Comment le Maroc doit repenser son positionnement sur l’échiquier économique mondial post-Covid (IMIS)

| Le 21/1/2021 à 15:22

Repli national, relocalisations régionales… Voici les différentes hypothèses d’évolution des chaines de valeur mondiales que le Maroc doit prendre en compte pour reconsidérer sa position sur l’échiquier économique mondial pour l'après Covid.

Face aux conséquences de la crise liée au Covid-19 sur l’économie nationale et mondiale, des questions se posent sur la résilience économique, la dépendance commerciale et la reconquête de la souveraineté nationale.

Dans un Policy paper produit par l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS), l’importance de repenser le positionnement du Maroc sur l’échiquier économique mondial, d’étudier son degré de dépendance à l’égard de ses partenaires et d’analyser sa capacité à tirer parti d’un éventuel mouvement de relocalisations des chaînes de valeur mondiales (CVM) est soulignée.

L’analyse réalisée par l’IMIS appréhende l’articulation qui existe entre deux hypothèses : les continuités et les ruptures de la dynamique de l’internationalisation de l’économie marocaine dans le monde post-corona. La réflexion a été orientée dans deux directions : la mise en exergue du positionnement du Maroc dans les CVM et la nouvelle orientation des relations économiques du Royaume.

Afin de repérer le nouveau positionnement du Maroc dans les CVM, l’IMIS a d’abord déterminé les principaux secteurs du pays, à savoir : Automobile, Aéronautique, Pharmaceutique, Métallurgie & Mécanique, Matériaux de construction, Chimie-Parachimie, Textile, Offshoring.

La production dans ces secteurs pourrait connaitre une dynamique de réagencement suivant ces 3 scénarii :

Source : IMIS.

Dans un scénario de continuité, le Maroc peut continuer sur sa lancée en capitalisant sur son plan d’accélération industrielle (PAI). Les secteurs les plus concernés par un tel scénario sont l’automobile, l’aéronautique et les services. Mais, ces secteurs doivent être valorisés davantage par le pays. Ils risquent aussi de connaître un ralentissement suite aux conséquences économiques de la pandémie.

Dans l’hypothèse d'un repli national, portant sur une relocalisation défensive des secteurs vitaux, l’IMIS estime que l'analyse des chaînes de production de l’industrie pharmaceutique et de la filière agro-alimentaire au Maroc s’avère indispensable. 

L’Institut explique cela, pour le secteur pharmaceutique, par le fait que 78% des médicaments sont fabriqués localement et l’industrie pharmaceutique marocaine occupe la deuxième place à l’échelle du continent africain. Cette industrie a un potentiel de développement important. Elle a le marché africain comme relais de croissance.

Pour sa part, le secteur agroalimentaire contribue à environ 35% du PIB industriel. Mais, il faut développer sa compétitivité. Le défi dans ce secteur est d’améliorer la compétitivité du Maroc sur les marchés étrangers classiques (L’UE et l’Amérique du Nord) et de s’ouvrir davantage sur de nouveaux marchés comme l’Afrique, lesquels constituent un énorme potentiel pour cette industrie.

Opportunités pour des relocalisations régionales

Pour le scénario de relocalisation régionale (euro-méditerranéenne), le Maroc a des opportunités au niveau des secteurs Automobile (exemple : chaînon pneus et chambres à air) et Textile (sous l’hypothèse du détachement européen de l’outil productif asiatique).

Le Maroc a également des opportunités pour accélérer l’intégration en Afrique. Dans ce sens, l’Institut estime que la Chine devrait chercher à renforcer son positionnement en Afrique, tenant compte de la conjoncture actuelle. Ainsi, Le passage par le Maroc pourrait constituer un atout majeur dans cette nouvelle configuration.

Par ailleurs, le nouveau positionnement du Maroc au niveau des CVM doit être soutenu par 4 orientations : 

> Un environnement propice au développement des affaires ;

> Renforcer les synergies entre les écosystèmes industriels ;

> favoriser la collaboration entre acteurs publics et privés ;

> Viser l’intégration dans l’économie mondiale mais pas aux dépens des priorités nationales.

Finalement, "entre opportunités de relocalisations régionales et menaces de repli national, le Maroc sera appelé à renforcer sa résilience économique, à consolider son positionnement dans les secteurs stratégiques et à tirer parti des mouvements de relocalisations régionales", conclut, sur ce volet, l'étude l'IMIS.

Les relations Sud-Sud devraient être consolidées

L’autre direction de la réflexion de l'IMIS sur le positionnement économique mondial du Maroc porte sur ses relations économiques. L'Institut souligne que les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne portent sur un volume relativement faible mais l’évolution des investissements marocains dans cette région montre une tendance à la progression. Les IDE marocains concernent en grande partie le secteur bancaire qui occupe la 1ere position du total des investissements directs du Maroc en Afrique.

Toutefois, 3 défis se présentent face à l’évolution de l’internationalisation des banques marocaines :

> L’accompagnement de l’expansion des PME marocaines en Afrique : Le financement du cycle d’exploitation des PME marocaines en Afrique pose encore problème. Les banques sur place ne peuvent pas toujours les accompagner, surtout avec la montée des difficultés de paiement dans plusieurs pays africains. Ces PME attendent davantage de soutien des pouvoirs publics afin d’optimiser leurs résultats africains.

> Renforcement de l’intégration économique africaine : les banques marocaines présentes en Afrique devraient prêter attention aux opportunités de financement qu’offre l’actuelle intégration économique de l’Afrique dans des chaînes de valeur mondiales.

> Amélioration de l’offre exportable marocaine : Le Maroc devra penser à adapter l’offre nationale aux spécificités du marché africain et tirer parti de la zone de libre échange africaine ZLECAF.

Aussi, et afin de bénéficier de l’opportunité qu’offre la ZLECAF, le Maroc doit prêter attention à quelques éléments essentiels pour booster les échanges dans cette zone, à savoir, la distance géographique, la logistique, la distance économique et l’écart des structures de spécialisation.

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