Bourse de Casablanca : Bachir Tazi analyse le rebond du MASI et anticipe les valeurs qui vont en profiter
Dopé par l’annonce des résultats du futur vaccin anti-Covid et de la prochaine campagne de vaccination massive au Maroc, le MASI s’est apprécié de plus de 2% en l’espace de deux séances. Bachir Tazi, directeur de CFG Bank Capital Markets, nous livre son analyse et ses anticipations par rapport aux valeurs qui vont en profiter.
La bourse d Casablanca a été fortement dynamisée depuis la séance du lundi 9 novembre après les annonces du laboratoire américain Pfizer et la société de biotechnologie allemande Biontech affirmant que le vaccin anti-Covid-19 développé est "efficace à 90%".
Le MASI a en effet gagné plus de 2% en l’espace de deux séances de cotation. Le principal indice de la cote a bondi de 1,88% à la clôture de la séance du lundi pour s’établir à 10.556 pts, après l’échange d’un volume significatif de 277 millions de DH, dont 95 millions de DH drainés sur le marché de bloc portant sur 2.186.146 actions de Résidences Dar Saada.
A la clôture de la séance de ce mardi, le MASI a enregistré une hausse de 0,39% accompagnée d’un volume de 100,14 millions de DH. Ses pertes annuelles se sont ainsi limitées à -12,94% contre -14,88% (observée à la clôture de la séance du jeudi 5 novembre).
Ce dynamisme rompt avec une atonie qui est était observée sur le marché depuis 3 à 4 mois.
Joint par LeBoursier, Bachir Tazi, directeur de CFG Bank Capital Markets, nous livre son analyse : « Cela faisait quelques semaines, plus précisément depuis le mois de juillet, que le marché évoluait dans un trading range très étroit. Cela s’explique par le fait qu’il avait amplement intégré les impacts de la crise sur l’année 2020 en attendant d’avoir plus de visibilité par rapport à l’année 2021. Le marché était rentré dans une phase de stabilisation en attendant d’avoir plus de visibilité sur les impacts futurs. Bien sûr, les impacts de la crise économique ne vont pas s’arrêter à 2020, ils peuvent s’étendre sur 2021 voire 2022, ça sera en fonction de l’évolution de la situation sanitaire ».
« On était rentrés dans une phase de consolidation qui s’explique par les intégrations des impacts de la crise et aussi par l’absence de newsflow, qu'il soit négatif ou positif. En face, le début d’une deuxième vague de la pandémie a été annoncé et son aggravation s’est poursuivie », continue-t-il.
Et de souligner : « le premier newsflow positif annoncé bien avant l’histoire des résultats du vaccin concerne le démenti fait par le gouvernement quant à un éventuel reconfinement général. Le marché le craignait surtout quand il a commencé dans plusieurs pays et on s’est dit que le Maroc allait revivre le même scénario qu’en mars. Maintenant cette crainte semble se dissiper ce qui a favorisé plus au moins le dynamisme du marché.
Les annonces concernant les résultats des tests du vaccin ont généré une euphorie mondiale. « Ce dynamisme n’est, bien évidemment, pas propre au marché marocain. Toutes les places mondiales ont enregistré des performances très positives, que ça soit en Europe, en Asie, aux Etats-Unis et même dans les pays Frontier emerging comme le Maroc ».
La réaction du marché marocain reste modérée
Concrètement, ces annonces ont donné de la visibilité au marché avide de nouvelles informations. Notre interlocuteur explique : « cette annonce, même si pour l’instant tout le monde s’accorde à dire que c’est encore très maturé de dire que ce vaccin va être efficace à 100% et que tout le monde va être vacciné à court terme et qu’il y a encore un long chemin à faire, donne de la visibilité. Le marché apprécie la visibilité. Les marchés, en général, n’aiment pas l’incertitude ».
Et de continuer : « Maintenant, on a donné de la visibilité au marché en disant qu’il y a un vaccin qui semble prometteur, peut-être pas à court-terme mais à moyen terme. Les marchés réajustent d’abord et anticipent. Ils ne vont pas attendre les résultats définitifs ou que le virus soit complétement éliminé pour réagir. L’annonce dès qu’elle est tombée il y a eu une réaction. Sur le marché marocain, on a pris à peu près 2% mais il faut savoir que sur d’autres marchés plus développés, la hausse des indices n’était pas loin de 8%. Donc, la réaction du marché marocain reste modérée ».
La Bourse de Paris a bondi de 7,57%, lundi 9 novembre, marquant sa meilleure performance sur une séance depuis mars. Pour leur part, le Dow Jones a clôturé cette séance en hausse de 2,95% et le S&P 500 a gagné 1,17%. L'action Pfizer a gagné 7,69%.
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Ce dynamisme pourrait se poursuivre. « Le marché marocain va être réconforté par l’annonce faite par sa Majesté le Roi Mohammed V hier soir concernant la campagne de vaccination. Cette annonce pourrait rajouter un élément positif au newsflow qui pourrait favoriser une poursuite du rebond du marché à court-terme ».
A rappeler que le Roi a ordonné la vaccination massive prochaine des Marocains de plus de 18 ans, lors une séance de travail consacrée à la stratégie de vaccination contre la Covid-19 qui a eu lieu lundi 9 novembre.
Les valeurs qui vont le plus profiter du rebond
Les grosses capitalisations et les secteurs de relance économique vont profiter en priorité de ce rebond. « Les investisseurs vont se concentrer d’abord sur les « Blue chips », sur les grosses capitalisations qui font le marché », nous indique notre interlocuteur.
En terme de secteur, « ils vont se concentrer sur ceux qui devraient profiter de la relance économique à court-terme, notamment le secteur bancaire, les télécoms, le BTP - puisque les chantiers vont être relancés après plusieurs mois d’incertitude- le tourisme et aussi le transport. Certes, ces secteurs ne sont pas les seuls qui vont profiter de ce rebond s’il se poursuit, mais ils vont en profiter plus que d’autres », anticipe Bachir Tazi.
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