Voici pourquoi le dirham se renforce face à l'euro et au dollar
Le dirham a pu s’apprécier face au dollar et à l’euro au cours de ces dernières semaine. Selon nos sources, cela s’explique, entre autres, par les mesures prises par le ministère des finances et par Bank Al-Maghrib ainsi que par la stratégie des banques adoptée au début de la crise.
Le dirham évolue depuis plusieurs semaines à un niveau proche de la limite inférieur de sa bande de fluctuation, d’après les indicateurs hebdomadaires de Bank Al-Maghrib qui s’arrêtent au 2 septembre 2020 (Voir graphique ci-dessous). Le dirham ne subit plus, pour le moment, la pression observée il y a quelques mois et se montre robuste face aux deux devises qui constituent son panier, l'euro et le dollar.
Cours de change
A rappeler qu’au début de la crise liée à la pandémie du Covid-19, le dirham a fortement baissé face à l’euro et au dollar à cause, en grande partie, du manque de liquidités sur le marché local généré par la baisse des recettes en devises.
Depuis, le cours USD/MAD est passé de 10,2079 dirhams pour un dollar au 1er avril 2020 à 9,1748 dirhams pour un dollar au cours de la journée de ce lundi 7 septembre. Cette parité a ainsi baissé de 10,12%.
L’appréciation du dirham face au dollar s’est accélérée depuis plus de deux mois. La parité USD/MAD a baissé de 5,55% entre le 26 juin et ce lundi.
Le dirham s’est également apprécié face à l’euro. La parité EUR/MAD est passée de 11,1939 au 1er avril 2020 à 10,8666 ce lundi, baissant ainsi d’à peu près 3%.
La baisse de l’euro face au dirham s’est accélérée à la fin du mois de juillet. Entre le 30 juillet et ce lundi, la parité EUR/MAD a baissé de 1,41%.
D’après le directeur de la salle des marchés d’une banque de la place, préférant s’exprimer sous couvert d’anonymat, la hausse du dirham face à l’euro et au dollar s’explique par plusieurs facteurs.
« Généralement, le dirham s’apprécie pendant la période estivale. Certes, le contexte est différent cette année, mais on ne remarque pas de déséquilibre au niveau des recettes et des dépenses en devises. Les transferts MRE n'ont que légèrement baissé. Il n’y a pas de touristes cette année, du coup, il n’y a pas de rentrées de devises, mais il n’y a pas non plus de sorties de devises. Il n’y a pas eu non plus le transfert des dividendes des grandes structures comme Maroc Telecom », explique notre interlocuteur.
« Au début de la crise liée à la pandémie, il y a eu un petit mouvement de panique. Il y avait des craintes et le marché se posait pas mal de questions. Mais par la suite il a pu retrouver sa stabilité. Et la position de change des banques est confortable ».
Selon les données de BAM, la position de change des banques de la place reste confortable oscillant autour de 6 à 7 milliards de DH. Elle se fixait à 6,56 milliards de DH au 2 septembre 2020.
Selon notre source, « cette situation s’explique aussi par les mesures qui ont été prises par le ministère des finances, notamment le tirage sur la LPL de 3 milliards de dollars et la mobilisation de plusieurs autres emprunts extérieurs, et par Bank Al-Maghrib pour soutenir les capacités bancaires ».
A rappeler que le tirage sur la LPL a été opéré le 7 avril 2020. Avec ce tirage, les avoirs officiels de réserves se sont renforcés d’à peu près 30 milliards de DH. Ils se situaient à 296 milliards de DH au 28 août 2020, d’après les données de Bank Al-Maghrib.
« Pour le moment il n’y a aucun risque de forte de dépréciation de la monnaie nationale», Conclut notre source.
Les banques se sont bien préparées au début de la crise
Selon Omar Bakkou, économiste et spécialiste en politique de change, le renforcement du dirham face aux deux devises étrangères s’explique par la stratégie adoptée par les banques au début de la crise. « Les banques se sont bien approvisionnées en devises au début de la crise. Elles s’attendaient à plus de dépenses en cette période de crise et du coup elles se sont bien préparées. A rappeler que le prix d’une monnaie reflète la situation de l’offre et de la demande sur le marché à un instant donné. Or, l’offre et la demande dépendent également des stocks à la disposition des banques, elles ne dépendent pas uniquement des recettes et des dépenses en devises du Maroc à un instant donné. Puisque les banques avaient auparavant acheté suffisamment de devises, elles ne les ont pas acheté sur le marché pendant cette période et suite à cela, il n’y a pas eu une forte demande sur le marché des devises, c’est ce qui explique la hausse du dirham».
D’après notre source, il y a un autre facteur expliquant le renforcement de la monnaie nationale. Celui-ci est lié aux dépenses en devises, et notamment les importations.
« Les importations en cette période ont baissé sous l’effet de deux facteurs. Le premier concerne les produits énergétiques. La facture énergétique du Maroc a baissé à cause d’un effet prix et un effet volume. On a importé moins que d’habitude. Cela est lié à la baisse de la mobilité à cause du confinement. Et les prix ont globalement baissé en cette période » continue notre interlocuteur.
« Il y a eu aussi une baisse des importations de manière générale, liée au tassement économique et, aussi, à des contraintes logistiques à cause de la crise du Covid-19 », ajoute-t-il.
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