Les 90 jours du gouvernement Akhannouch : timide performance politique

Pour ses trois premiers mois d’exercice, l’équipe gouvernementale ne s’est pas illustrée par sa présence politique. Malgré une cohésion certaine de la majorité, l’exécutif et ses ministres pèchent par manque de communication, créant un sentiment de vide politique.  

Les 90 jours du gouvernement Akhannouch : timide performance politique

Le 6 janvier 2022 à 18h46

Modifié 6 janvier 2022 à 19h35

Pour ses trois premiers mois d’exercice, l’équipe gouvernementale ne s’est pas illustrée par sa présence politique. Malgré une cohésion certaine de la majorité, l’exécutif et ses ministres pèchent par manque de communication, créant un sentiment de vide politique.  

Cela fait 90 jours que Aziz Akhannouch et ses ministres exercent leur fonction gouvernementale de manière officielle. Une tradition internationale dit que l’on ne peut juger la performance d’un gouvernement qu’au bout des 100 premiers jours. Nous avons choisi, à Médias24, de ne pas attendre ces 100 jours et de commencer à faire le bilan du nouvel exécutif dès ses 90 jours, dans une série d’articles consacrés au travail gouvernemental en général, politique et économique, mais aussi aux ministères les plus en vue.

Ce premier article abordera le volet politique de l’action du gouvernement dans sa globalité. L’exercice est difficile, car il n’y a presque aucun élément tangible ou quantitatif pour jauger l’action politique de ce gouvernement.

Une majorité solidaire, mais absente politiquement

Tout ce que l’on peut émettre comme jugement relèvera de la critique subjective, mais factuelle.

Et la première chose à noter, qui est plutôt positive, c’est la cohésion de la majorité. Composé de trois partis, le RNI, le PAM et l’Istiqlal, ce gouvernement n’a pas montré jusque-là des signes de fissure. Pas de rixes entre ministres, entre groupes parlementaires, aucun coup de poignard dans le dos… Aziz Akhannouch semble bien tenir son gouvernement. Et c’est tant mieux. Cela est déjà, en soi, un signe de rupture avec les gouvernements précédents.

Mais les points positifs s’arrêtent malheureusement là. Car pour le reste, la nouvelle équipe aux affaires, quoique cohérente en apparence, n’a pas encore fait preuve de l’audace et du courage politique que l’on attendait d’elle. Au contraire, c’est un vide politique assourdissant qui semble s’installer depuis la montée aux affaires du gouvernement.

Un vide que l’on a pu constater dans plusieurs affaires d’une grande importance, où la communication politique était totalement absente, voire maladroite. Comme dans l’affaire du pass vaccinal imposé aux citoyens, mesure qui est peut-être légitime d’un point de vue technique, mais qui a été mal gérée, créant de fortes tensions sociales.

Idem pour la poursuite de la politique du recrutement des enseignants contractuels, qui est apparue sans alerte ou information préalable, dans le PLF 2022, suscitant une forte indignation de cette catégorie qui s’attendait à un changement de direction et de politique en la matière. Là aussi, il a fallu du temps pour que le gouvernement explique sa position ou sa vision sur ce sujet brûlant qui cristallisait beaucoup d’attentes.

Un désespoir qui a pris une dimension encore plus grande avec la décision de fixer l’âge de recrutement des enseignants contractuels à 30 ans. Une autre mesure qui peut se justifier techniquement, mais qui n’a pas été accompagnée d’une communication politique efficace et pédagogique. Et ce malgré la sortie, quelques jours plus tard, du ministre de l’Éducation, suivie du soutien, annoncé un peu sur le tard, de son chef de gouvernement et du ministre de la Justice et secrétaire général du PAM, Abdellatif Ouahbi.

Même « péché » ou presque dans un autre dossier hautement sensible : le retrait surprise du projet de réforme du Code pénal, interprété par plusieurs franges de la société et du monde politique comme une tentative d’étouffer l’article sur l’enrichissement illicite. Là aussi, le gouvernement a dû jouer au pompier après que la maison a pris feu, avec les sorties du ministre de la Justice qui a justifié cet acte par sa volonté de produire une nouvelle réforme, dans un esprit moderniste qui tranche avec la vision conservatrice de la première mouture du projet déposé par le PJDiste Mustapha Ramid.

Sur ces trois sujets qui ont suscité la polémique, le gouvernement a montré, comme l’estiment beaucoup d’observateurs et d’analystes politiques, qu’il manquait de tact politique. Et qu’il gérait les affaires en silo, par des mesurettes, sans les enrober dans une vision d’ensemble. C’est le cas de l’Éducation, où une grande réforme est sur le point d’être mise en place. Pour beaucoup, au lieu de sortir des mesures séparées, il aurait d’abord fallu exposer la vision générale du gouvernement pour donner du sens aux mesures qui seront prises. Faute de quoi, toute décision qui sera annoncée créera de l’incompréhension, de la polémique, risquant d’enrayer le grand chantier de la réforme.

Pas de signaux de rupture, comme promis

Autre point de ces 90 jours : le sentiment de la continuité… Tout ce que les électeurs ne voulaient pas. Le RNI, parti leader du gouvernement, a fait toute sa campagne sur la rupture, le changement, avec des promesses alléchantes sur le plan social, humain et économique. Et a promis que les premiers signaux de cette rupture allaient se manifester dès les premiers jours de sa prise de fonction. Là aussi, circulez, il n’y a rien à voir.

À part les décisions tranchantes du ministre de l’Éducation, ou celles du ministre de la Justice sur le Code pénal, aucun signal de changement, de passage à une autre ère n’a été émis, donnant le sentiment que le gouvernement ne faisait que poursuivre la politique de ses prédécesseurs. Cela est peut-être faux sur le fond, mais sur la forme, c’est l'impression qui se dégage.

Une impression de vide politique, de déjà-vu, qui passe mal, à la hauteur des espoirs qu’a suscités le RNI dans sa campagne, mais aussi ses deux autres alliés, et que la loi de Finances 2022 a très bien illustrée. Un budget, le premier d’une mandature où l’on attendait le passage à une autre ère, qui a été similaire ou presque à tous ceux qui l’ont précédé sans aucune réelle nouveauté, politique, économique ou sociale.

À ce vide répond un autre vide, celui d’une opposition plus que jamais faible, numériquement et politiquement, composée de partis inaudibles.

Dans ce climat général, la seule voix qu’on entendait était celle de la rue ou de la protestation virtuelle sur les réseaux sociaux. La nature a horreur du vide. Il faut bien quelqu’un pour la remplir…

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