniques, mais le suivi peut, lui, se faire à distance, pour évaluer l'état de santé du patient par un télémédecin, sans qu’il n’ait à se déplacer".

Des équipements destinés aux secteurs public et privé

"Les produits sont aussi bien déployables au sein des établissements de santé existants (dispensaires, centres de santé, cliniques et hôpitaux) qu’au niveau de structures tierces comme des entreprises, des hôtels ou d’autres collectivités, un cas d’usage particulièrement adapté à la cabine ou au chariot accompagné d’un lit", indique le Dr Chaacho.

"Quant au modèle commercial envisagé, toutes les variantes demeurent possibles (vente, location, mise à disposition avec prestation conjointe de téléconsultation ou de télé-expertise…) selon les besoins spécifiques de nos clients."

Pour ce qui est du secteur concerné, "les deux secteurs, public et privé, peuvent indifféremment bénéficier de nos solutions et de nos prestations associées", souligne-t-il. "La polyvalence de nos produits les destine également aux fondations à but non lucratif ainsi qu’à l’export."

Où en est la télémédecine au Maroc ?

"C’est une pratique réglementée", assure le Dr Chaacho. "Il y a deux décrets d’application qui instaurent la télémédecine sous ses cinq formes, notamment la téléconsultation et la télé-expertise."

En effet, le cadre juridique de la télémédecine est établi par les articles 99 à 102 de la loi 131-13 (février 2015), relative à l’exercice de la médecine. Ces articles définissent la télémédecine comme partie prenante des actes de soins.

Un décret d’application (2-18-378), publié en juillet 2018 au Bulletin officiel, est ensuite venu compléter cette loi avec quelques éclaircissements. Ce décret définit les types d’actes dans la télémédecine, à savoir la téléconsultation, la télé-expertise, la télésurveillance et la télé-assistance, et fixe les conditions pour la pratiquer.

Un autre décret d’application (2-20-675) a été publié en janvier 2021, modifiant et complétant le précédent.

"Le premier décret précisait que la téléconsultation doit être faite entre un médecin et un patient, lequel doit être accompagné par un infirmier, sauf que cette condition présentait un frein au déploiement de la télémédecine. La présence d’un infirmier peut ne pas être nécessaire dans certains cas."

"La seconde version de ce décret a assoupli les conditions relatives à la téléconsultation, en précisant que lors de la téléconsultation, un professionnel 'peut' être présent, sans que cela ne soit une condition à la téléconsultation" (article premier, alinéa 1, NDLR).

Notant que la société Mediot est une filiale du  groupe Aba Technology, qui est un opérateur global et intégré de la med-Tech et la e-santé.

La société Mediot se caractérise par son intégration tout au long de la chaîne de valeur des soins :

  • Conception et fabrication de dispositifs : chariots et cabines de télémédecine et dispositifs connectés ;
  • Edition et intégration de solutions logicielles : systèmes d’information hospitaliers et applications mobiles… ;
  • Gestion déléguée des établissements de santé de toutes tailles : centres de santé, cliniques, et hôpitaux.


Chariot de télémédecine développé par Mediot

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