Éducation : Benmoussa promet un choc budgétaire de 26 MMDH pour mettre en œuvre ses engagements

Pour financer la feuille de route présentée ce jeudi par Chakib Benmoussa, le gouvernement accordera une enveloppe moyenne de 5 milliards de dirhams par an au département de l’Éducation, qui devrait atteindre 88 milliards de dirhams en 2026, contre 62,5 milliards en 2022. Un montant qui correspond au choc budgétaire recommandé par le Nouveau Modèle de développement.

Éducation : Benmoussa promet un choc budgétaire de 26 MMDH pour mettre en œuvre ses engagements

Le 10 novembre 2022 à 18h35

Modifié 21 novembre 2022 à 9h41

Pour financer la feuille de route présentée ce jeudi par Chakib Benmoussa, le gouvernement accordera une enveloppe moyenne de 5 milliards de dirhams par an au département de l’Éducation, qui devrait atteindre 88 milliards de dirhams en 2026, contre 62,5 milliards en 2022. Un montant qui correspond au choc budgétaire recommandé par le Nouveau Modèle de développement.

Le ministre de l’Éducation a présenté, ce jeudi 10 novembre, sa feuille de route pour la réforme de l’école. Une feuille de route qu’il a qualifiée de « très ambitieuse », dans la conférence de presse qui a suivi la présentation faite en Conseil de gouvernement.

Ambitieuse dans les objectifs fixés, mais également dans la méthodologie de sa mise en application, insiste le ministre.

« Cette feuille de route ne se contente pas de présenter des principes généraux mais contient un programme d’actions qui sera mis en place dès cette année, avec une évaluation qui sera faite en continu », explique Chakib Benmoussa.

Le ministre parle ainsi de « rupture » dans la mise en œuvre de la réforme, en passant d’un mode d’opérationnalisation axé sur les moyens et les procédures à une réforme axée sur l’impact au sein des classes.

Cette approche consiste en un suivi rigoureux de la mise en œuvre des actions engagées et une mesure systématique de l’impact sur l’élève. Ainsi, une expérimentation préalable des différentes actions sera effectuée pour en vérifier l’efficacité sur le terrain avant leur généralisation à l’ensemble du territoire.

L’élève, l’enseignant et l’école : les trois leviers de la réforme

Partagée et discutée avec plus de 100.000 participants - élèves, enseignants, familles et établissements -, cette feuille de route fait un focus sur trois objectifs stratégiques à l’horizon 2026, mettant l’accent sur la maîtrise des apprentissages fondamentaux, l’accès aux activités parascolaires et la réduction de la déperdition scolaire.

Des objectifs qui passent par trois axes d’intervention : l’élève, l’enseignant et l’établissement scolaire. Le tout à travers 12 engagements apportant, comme le souligne le ministre, un changement tangible pour ces trois parties prenantes de l’école.

Le ministère se fixe des objectifs chiffrés sur ces différents volets :

- doubler le taux des élèves du primaire maîtrisant les fondamentaux ;

- doubler le taux des élèves bénéficiant d’activités parascolaires ;

- réduire d’un tiers la déperdition scolaire.

Cela passera, selon Chakib Benmoussa, par une approche systémique agissant sur les trois composantes fondamentales du système éducatif :

- des élèves épanouis, maîtrisant les compétences de base et achevant leur scolarité obligatoire ;

- des enseignants valorisés et performants, pleinement engagés pour la réussite des élèves ;

- des établissements offrant un cadre accueillant et sécurisant, animé par un esprit de coopération entre l’ensemble des acteurs.

Les 12 engagements de Chakib Benmoussa

Pour atteindre ces objectifs, le ministre a pris 12 engagements qui sont contenus dans la feuille de route.

Pour les élèves, cinq engagements sont pris :

- Un préscolaire de qualité, régulé par l’Etat et généralisé pour préparer l’ensemble des élèves à la réussite scolaire.

- Des programmes et des manuels scolaires favorisant l’acquisition des compétences fondamentales et la maîtrise des langues.

- Un suivi et un accompagnement personnalisés pour aider les élèves à surmonter les difficultés d’apprentissage.

- Une orientation des élèves vers de nouveaux parcours adaptés à leurs profils pour augmenter leurs chances de réussite.

- Un appui social renforcé pour promouvoir l’égalité des chances entre les élèves.

Trois engagements concernent le corps des enseignants :

- Une formation d’excellence tournée vers la pratique, permettant aux enseignants d’adopter une pédagogie efficace et bienveillante.

- Des conditions de travail améliorées pour répondre aux besoins des enseignants et renforcer davantage leur impact sur les élèves.

- Un système de gestion de carrière incitatif et valorisant pour encourager les efforts des enseignants au profit des élèves.

Le ministre a profité de l’occasion pour évoquer la problématique des professeurs contractuels qui fait beaucoup de bruit. Un problème qui est en passe d’être résolu, déclare-t-il, dans le cadre du dialogue social avec les syndicats.

« Avant la fin de cette année, tous les enseignants seront intégrés dans un statut unifié garanti par l’Etat, offrant les mêmes droits et les mêmes perspectives de carrière à tous, tout en préservant la logique de régionalisation des recrutements. Car c’est une orientation stratégique de l’Etat », annonce le ministre.

Ce point reste toutefois toujours en discussion avec les syndicats. « Le dialogue a commencé en début d’année. Nous sommes arrivés à un consensus sur plusieurs points, mais il reste encore quelques points en suspens qui sont toujours en cours de discussion. Mais nous sommes globalement optimistes quant aux résultats de ce dialogue. »

Quant aux établissements scolaires, quatre engagements sont pris :

- Des établissements accueillants, bien équipés et utilisant le numérique

- Un directeur au leadership renforcé pour améliorer la qualité de l’établissement

- Un esprit de coopération entre les acteurs de l’établissement pour instaurer un climat de confiance et de sécurité

- Des activités parascolaires et sportives au service de l’épanouissement des élèves

Pour évaluer la bonne application des ces actions et l’atteinte de ces objectifs, le ministère s’engage sur une communication continue sur les réalisations et les résultats de la réforme à travers des bulletins semestriels, avec des rendez-vous fixés dès aujourd’hui :

- En 2022-2023, des évaluations objectives seront réalisées pour mesurer les impacts préliminaires sur un réseau d’établissements pionniers.

- En 2024-2025, les premiers impacts seront visibles à l’échelle nationale, à travers notamment le PNEA.

- En 2026-2027, les impacts seront visibles dans les tests internationaux ( PIRLS, TIMSS, etc).

Des organismes d’assurance qualité pour évaluer la réforme de manière continue

Selon le ministre, cette feuille de route et l’ensemble des objectifs ciblés nécessitent trois conditions de succès : la gouvernance, l’engagement des acteurs et le financement.

Sur le volet de la gouvernance, la feuille de route apporte une innovation majeure, en s’appuyant sur une démarche d’assurance qualité.

Des organismes internes d’assurance qualité seront ainsi mis en place pour responsabiliser les acteurs et les engager dans une démarche d’amélioration. Ces organismes seront de trois nature : les premiers auront la charge de l’évaluation régulière et objective des acquis des élèves. Les deux autres se focaliseront sur la qualité de la formation des enseignants et la labellisation des établissements selon des standards de qualité.

Autre condition de réussite selon le ministre : l’engagement des acteurs. Un pacte d’engagement est ainsi prévu permettant d’installer une démarche de co-construction engageant toutes les parties prenantes du système éducatif.

« Un cadre de construction collective où toutes les parties prenantes (acteurs du système éducatif, parents, société civile, volontaires, etc.) interagissent pour mettre en œuvre la feuille de route et améliorer la qualité de l’école publique », précise la feuille de route.

Cela passera, selon le ministre, par l’ouverture de l’école publique sur les associations et initiatives sociétales innovantes, le développement des capacités des acteurs, la mutualisation des ressources et le développement de financements innovants, ainsi que la création d’un espace pour renforcer et référencer les initiatives innovantes pour un impact à long terme et à plus grande échelle.

Le budget de l’éducation dépassera la barre des 20% du Budget général de l’État d’ici 2026 

Mais comme toute réforme stratégique de grande ampleur, cette feuille de route nécessitera également des financements colossaux pour avoir un impact tangible sur le terrain. Et c’est la troisième garantie du succès de ce projet porté par Chakib Benmoussa.

Le ministre voit les choses en grand et compte réaliser le fameux choc budgétaire recommandé par le Nouveau Modèle de développement, dont il présidait la commission, pour concrétiser cette réforme.

Et ce choc budgétaire se montera, selon les annonces du ministre, à 26 milliards de dirhams sur cinq ans.

« On table sur une croissance du budget de l’éducation nationale de 5 milliards par an. En 2022, le budget a déjà été augmenté de 6% et sera renforcé de 10% en 2023, comme le prévoit le projet de loi de finances », indique Chakib Benmoussa.

En détail, ce choc budgétaire qui intervient, il faut le noter, dans un contexte dur pour les finances publiques, fera passer le budget de l’éducation nationale de 62,5 milliards de dirhams en 2022 à 88 milliards en 2026, soit 26 milliards de plus. En 2026 donc, ce budget qui représente actuellement 5,2% du PIB, passera à 5,8% du PIB. Et restera toujours un des gros postes budgétaires de l’Etat, avec une part de 21% du Budget général de l’Etat, contre 19% en 2021.

Un effort non négligeable auquel va s’ajouter, précise le ministre, l’appui des collectivités territoriales (régions, provinces, municipalités) au volet social.

« Cette feuille de route représente une opportunité pour recréer la confiance des citoyens en l’école publique. Nos objectifs sont très ambitieux, et leur mise en œuvre nécessite une mobilisation de l’ensemble des acteurs. Et je peux vous assurer que les conditions de succès sont toutes réunies pour changer les choses, recréer cette confiance en notre école publique », conclut Chakib Benmoussa.

La feuille de route 2022-2026 de la réforme de l'éducation: 12 engagements mesurables

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