L'Arabie exécute un chef religieux chiite et 46 autres condamnés pour “terrorisme”

L'Arabie saoudite a exécuté samedi 47 personnes condamnées pour "terrorisme", dont le chef religieux chiite Nimr Baqer al-Nimr, figure de la contestation contre le régime, suscitant l'indignation dans le monde chiite.

L'Arabie exécute un chef religieux chiite et 46 autres condamnés pour “terrorisme”

Le 2 janvier 2016 à 14h45

Modifié le 2 janvier 2016 à 14h45

L'Arabie saoudite a exécuté samedi 47 personnes condamnées pour "terrorisme", dont le chef religieux chiite Nimr Baqer al-Nimr, figure de la contestation contre le régime, suscitant l'indignation dans le monde chiite.

Parmi les 46 autres personnes mises à mort figurent une majorité de jihadistes d'Al-Qaïda, alors que le royaume s'inquiète de la menace représentée par les groupes extrémistes sunnites comme l'Etat islamique (EI). Al-Qaïda a récemment promis des représailles en cas d'exécution de ses membres.

Les protestations les plus fortes après l'exécution du cheikh al-Nimr sont venues d'Iran, puissance chiite qui entretient des relations tendues avec l'Arabie saoudite sunnite. Téhéran a averti que Ryad paiera "un prix élevé" pour cette mort, tandis que des manifestations ont été appelées pour dimanche contre l'Arabie.

Qualifiant "d'irresponsables" les déclarations de Téhéran, le porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur, Mansour al-Turki, a souligné que son pays "ne se préoccupait pas de ce que les autres pensent".

Les condamnés --45 Saoudiens, un Égyptien, un Tchadien-- ont été exécutés au sabre ou par balles, dans douze villes du royaume.

Ils avaient été condamnés, selon les autorités, dans différentes affaires, notamment pour avoir épousé une idéologie radicale, rejoint des "organisations terroristes" et mis à exécution des "complots criminels".

Des pays sunnites de la région, dont le Bahreïn et les Emirats arabes unis ont salué l'attitude de l'Arabie saoudite. A Bahreïn, quelques jeunes de la majorité chiite se sont toutefois rassemblés dans les banlieues de Manama, pour protester contre ces exécutions.

'Sabre au-dessus du cou'

Le cheikh Nimr al-Nimr, 56 ans, virulent critique des Al-Saoud, a été la figure de proue du mouvement de contestation qui avait éclaté en 2011, dans la foulée des printemps arabes, dans l'est de l'Arabie, où vit l'essentiel de la minorité chiite.

Cette communauté, qui se concentre dans la Province orientale riche en pétrole, se plaint d'être marginalisée dans ce pays majoritairement sunnite. Elle a été victime "de discriminations sectaires", selon le chercheur Toby Matthiesen de l'Université d'Oxford.

L'exécution du cheikh Nimr "provoquera la colère des jeunes" chiites en Arabie saoudite, a mis en garde son frère, Mohammed al-Nimr, dans un entretien téléphonique avec l'AFP. "Il y aura des réactions négatives à l'intérieur du royaume et à l'étranger, mais nous espérons qu'elles seront pacifiques", a-t-il déclaré.

Le cheikh Nimr avait été condamné à mort en octobre 2014 pour "terrorisme", "sédition", "désobéissance au souverain" et "port d'armes" par un tribunal de Ryad.

Son arrestation en juillet 2012 avait provoqué de violentes manifestations.

Le neveu du cheikh, Ali al-Nimr, ne figure pas parmi les suppliciés. Sa condamnation à mort alors qu'il était mineur au moment des faits avait suscité de vives critiques des défenseurs des droits de l'Homme dans le monde.

La situation d'Ali al-Nimr reste toutefois "très dangereuse. Le sabre reste suspendu au-dessus de son cou, à moins qu'il ne soit rendu à sa famille", a déclaré Mohammed al-Nimr, qui est son père.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International avait dénoncé des "procès iniques" contre Ali et cheik al-Nimr.

Après l'exécution de samedi, un dirigeant du parti chiite Dawa au pouvoir en Irak a appelé à des mesures de rétorsion dont la fermeture de l'ambassade saoudienne récemment rouverte à Bagdad ou l'exécution des "terroristes" saoudiens détenus dans le pays.

Le mouvement chiite libanais Hezbollah a de son côté dénoncé "un crime haineux perpétré sur la base de fausse allégations".

'Le sang va couler'

Parmi les personnes exécutées samedi figurent aussi des jihadistes sunnites condamnés pour leur implication dans des attentats meurtriers revendiqués par le groupe Al-Qaïda d'Oussama ben Laden en 2003 et 2004.

La liste inclut le nom de Fares al-Shuwail, que des médias saoudiens ont présenté comme étant un leader religieux d'Al-Qaïda en Arabie saoudite, arrêté en août 2004.

En 2011, les autorités saoudiennes avaient mis en place des tribunaux spéciaux, pour juger des dizaines de Saoudiens et d'étrangers, accusés d'avoir participé à une vague d'attentats sanglants d'Al-Qaïda (plus de 150 morts) dans le royaume entre 2003 et 2006.

L'actuel prince héritier Mohammed ben Nayef, qui avait échappé à un attentat, avait supervisé la répression.

Le 1er décembre, la branche d'Al-Qaïda au Yémen avait menacé de faire "couler le sang" si Ryad décidait d'exécuter les jihadistes détenus.

Les 47 exécutions sont les premières de l'année 2016 dans ce royaume ultra-conservateur, qui avait mis à mort 153 personnes l'année dernière, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. Le nombre d'exécutions en 2015 a largement dépassé celui enregistré en 2014 (87).

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.