Intervenir en Libye: pourquoi, où et comment?

L'ouverture d'un nouveau front contre Dae'ch est envisagée par les Etats-Unis et d'autres pays qui se réunissent mardi à Rome, mais une intervention militaire s'annonce délicate à lancer.

Intervenir en Libye: pourquoi, où et comment?

Le 2 février 2016 à 13h05

Modifié le 2 février 2016 à 13h05

L'ouverture d'un nouveau front contre Dae'ch est envisagée par les Etats-Unis et d'autres pays qui se réunissent mardi à Rome, mais une intervention militaire s'annonce délicate à lancer.

Une intervention militaire étrangère est "de plus en plus probable", estime Mattia Toaldo, chercheur au European Council on foreign relations, car la communauté internationale s'inquiète fortement de "l'échec du processus politique et de l'escalade simultanée des activités de l'EI en Libye".

Elle veut intervenir avant qu'il ne soit trop tard, c'est à dire "avant que le pays ne devienne un sanctuaire" pour les jihadistes, "avant qu'ils ne deviennent extrêmement difficiles à déloger", a récemment averti un responsable américain de la Défense.

Dae'ch n'a cessé de renforcer son implantation en Libye depuis qu'il a pris le contrôle en juin 2015 de la ville de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli. Il aurait entre 3.000 à 5.000 combattants et tenterait d'y attirer des centaines de recrues étrangères.

"Ils sont là, sur près de 300 kilomètres linéaires de côtes et ils se répandent. Ils sont à 350 kilomètres de (l'île italienne de) Lampedusa. Lorsque le beau temps va arriver en Méditerranée, il y a des risques de passage de combattants", a mis en garde dimanche 31 janvier le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Les pays africains s'inquiètent parallèlement de l'avancée de Da'ech dans le sud, une immense zone désertique. Cela est "en particulier dangereux pour le Niger et le Tchad", selon le chef de la mission de l'ONU Martin Kobler.

Comment?

Les pays étrangers l'affirment: il n'y aura pas d'intervention sans accord politique en Libye et donc sans la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, qui ferait ensuite une demande d'aide.

En attendant, les capitales évaluent les options, qui peuvent aller d'une campagne de frappes aériennes en soutien aux forces libyennes comme en Irak, au déploiement d'une force terrestre. "Mais cette dernière semble peu probable", selon Issandr El Amrani, directeur Afrique du Nord à l'International crisis group (ICG).

Pour M. Toaldo, une intervention "ressemblerait à celle en Syrie: des frappes, des drones et quelques forces spéciales sur le terrain".

Les Etats-Unis ont envoyé ces derniers mois des experts pour évaluer la situation et nouer le contact avec les forces locales. Il s'agit notamment de s'assurer du soutien des nombreuses milices qui se partagent le contrôle du territoire.

Le gouvernement reconnu, installé à al-Bayda (est) sollicite, en plus des raids aériens, "la levée rapide et sans tarder de l'embargo sur les armes", imposé par l'ONU depuis 2011.

Les forces loyales à ces autorités, qui se présentent comme l'armée nationale libyenne (ANL), affirment être en mesure de renseigner les forces extérieures sur les positions de Da'ech, un facteur déterminant pour éviter des victimes parmi les civils.

Le soutien des autorités non reconnues internationalement, appuyées par Fajr Libya, une coalition de milices dont certaines islamistes, semble très incertain, surtout si l'accord politique parrainé par l'ONU échoue.

Où?

Selon les experts, les frappes étrangères se concentreraient d'abord sur la ville côtière de Syrte et ses alentours, la principale zone contrôlée par Da'ech. Elles viseraient aussi Derna, à 1.100 km à l'est de Tripoli, où les combattants du groupe sont positionnés à la périphérie de la ville, dont ils ont été chassés en juillet par des forces locales.

Avec quels pays?

Les Etats-Unis semblent décidés à participer, mais sans forcément prendre la tête d'une éventuelle opération comme ils le font en Irak et en Syrie.

Les responsables américains lorgnent du côté de l'Italie, l'ancienne puissance coloniale, qui semble être prête, sous conditions, à diriger une opération internationale, avec probablement l'implication de la France et du Royaume-Uni et peut être de pays arabes.

Pour quelles chances de réussite?

Comme en Irak et en Syrie, le bien-fondé d'une intervention fait débat.

"Nous ne croyons pas pour le moment à une solution militaire à la crise libyenne. Cela compliquerait davantage la donne", a déclaré dimanche le Commissaire Paix et sécurité de l'Union africaine (UA), Smaïl Chergui, en insistant sur la nécessité d'une solution politique.

Etablissant un parallèle avec la Syrie, M. Toaldo ne pense pas qu'une intervention "puisse changer réellement la donne, sans la présence de solides partenaires au sol".

Pour M. El Amrani, elle pourrait avoir "un impact positif", en "limitant l'expansion de Da'ech, en épuisant ses ressources et en rendant plus difficiles ses tentatives d'incursion ou de destruction des installations pétrolières à l'est de Syrte".

Mais l'expert de l'ICG prévient qu'une opération à grande échelle "serait susceptible de creuser les divisions politiques existantes". "C'est pour cela qu'il est important d'obtenir le soutien des Libyens des différentes parties".

(AFP)

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.