Ce samedi matin 5 septembre, le moment n’est pas encore venu d’analyser les résultats des élections du 4 septembre. Il faudra attendre les résultats définitifs et ensuite étudier les rapports de force, selon les voix, l’implantation, la taille des villes, les fiefs conquis ou passés, les résultats de 2009, …

A part les communes ou villes où une majorité est apparue d’emblée, il y aura le jeu des alliances post-électorales. Arriver premier ou cinquième n’est pas décisif, ce sont les aliances qui compteront pour désigner les présidents.

Médias 24 poursuivra ce week-end, son travail de couverture des élections. Dans la nuit de vendredi à samedi, Médias 24 a publié de nombreux résultats provisoires pour indiquer les tendances générales. A partir de ce samedi matin, nous ne publierons plus que les résultats définitifs, en distinguant les communales des régionales, car ce sont deux élections différentes avec des enjeux différents.

Les premières conclusions de cette exaltante journée électorale sont claires :

-la crédibilisation des élections et l’adhésion des citoyens. Il y a eu plus de 7,3 millions d’électeurs qui ont voté.

-les opérations semblent s’être déroulées normalement, sauf des irrégularités et violations peu nombreuses au regard des enjeux: 81 plaintes ont fait l’objet de suites et 7 autres sont en instruction. Lundi, des partis d’opposition vont déposer de nouveaux recours. L'administration semble avoir maintenu sa neutraité, sauf exceptions faisant l'objet de recours ou d'enquêtes.

-la persistance des pratiques du passé, même si elles semblent moins nombreuses, telles que le recours à l’argent sale.

-des interrogations concernant l’organisation:

*la composition du corps électoral. La MAP puis le ministre de l’Intérieur ont parlé de 14,5 millions d’inscrits, alors que d’habitude est précis à la virgule près. La mise à jour des listes devait être faite le 28 aout 2015 sur le site listeselectorales.ma mais elle n’est pas visible, et il a été impossible de vérifier le nombre d’inscrits. Attendons de voir, il semble que le ministère ait été complètement débordé par la lourdeur de la tâche. Mais vers le 23 aout, il annonçait que l’on s’acheminait vers 15,4 millions d’inscrits.

*l’usage de la seule CIN et pas de la carte d’électeur. Cela a été annoncé à la dernière minute. Cette mesure était demandée par les partis, mais pourquoi avoir attendu la dernière minute. Des électeurs qui sont venus aux bureaux avec leur seule carte d’électeur ont rebroussé chemin sans voter.

*la liste des candidats n’a pas été publiée, ni mise en ligne par le ministère, ni diffusée aux médias qui l’ont demandée. Certainement en raison de la charge de travail au ministère. Dommage, parce qu'avant de voter, on a envie de savoir qui est en lice.

L’Intérieur, cela étant, a fait un boulot gigantesque.

Voyons maintenant l’aspect politique.

Le grand gagnant est incontestablement le PJD. Au final, il va au moins tripler le nombre  de sièges par rapport à 2009 et ce, sans avoir couvert la totalité des circonscriptions. Surtout, il domine plusieurs grands centres urbains, parfois il obtient la majorité et s’assure la présidence avant même le scrutin indirect. Et il arrache la ville de Fès à son grand rival Chabat.

Le PJD est assuré de diriger au moins les villes d'Agadir et de Fès et semble, à l'heure où nous mettons en ligne, bien placé à Rabat, Tanger et Casablanca. Il va également garder la président de Kénitra.

Séisme à Fès où les listes de Chabat et de son parti ont été laminées. C'est Driss Azami Idrissi qui succèdera à Hamid Chabat en tant que maire puisque la majorité est acquise au PJD, sauf surprise de dernière minute.

Le PAM semble se maintenir au vu des résultats communiqués par l’Intérieur. Il avait 6.015 sièges dans les conseils sortants (21,7% du total). Sur 80% des votes dépouillés, il obtenait 5.064 sièges et 20,77%. Par contre, pour bien juger sa performance, il faudra voir les régions emblématiques ainsi que les listes conduites par ses ténors. Dans son fief de Marrakech, selon les chiffres préliminaires de la nuit, il arrive second après le PJD, dans son fief de Marrakech.

Le PJD obtiendra au final 3.000 sièges de plus. Ce qui signifie qu'il va les prendre à d'autres partis. Il sera intéressant de voir où se situe l'érosion.

Quelle est la suite des événements?

Il faudra attendre les résultats définitifs.

Le wali de chaque région convoque les élus de ce scrutin, aussi bien pour les communales que pour les régionales, dans les 15 jours qui ont suivi le scrutin du 4 septembre. Ces réunions devront désigner les bureaux et les présidents. Autrement dit, ceux qui vont gérer votre commune ou votre région au jour le jour.

L’enjeu de ces élections est là. La mise en place d’un étage supplémentaire, la région, fruit d’un scrutin universel direct, et dotée de très larges compétences pour gérer les régions concernées. Nous y reviendrons.

Le 2 octobre prochain, ces élus éliront à leur tour 72 parlementaires qui vont siéger à la Chambre des conseillers (qui en compte 120).