Prix des carburants : prolongement de l'aide critiquée aux professionnels du transport

Round-up. L'aide accordée aux professionnels du transport routier pour remédier à leurs difficultés face à la hausse des prix du carburant n'était pas la solution la plus pertinente. Malgré les critiques, le gouvernement décide de la renouveler pour un deuxième mois car les prix du carburant n'ayant toujours pas baissé.

Prix des carburants : prolongement de l'aide critiquée aux professionnels du transport

Le 30 avril 2022 à 9h00

Modifié 30 avril 2022 à 9h00

Round-up. L'aide accordée aux professionnels du transport routier pour remédier à leurs difficultés face à la hausse des prix du carburant n'était pas la solution la plus pertinente. Malgré les critiques, le gouvernement décide de la renouveler pour un deuxième mois car les prix du carburant n'ayant toujours pas baissé.

Le gouvernement a décidé de verser une subvention exceptionnelle supplémentaire pour les transporteurs routiers. Le niveau actuel des prix du carburant ne permet toujours pas de s’en passer, a expliqué le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, lors du point de presse à l’issue du Conseil de gouvernement de ce jeudi 28 avril. Elle sera du même montant que la précédente, a précisé une source gouvernementale à Médias24.

Cette aide a été la réponse gouvernementale à la forte hausse des prix du carburant enregistrée depuis février dernier. Les syndicats et associations des professionnels du transport routier, toutes catégories confondues, avaient sévèrement protesté, allant pour certains d’entre eux jusqu’à la grève, face à cette situation qui les a mis en difficulté.

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, qui avait amorcé auparavant un dialogue avec les professionnels du secteur, à travers l’activation d’une commission conjointe qui travaillait sur un ensemble de propositions de réformes structurelles, a été contraint de trouver une solution immédiate pour éviter une grève générale du transport.

La solution la plus faisable à court terme

Il a expliqué, lors de sa dernière sortie au Parlement, que le gouvernement avait choisi la solution la plus faisable, compte tenu de l’urgence de la situation, celle d’octroyer une aide aux transporteurs en se référant aux bases de données dont il dispose.

Ainsi, près de 180.000 véhicules ont été recensés par le gouvernement, 145.000 d’entre eux ont déjà reçu ces aides, ce qui est équivalent à 80%. Cela correspond à 345 millions de dirhams versés par l'Etat aux transporteurs routiers.

La subvention est forfaitaire, et varie en fonction de la catégorie du transport et du véhicule. Elle est destinée à tous les professionnels du transport routier, à savoir les exploitants de camions, grands et petits taxis, véhicules de transport mixte, autocars, autobus, véhicules de transport touristique et de transport de personnel. 

Un portail internet a été mis en ligne par le gouvernement pour gérer tout le processus de demande et d’octroi de la subvention. Pour être éligible, il faut fournir une carte d’autorisation valide après le 1er janvier 2022 et une attestation de paiement de la taxe spéciale annuelle sur les véhicules au titre de l’année 2021. 

Voici les montants décidés pour chaque catégorie :

  • 2.200 DH pour les grands taxis
  • 1.600 DH pour les petits taxis
  • 1.800 DH aux véhicules de transport mixte dans le monde rural.
  • 7.000 DH pour les autocars intervilles
  • 6.200 DH pour les autobus
  • 2.800 DH pour les professionnels du transport touristique ayant des autocars de première série,
  • 1.400 DH pour les minibus de deuxième série,
  • 1.000 DH pour les véhicules de troisième série (TGR/TLS).
  • 1.000 DH pour véhicules de dépannage.
  • 2.600 DH pour les camions, dont le poids total autorisé en charge (PTAC) est supérieur à 3,5 tonnes et inférieur à 14 tonnes
  • 3.400 DH pour les camions, dont le PTAC est compris entre 14 et 19 tonnes
  • 4.200 DH pour les camions dont le PTAC est supérieur à 19 tonnes
  • 6.000 DH au profit des tracteurs routiers.
  • 1.200 DH pour chaque véhicule pour les professionnels du transport de personnel pour le compte d’autrui
  • 1.000 DH pour chaque véhicule affecté au transport scolaire pour le compte d’autrui.

Cette subvention est destinée à l'exploitant officiel et non pas à l’exploitant réel. Cette situation a créé quelques tensions, vu que le détenteur de l’autorisation n’exploite pas toujours lui-même le véhicule. Surtout qu'il existent qu'une personne détienne plusieurs autorisations, ce qui risque de transformer cette aide à une forme de rente pour certains. 

Une subvention contestée

Dans sa réponse aux députés ayant soulevé cette question à la Chambre des représentants, Mohamed Abdeljalil a recommandé aux chauffeurs de taxis qui n’auraient pas bénéficié de l’aide à travers l’exploitant, de le réclamer aux walis et aux gouverneurs de leurs provinces et préfectures.

Craignant que ces subventions ne se transforment en une nouvelle rente qui s’ajoute à celle des agréments, des députés ont demandé de publier la liste des bénéficiaires. Une demande qui a été rejetée par le ministre au motif qu’elles peuvent être considérées comme des données d'ordre privé. "A-t-on le droit de permettre qu’un enfant aille à l’école et qu’on lui dise que ton père a deux taxis ou un autocar ?", a-t-il rétorqué aux députés.

Les montants octroyés ont été également critiqués, jugés dérisoires par certains professionnels et représentants syndicaux sondés par Médias24. En effet, le prix du carburant a continué à augmenter même après l’annonce de la subvention. Des appels pour un retour à la subvention générale des prix à la pompe ont alors commencé à émerger, balayés d’un revers de la main par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch.

L’indexation, une réforme structurelle qui prendra du temps

D’autre part, le ministre Mohamed Abdeljalil a évoqué l’intention du gouvernement de permettre l’indexation des prix du transport de marchandise sur le cours du pétrole. Une revendication qui était portée par la profession et qui contribuera à résoudre le problème.

Contacté par Médias24, un responsable gouvernemental, qui a requis l’anonymat, a expliqué que ce n’était pas une solution pour le court terme ; elle ne vise pas à résoudre la crise actuelle, mais à faire face aux possibles crises futures d’augmentation du prix des hydrocarbures, car elle nécessite une réforme de la loi avec le long processus législatif qui s'ensuit.

Elle permettra d’indexer le prix de la prestation de transport facturé au cours du pétrole, selon une certaine formule. Le transporteur routier de marchandise sera ainsi couvert sur le risque d’une hausse des prix du carburant. C’est une mesure qui existe déjà dans plusieurs pays développés, notamment chez les principaux partenaires commerciaux du Maroc, la France et l’Espagne, note notre source. 

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