Voici les projections et orientations économiques et budgétaires 2021-2023
Récolte céréalière moyenne, réouverture des frontières au 1er trimestre 2021, croissance de 4,6% du PIB, le ministère des finances a publié ses projections et orientations pour la période 2021-2023. La relance massive de l’économie et l'optimisation des finances publiques sont les priorités.
Ces prévisions budgétaires concernent tant les ministères que les établissements et entreprises publiques et sont présentées de façon triennale, dans le cadre de la Loi Organique relative à la Loi de Finances n°130.13. Le ministère des finances fait le point sur les perspectives économiques, la gestion des finances publiques et les orientations et perspectives budgétaires 2021-2023.
Concernant les projections économiques pour 2020, le ministère table sur une récession de 5,8% du PIB. Le déficit pluviométrique atténué par le déploiement du plan anti sécheresse de 1,5 milliard de dirhams devrait faire diminuer la valeur ajoutée du secteur agricole pour la seconde année consécutive. Une baisse estimée par le ministère à 4,5% en 2020 après une chute de 5,8% en 2019.
Avec les effets du confinement sur 2020 et notamment la chute des exportations et la rupture des chaînes d’approvisionnement, le ministère de l’économie anticipe une contraction des activités non agricoles de 6,4% sur l’année 2020.
La demande s’est maintenue sur le plan intérieur « avec une bonne tenue de la consommation des administrations publiques en rapport avec les dépenses engagées par le fonds spécial Covid-19. Cela devrait partiellement compenser le reflux de la consommation des ménages », précise le ministère. Concernant la demande extérieure, naturellement impactée par les effets de la crise sanitaire, elle devrait fortement baisser en 2020, impactant les principaux secteurs exportateurs que sont l’automobile, l’aéronautique, l’électronique et le textile.
2021 : Croissance du PIB de 4,8% et hausse de 16,9% des exportations de biens et services
Les prévisions se basent sur l’hypothèse d’une production céréalière de 70 millions de quintaux en 2021 et de la mise en œuvre du plan de relance des différents secteurs de l’économie nationale. D’autres facteurs extra-économiques sont pris en compte tels que « la maitrise de l’épidémie ainsi que la réouverture des frontières à partir du premier trimestre 2021 », précise le document ministériel.
Sur la base de ces hypothèses, le ministère table sur une croissance du PIB de 4,8% sur l’année 2021, drivée en l’occurrence par une forte croissance de 11% du PIB agricole. Le PIB non agricole devrait progresser de 4% en 2021, « tenant compte d’une évolution de 5,3% des impôts et taxes sur produits nets et subventions », précise le ministère.
Il table sur une progression de 2,9% des activités secondaires et de 4,3% pour les activités du secteur tertiaire.
Côté demande, elle devrait évoluer positivement selon le ministère de l’économie, favorisée par les mesures de la loi de finances rectificative. Une croissance de 3,6% est attendue pour la demande finale intérieure. Concernant la demande extérieure, dans un contexte prévu sous le signe de la reprise économique mondiale, le ministère de l’économie anticipe une hausse de la demande étrangère adressée au Maroc de l’ordre de 12,6% en 2021 après une baisse de 22,4% sur l’année 2020. Les exportations des biens et services en volume devraient progresser de 16,9% en 2021.
Clôture du budget 2020 : Baisse des recettes et forte hausse du déficit
Les prévisions au titre de la LFR 2020 tablent sur un déficit budgétaire de 7,5% du PIB contre une prévision initiale de 3,5%, « soit une aggravation de 40 milliards de dirhams » précise le ministère.
Un déficit aggravé notamment par la baisse des recettes ordinaires de 40,7 milliards de dirhams, « attribuable principalement aux recettes fiscales aussi bien domestiques que douanières ». Le ministère pointe également une augmentation des crédits ouverts au titre des dépenses d’investissements de 7,5 milliards de dirhams, « traduisant une réorientation d’une part des crédits vers les dépenses découlant de la gestion de la pandémie, dont 15 milliards de dirhams sont destinés au financement du plan d’appui à la relance de l’économie nationale » explique le ministère.
Mais il prévoit également d’ici la fin de l’année, une baisse des dépenses ordinaires de 4,3 milliards de dirhams, dont 2,8 milliards concernant les charges de compensation et 1,9 milliard au titre de biens et services.
Orientations budgétaires 2021-2023 : Plan de relance économique et efficience de la dépense publique
Désormais les regards se tournent vers la préparation de la loi de finances 2021 et les prévisions budgétaires pour préparer les années à venir.
La reprise anticipée en 2021 se poursuivrait sur les deux années suivantes avec des croissances économiques prévues à 4,2% et 4,6%. Concernant la valeur ajoutée agricole, elle connaîtrait un boom à 11% sur l’année prochaine avant de retrouver un rythme de croisière sur 2022 et 2023 à 4% et 4,7%. De son côté, la valeur ajoutée non agricole retrouverait en 2021, son niveau de 2019. Il devrait croître à 4,1% et 4,7% sur 2022 et 2023.
Dans son rapport préalable au budget 2021, le ministère de l’économie annonce les 3 grandes priorités.
Premièrement, un plan de relance économique estimé à 120 milliards de dirhams, en accord avec les orientations royales. Cela passera par « un pacte pour la relance économique et l’emploi » ayant pour but d’assurer la conservation des emploi set la formalisation de l’économie. Concernant le secteur du tourisme, largement impacté par la crise, un contrat programme pour la relance du secteur post covid-19 sera mis en place pour couvrir la période 2020-2022. « Le plan de relance économique visera l’accompagnement des entreprises et notamment les TPME et les PME » détaille le ministère, précisant que dans ce cadre, un Fonds d’Investissement Stratégique sera mis en œuvre. Ce dernier « donnera priorité aux secteurs industriels orientés à l’export, à l’agriculture, au tourisme, à l’immobilier ainsi qu’aux projets d’investissements dans les secteurs stratégiques prometteurs pour le développement humain » poursuit le ministère.
Second grand axe des orientations budgétaires, la généralisation de la couverture sociale. Ce chantier connaitre une application progressive sur 5 ans (2021-2025) impliquant des reformes et des mesures d’accompagnement. Cela permettra une généralisation et une unification du cadre légal de l’Assurance Maladie Obligatoire et de faire bénéficier les indépendants et les non-salariés de prestations sociales telles les allocations familiales.
Le troisième axe concerne la réforme en profondeur du secteur public et le déséquilibre structurel des Etablissements et des entreprises publics (EEP). L’objectif étant de parvenir à une meilleure efficience financière au sein de ces derniers. Pour ce faire, le ministère annonce qu’une « agence nationale sera créée, dont la mission sera de gérer stratégiquement les participations de l’Etat aux différents EEP et d’évaluer les performances des institutions publiques ». Dans le but d’une meilleure efficience de la dépense publique, le ministère annonce « la suppression de certaines entreprises ou de leurs filiales dont l’existence ne cadre plus avec les objectifs de leur création, ainsi que le regroupement, dans de grands pôles, des établissements et entreprises œuvrant dans un secteur similaire ».
Toujours dans l’optique de la rationalisation de la dépense publique, le ministère explique : « au niveau des dépenses du personnel, il s’agit de limiter les demandes aux besoins minimes qui tendent à améliorer la qualité des services adressés aux citoyens ». Concernant les dépenses d’investissements dans le PLF 2021, la priorité sera au renforcement des engagements des investissements en cours de réalisation, « précisément les investissements qui découlent des conventions nationales et internationales signée devant le roi ou celles conclues avec des institutions internationales ou des pays donateurs » précise le ministère.
Perspectives budgétaires 2021-2023
Ces prévisions budgétaires concernent tant les ministères que les EEP et sont présentées de façon triennale, dans le cadre de la Loi Organique relative à la Loi de Finances n°130.13. Le budget se veut rigoureux et porté sur les priorités. Le rapport du ministère indique qu’hormis les secteurs prioritaires tels que la santé, l’intérieur (sécurité de l’état) et l’éducation, « aucun nouveau poste budgétaire ne devrait être créé, particulièrement sur l’année 2021 ».
Sur les trois prochaines années, les dépenses sont estimées comme suit :
Le ministère informe que « les ministères et les EEP sont appelés à se limiter aux priorités et urgences en raison du contexte imposé par la crise sanitaire et des contraintes budgétaires accentuées par la baisse des recettes de l’Etat ». Les budgets des ministères ont d'ailleurs été revus à la baisse sur la période 2021-2023 par rapport au budget initial de 2020. Concernant les charges communes, une diminution progressive se fera sur la période.
Dans le cas des dépenses d’investissements, la priorité est donnée aux projets en cours et à ceux concernant des conventions signées devant le souverain ou bénéficiant d’investissements étrangers.
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