Le Hamas accepte pour la 1ère fois un Etat palestinien dans les frontières de 1967

Le Hamas a annoncé, lundi 1er mai soir, pour la première fois de son histoire, avoir modifié son programme politique, disant accepter un Etat palestinien limité aux frontières de 1967 et insistant sur le caractère politique et non religieux du conflit avec Israël.  

Le Hamas accepte pour la 1ère fois un Etat palestinien dans les frontières de 1967

Le 2 mai 2017 à 10h00

Modifié le 2 mai 2017 à 10h00

Le Hamas a annoncé, lundi 1er mai soir, pour la première fois de son histoire, avoir modifié son programme politique, disant accepter un Etat palestinien limité aux frontières de 1967 et insistant sur le caractère politique et non religieux du conflit avec Israël.  

En amendant pour la première fois en près de 30 ans ses textes fondateurs, le Hamas tente de revenir dans le jeu des négociations internationales, estiment les experts.

Cette annonce intervient à 48 heures de la première rencontre entre le président américain, Donald Trump, et son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, à couteaux tirés avec le Hamas.

"Le Hamas est un mouvement vivant qui se renouvelle", a plaidé son chef, Khaled Mechaal, lors d'une conférence de presse à Doha. Mais, a-t-il dit, les principes demeurent.

Le mouvement insiste sur le fait qu'il ne reconnaît pas l'Etat hébreu et un document rendu public évoque "la Palestine, du fleuve Jourdain à la mer Méditerranée".

Mais dans le document, le Hamas estime qu'"un Etat palestinien entièrement souverain et indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem pour capitale, (...) est une formule de consensus national".

"Nous sommes prêts à coopérer avec quiconque pouvant nous aider à obtenir" cet Etat, a ajouté M. Mechaal.

En inscrivant qu'il accepte un Etat limité à la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est, le Hamas endosse les frontières déjà reconnues par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont il ne fait pas partie.

En outre, le document qui s'ajoute à la charte originelle de 1988, affirme que le Hamas est "en conflit avec le projet sioniste et non avec les juifs en raison de leur religion".

Le mouvement prend par ailleurs ses distances avec les Frères musulmans égyptiens. "Idéologiquement, nous faisons partie de l'école frériste (...) mais nous ne suivons aucun mouvement en termes d'organisation", a précisé M. Mechaal, un gage donné au voisin égyptien, selon les observateurs.

Avec l'annonce de ces changements, le mouvement entend s'ouvrir au dialogue avec les autres forces palestiniennes mais surtout avec les capitales étrangères qui, jusqu'ici, refusent tout dialogue officiel avec le Hamas, qui contrôle depuis 10 ans la bande de Gaza.

Les principaux points du document de Hamas 

Frontières

- "La Palestine symbolise la résistance qui doit continuer jusqu'à ce que la libération soit accomplie (...) et qu'un Etat pleinement souverain soit établi avec Jérusalem pour capitale".

- "Le Hamas rejette toute alternative à la libération totale de la Palestine du fleuve (Jourdain) à la mer (Méditerranée)".

- "Cependant, sans (accepter de) compromis sur son rejet de l'entité sioniste et sans abandonner un quelconque droit palestinien, le Hamas considère que l'établissement d'un Etat palestinien entièrement souverain et indépendant, avec Jérusalem pour capitale, dans les frontières du 4 juin 1967, (...) est une formule de consensus national".

- "La Palestine est une terre arabe islamique".

- "Jérusalem est la capitale de la Palestine".

- "L'établissement 'd'Israël' est totalement illégal et contrevient aux droits inaliénables du peuple palestinien".

- Conflit politique, pas religieux -

- "Le Hamas est un mouvement palestinien islamique et national de libération et de résistance. Son objectif est de libérer la Palestine et de contrer le projet sioniste. Son cadre de référence est l'islam".

- Le "conflit est avec le projet sioniste et non avec les juifs en raison de leur religion. Le Hamas ne mène pas une lutte contre les juifs parce qu'ils sont juifs, mais mène une lutte contre les sionistes qui occupent la Palestine".

- "Le Hamas considère que le problème juif, l'antisémitisme et la persécution des juifs sont des phénomènes fondamentalement liés à l'histoire européenne et non à l'histoire des Arabes et des musulmans".

- "Résister à l'occupation par tous les moyens et toutes les méthodes est un droit légitime garanti par des lois divines, des normes et les lois internationales".

- "Le rôle des femmes palestiniennes est fondamental dans le processus de construction du présent et du futur. Il est central dans le projet de résistance, de libération et de construction d'un système politique".

Diplomatie et droit international

- "Le droit au retour des réfugiés et des déplacés palestiniens, que ce soit sur les terres occupées en 1948 ou en 1967, est un droit naturel, individuel et collectif. Ils devront recevoir une compensation à leur retour".

- Le Hamas rejette les accords d'Oslo qui "violent les droits inaliénables des Palestiniens".

- "L'OLP doit être préservée, développée et reconstruite sur des fondations démocratiques afin de garantir la participation de toutes les composantes et forces du peuple palestinien".

- "Le rôle de l'Autorité palestinienne devrait être de servir les Palestiniens et de sauvegarder leur sécurité, leurs droits et leur projet national".

- "Des forces extérieures ne devraient pas être autorisées à intervenir" dans les prises de décision palestiniennes.

La réaction d'Israël

Israël a toutefois déjà répliqué qu'il n'était pas convaincu. Le Cogat, l'organe du ministère israélien de la Défense en charge des Territoires occupés, a estimé que le Hamas "se moque du monde en essayant de se présenter avec ce soi-disant document comme une organisation éclairée".

Le Hamas a combattu, aux côtés d'autres mouvements armés, à trois reprises l'armée israélienne à Gaza depuis 2008. Et il refuse, a dit M. Mechaal, "que quiconque attente à la résistance et à ses armes".

"La question de considérer la charte de 1988 comme caduque fait débat depuis des années au Hamas. Pour ne pas l'abroger, un nouveau document a été rédigé pour établir les positions politiques du Hamas", explique à l'AFP Leïla Seurat, chercheur associée au Centre de recherches internationales (CERI).

Pour cette spécialiste du Hamas, la reconnaissance des frontières de 1967 n'implique "pas une reconnaissance d'Israël". "La seule nouveauté, c'est qu'il l'inscrit pour la première fois dans un document propre au mouvement" qui vaut également pour sa branche armée, souligne-t-elle. Militaires et politiques sont régulièrement présentés comme concurrents au sein du Hamas.

M. Mechaal a toutefois prévenu: "la politique du Hamas est de refuser les négociations directes avec Israël car il n'y a pas d'équilibre des forces".

Le Hamas doit annoncer sous deux semaines le nom du successeur de Khaled Mechaal, qui incarne l'aile pragmatique et conciliante du Hamas et qui a joué, selon Mme Seurat, "un rôle fondamental" dans la rédaction du document présenté lundi. Le vainqueur pressenti est Ismaïl Haniyeh, sur la même ligne.

(Avec AFP) 

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.