Coronavirus : quel impact sur les sociétés cotées en bourse ?
Pour les analystes, c’est difficile de cerner l’impact potentiel de la crise actuelle du Coronavirus sur les sociétés cotées en bourse. CFG bank, dans sa dernière note de recherche, donne, entre autres, ses prévisions concernant les valeurs constituant son Stock-picking.
Difficile d’établir des prévisions pour le marché boursier marocain et les sociétés cotées compte tenu du contexte global actuel marqué par l’incertitude et la panique des investisseurs, les mesures restrictives décidées par le gouvernement et la situation mondiale qui auront un impact inévitable sur l'économie marocaine.
Un analyste de la place, perplexe face à notre question sur les prévisions d'évolution du marché et des résultats des sociétés cotées compte tenu de la crise actuelle du Coronavirus, estime que « c’est très difficile de faire des projections. Pour l’instant, on n’arrive même pas à bien cerner ce qui se passe ». Pour rappel, la bourse poursuit son effondrement, sa chute depuis le début de l'année dépasse 20%.
Ce qui est sûr c’est qu’ « un ralentissement économique est inévitable ». Du coup, « la bourse de Casablanca va en souffrir ».
« Au niveau mondial, personne n’avait prévu une pandémie comme étant un risque qui pourrait peser sur les marchés. Cette situation est nouvelle pour nous », commente-t-il.
Certains analystes se sont livrés malgré tout au jeu des pronostics. Attijari Global Research (AGR) anticipe une hausse de la masse bénéficiaire des grandes capitalisations du marché de 2,3% en 2019 et de 5,7% en 2020. Cela rassure quant à la capacité de ces sociétés cotées à préserver une tendance haussière de leur dividende sur le moyen terme. Attijari n'a toutefois pas donné ses prévisions pour l'ensemble des sociétés cotées à la bourse de Casablanca.
L'analyse de CFG bank
Pour sa part, CFG bank, dans sa dernière note de recherche sur l'impact du Coronavirus sur l’économie et sur 5 valeurs cotées à la bourse de Casablanca -constituant son stock-pick-, recommande aux investisseur d’opter pour des investissements long-termistes qui doivent porter sur les entreprises qui affichent des fondamentaux sains, tributaires de la demande intérieure et générant des revenus récurrents.
> SBM : pas de conséquence négative majeure sur la solidité financière de l’entreprise
CFG bank trouve que SBM jouit d’un bilan solide avec une trésorerie importante et une dette nette d'environ 900 millions de DH en décembre 2019. L'entreprise est donc capable d’absorber une baisse des volumes et des résultats.
Ainsi, si les volumes de ventes de SBM enregistrent une baisse en 2020, le niveau de rentabilité diminuera de manière significative mais restera positif.
De plus, SBM pourrait profiter de de la perturbation des chaînes d'approvisionnement mondiales et de son impact sur le niveau des importations afin de doubler ses efforts pour regagner des parts de marché ce qui pourrait aider à atténuer une éventuelle baisse de la consommation.
Enfin, CFG estime que, quel que soit l'impact du virus sur la consommation de bière à court terme, la croissance de la consommation reprendra finalement une fois l'épidémie disparue. En attendant, SBM est totalement capable d'absorber ce choc sans conséquence négative majeure sur la solidité financière de l’entreprise.
> Cosumar : la consommation du sucre ne sera pas affectée par le Coronavirus
Cosumar bénéficie également d'une structure bilancielle solide avec un gearing (dette/ fonds propres) de 26%.
Les analystes de CFG ne pensent pas que la consommation de sucre sera affectée négativement par le coronavirus mais plutôt le contraire. Ils estiment que si la croissance économique devrait ralentir ou, dans le pire des cas, l’économie tombe dans le scénario d’une récession entraînant ainsi une baisse des revenus et du pouvoir d'achat, les consommateurs vont substituer d’autres produits par le sucre ce qui maintiendra la demande élevée. Quant à l'export, il pourrait continuer de souffrir de la réduction des marges à cause d'une baisse de la demande mondiale et d'un excédent de production.
Cosumar importe du sucre brut car le pays n'est pas autosuffisant en termes de production du plan sucre.
Le sucre brut importé par Cosumar provient du Brésil et de l'Inde. Pour l'instant, ces deux pays sont encore peu touchés par le virus. A ce stade, les analystes ne pensent pas que la chaîne d'approvisionnement mondiale du sucre sera dérangée.
> Label’Vie : Atacadao pourrait compenser une sous-performance potentielle du segment des supermarchés et des hypermarchés
Si la propagation du coronavirus n'est pas rapidement limitée, les supermarchés et les hypermarchés souffriront d'une baisse du trafic car les gens éviteront les locaux publics et reviendront aux petits épiciers.
Par contre, Atacadao pourrait subir un sort opposé, car les épiciers augmenteront les volumes d'approvisionnement pour faire face à une demande en hausse. Ainsi, Atacadao pourrait compenser une sous-performance potentielle du segment de supermarchés et d'hypermarchés.
Néanmoins, si la contribution d’Atacadao à la consolidation des revenus augmentent, cela peut faire baisser et diluer la rentabilité et les niveaux de marge car ce segment suit un concept de marge faible (volumes plus élevés génèrant des marges plus faibles) en comparaison au segment supermarché/ hypermarché (volumes plus faibles, marges plus élevées et rentabilité plus élevée).
"Nous avons effectué un test de résistance sur l’impact potentiel de l’épidémie sur les prévisions de LBV. Nous avons déclassé la croissance des supermarchés et hypermarchés à périmètre constant (LFL) pour 2020, de 2% et 4% respectivement à -2% et -2%", précise CFG
Après avoir effectué un stress test, et malgré des prévisions faibles, les analystes de CFG trouvent que Label’Vie continue de représenter une opportunité d'investissement intéressante avec un potentiel de croissance supérieur à celui du marché.
Ainsi, ils ne pensent pas que le virus constitue une menace importante pour la solvabilité de l’entreprise. Dans le pire des cas, le groupe pourrait décider de reporter les investissements et la distribution du dividende afin d’utiliser le cash-flow pour rembourser sa dette.
> Risma devrait souffrir d'une forte baisse des arrivées de touristes et des nuitées
Le Maroc a fermé toutes ses frontières avec le reste du monde. Avant la prise de cette décision par les autorités marocaines, les analystes de CFG avaient élaboré des scénarios d'impact sur le secteur du tourisme
Le pire scénario est une baisse de 39% des arrivées et de 30% des nuitées par rapport à 2019, selon les analystes de CFG Bank. Ce scénario comprend une forte baisse du nombre de touristes français (-50%), aucun touriste en provenance d'Italie et une baisse de 20% des arrivées des autres pays.
Si la situation ne se rétablit pas rapidement, les pertes pourraient dépasser celles envisagées par CFG. Le président de la CNT parle déjà de 34 milliards de DH de pertes en 2020.
>>> Lire aussi : Coronavirus: le Maroc pourrait perdre 5 millions de touristes en 2020, selon CFG
En tous les cas, Risma devrait souffrir d'une forte baisse des arrivées de touristes et des nuitées.
> Marsa Maroc : trois scénarios plausibles de l’impact du Coronavirus
Avec la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales à cause du Covid-19, les analystes de CFG pensent que les volumes du commerce extérieur au Maroc pourraient être impactés négativement par le ralentissement économique attendu en Europe (66% du total des importations et exportations), et l’arrêt temporaire des usines de production dans en Chine (10% des importations en valeur et 15% à 20% des volumes importés selon nos estimations).
Selon leurs estimations, prenant en compte une baisse de 20% des volumes totaux combinée à la perte de tous les échanges avec la Chine et l'Italie, les volumes échangés par l'économie marocaine devrait perdre de 2,6 MT chaque mois à partir de mars 2020.
Ainsi, en fonction de la durée de la pandémie, CFG prévoit trois scénarios :
- Scénario 1 : Une reprise potentielle de l'économie mondiale si la pandémie s'estompe d'ici mai/juin, c'est-à-dire un impact de 3 mois sur les volumes. S'appuyant sur la part de marché normative de Marsa Maroc (environ 40%), le chiffre d'affaires consolidé devrait baisser de 295 millions de dirhams.
- Scénario 2 : la pandémie de COVID-19 persiste pour un trimestre supplémentaire, soit un impact de 6 mois sur les volumes. Dans ce cas, les activités de la passerelle et du transbordement seront compromises. Ainsi, le chiffre d'affaires devrait s'établir à 2.603 millions de dirhams (-589 MDH par rapport aux prévisions initiales de CFG).
- Scénario 3 : la pandémie de COVID-19 persiste pendant un semestre supplémentaire, soit un impact de 9 mois sur les volumes. Dans ce cas, l'impact devrait persister tout au long de l’année 2020E et jusqu'au T1-2021E pesant davantage sur les volumes. Le chiffre d'affaires devrait s'établir à 2.550 millions de dirhams en 2020E et 2.643 millions de dirhams en 2021E.
Evaluation de l'impact potentiel du Coronavirus sur quelques valeurs cotées à la bourse de Casablanca par CFG :
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