Hydrocarbures : Akhannouch exclut tout retour à la subvention directe des prix

Le chef du gouvernement a été clair au sujet des hydrocarbures, lors de son passage au Parlement dans le cadre de la séance mensuelle de questions orales. Pour lui, si subvention il y a, elle sera adressée aux professionnels, les finances publiques ne pouvant supporter un retour, même temporaire, de ce produit dans le panier de la compensation, affirme-t-il.

Hydrocarbures : Akhannouch exclut tout retour à la subvention directe des prix

Le 18 avril 2022 à 21h08

Modifié 19 avril 2022 à 17h15

Le chef du gouvernement a été clair au sujet des hydrocarbures, lors de son passage au Parlement dans le cadre de la séance mensuelle de questions orales. Pour lui, si subvention il y a, elle sera adressée aux professionnels, les finances publiques ne pouvant supporter un retour, même temporaire, de ce produit dans le panier de la compensation, affirme-t-il.

Le sujet de la hausse des prix, notamment ceux des hydrocarbures, a été soulevé par tous les groupes parlementaires, ce lundi 18 avril, dans les questions adressées au chef du gouvernement. Face aux critiques de l’opposition qui dénoncent la passivité du gouvernement devant la flambée des prix à la pompe, et son impact sur le pouvoir d’achat des ménages, Aziz Akhannouch n'a pas esquivé les questions.

Abordant sans complexe ce volet où il a souvent été mis en cause, en raison de sa double casquette de politique et d’actionnaire de référence du premier distributeur pétrolier du pays, le chef du gouvernement a eu le mérite d’être clair dans la politique qu’il entend poursuivre. Pour lui, il n’est pas question que l’Etat subventionne de nouveau les prix du gasoil et de l’essence.

Akhannouch-Benkirane : même ligne

« On ne peut pas subventionner les hydrocarbures et laisser un trou dans les finances publiques. Ce serait irresponsable, et on ne le fera jamais », a-t-il lancé aux députés de la nation, notamment à Abdellah Bouanou. Le chef de l’équipe PJD a été particulièrement virulent avec le chef du gouvernement à ce sujet, évoquant de nouveau l'enquête parlementaire sur les marges des distributeurs.

« Ssi Bouanou, je pense que votre chef ne sera pas d’accord avec ce que vous dites… », rétorque Aziz Akhannouch au député PJD, faisant référence au leader du parti islamiste, Abdelilah Benkirane.

Une référence qui n’est pas fortuite, puisque Benkirane tenait le même discours lors de sa mandature, lui qui a fait passer cette réforme impopulaire en s’appuyant sur l’argumentaire de la fragilité des finances publiques.

Aziz Akhannouch a tenu en fait le même discours que Abdelilah Benkirane, que beaucoup qualifiaient à l’époque de « sensé » et de « courageux », confirmant qu’il était contre les subventions directes ; un principe de base qu’il avait d’ailleurs mis sur la table lors des négociations pour la constitution du gouvernement Benkirane, après les élections législatives de 2016.

Une idée qui se traduit également dans les faits, dans l’action politique du gouvernement RNI, qui malgré la hausse record et inédite des prix à la pompe, n’a pris aucune disposition pour créer, comme l’ont fait plusieurs Etats dans le monde, un bouclier pour protéger le pouvoir d’achat des automobilistes… à part le mécanisme d’aide (indirecte) octroyé aux transporteurs. Akhannouch a insisté au Parlement sur le fait que ce système est la seule solution viable et rationnelle pour éviter la transmission de la hausse des prix à la pompe à d’autres marchandises.

Le gouvernement a pourtant plusieurs leviers à sa disposition pour intervenir et amortir le choc de la flambée des prix sur le citoyen, comme l’ont signalé nombre de députés de l’opposition (USFP-MP-PPS-PJD…) lors de leurs interventions : une baisse temporaire de la TIC, le recours au plafonnement temporaire des prix comme le stipule la loi sur la liberté des prix, le plafonnement des marges des pétroliers, etc.

Mais le chef du gouvernement n’a réagi à aucune de ces idées, se contentant de défendre sa ligne actuelle : pas de subvention directe et, si aide il y a, elle ira aux professionnels du transport. Et ce, malgré les nombreuses défaillances dans ce mécanisme d’aide aux transporteurs soulevées par les députés, comme le fait d’octroyer l’aide financière aux seuls détenteurs d’agréments de transport au détriment des professionnels qui travaillent au quotidien dans le secteur. Là encore, aucune réponse du chef du gouvernement.

Etant opposé aux aides directes, le chef du gouvernement a cependant omis de préciser, que la réforme de la Caisse de compensation visant à sa suppression, avait pour corollaire la mise en place de la réforme du ciblage des aides, à travers le Registre social unifié (RSU). Un chantier qui cumule un important retard, et pour lequel le gouvernement ne donne aucune visibilité sur son avancement, en sachant que son calendrier initial visait une phase pilote en 2020 et une généralisation en 2024. Un calendrier qui a été révisé en 2020, prévoyant le lancement  du RSU en 2022 dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, avec une généralisation entre 2023 et 2025 dans l’ensemble des régions du Royaume.

Marges des pétroliers : Akhannouch passe à la contre-offensive

Cela dit, Aziz Akhannouch, qui a toujours évité de soulever le sujet brûlant des marges, a tenu à marquer le coup, qualifiant les allusions à l’enrichissement des pétroliers en ces temps de crise d’allégations mensongères.

« Tout ce qui se dit sur les marges des pétroliers est du pur mensonge », lance-t-il aux nombreux députés qui ont évoqué le sujet. « Les distributeurs pratiquent aujourd’hui les mêmes marges qu'en 1997 », affirme le chef du gouvernement, pour indiquer que le niveau des marges est non seulement bas, mais correspond au niveau réalisé par les opérateurs il y a un quart de siècle… Une affirmation qui mérite d’être vérifiée.

Évoquer le sujet des marges des pétroliers est une première pour Aziz Akhannouch, car cette polémique reste depuis 2017 une épine dans le pied, son talon d’Achille. Dans cette sortie qui portait sur la situation économique du pays, le chef du gouvernement a, semble-t-il, voulu crever l’abcès et enclencher une stratégie de contre-attaque directe et assumée vis-à-vis de ses adversaires. Le tout en étant complètement décomplexé, aussi bien sur la forme de sa communication que sur le fond. Une nouveauté qui constitue un virage dans la com’ du président du RNI.

In fine, nous retenons de cette sortie (dans sa partie portant sur les hydrocarbures) trois éléments :

- Le sujet des hydrocarbures ne constitue plus un tabou pour Aziz Akhannouch.

- Le chef du gouvernement a tranché quant à l'éventuelle subvention des hydrocarbures, que ce soit via le mécanisme légal de plafonnement des prix ou le retour des produits raffinés dans le portefeuille de la Caisse de compensation.

- Les aides et subventions des hydrocarbures seront octroyées exclusivement aux professionnels.

Des positions fermes, qui restent sujettes à débat, mais qui ont au moins le mérite d’être claires et d'assoir désormais la ligne politique du gouvernement sur le sujet.

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