L'impression 3D, une révolution mondiale en marche
La technologie de l'impression 3D, qui permet de reproduire à l'identique un objet en adoptant des formes complexes, est un secteur en pleine croissance sur un marché lucratif qui s'étend de la santé au jouet, en passant par l'aéronautique et l'horlogerie.
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admin
Le 18 août 2015 à 11h29
Modifié 18 août 2015 à 11h29La technologie de l'impression 3D, qui permet de reproduire à l'identique un objet en adoptant des formes complexes, est un secteur en pleine croissance sur un marché lucratif qui s'étend de la santé au jouet, en passant par l'aéronautique et l'horlogerie.
D'abord réservée aux professionnels et aux industriels, cette technologie est désormais également proposée aux particuliers avec la commercialisation d'imprimantes 3D accessibles à tous ou des sites web qui reproduisent des objets à la demande.
L'impression en 3D se développe également en chirurgie, avec des reconstructions de trachée, de parties du crâne, voire d'une prothèse de dépannage, mais la création d'un organe entier vivant comme le cœur reste encore lointaine.
La main imprimée en 3D, un modèle basique, dont va bénéficier le petit Maxence, s'attache avec du velcro et s'utilise comme un gant et est donc utilisable sans chirurgie.
Donner une main aux enfants qui n'en ont pas
"C'est la flexion du poignet qui va forcer la main (artificielle) et les doigts à se plier en tirant sur les tendons. Ce mécanisme, hypersimple, ne permet pas de faire des choses très précises comme nouer ses lacets mais permet de faire des choses enquiquinantes à faire quand on n'a pas de doigts comme de la balançoire, de la trottinette ou attraper un ballon", détaille son fabricant Thierry Oquidam, interrogé par l'AFP.
L'intérêt, selon lui, est vraiment le côté "fun" pour les enfants qui ont davantage l'impression de se déguiser, plutôt que de mettre une prothèse "moche" comme celles fournies par le circuit médical traditionnel.
Sans compter son coût de fabrication: moins de 50 euros. Un élément crucial pour l'enfant qui va devoir changer de prothèse plusieurs fois au cours de sa croissance. Et si elle se casse, la famille peut la réparer directement en passant par une imprimante disponible localement.
Tous relativisent néanmoins la portée d'une telle prothèse. "L'optique, c'est de dire qu'il aura un outil en plus. Mais on ne sait pas s'il s'en servira beaucoup", analyse son papa.
D'ailleurs, famille comme fabricant ne s'en cachent pas: "Il n'y a aucun agrément médical derrière".
Interrogée par l'AFP, le Pr Charles Msika de la société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (Sofcot) estime que "la prothèse 3D a déjà l'avantage de permettre de voir si ça satisfait les besoins de l'enfant avant de la fabriquer".
Pour les parents, l'objectif est simplement d'améliorer le quotidien de leurs enfants et le regard des autres. Et l'expérience de Maxence pourrait permettre à d'autres d'en bénéficier en France, via l'association de personnes concernées par l'agénésie (Assedea).
"Ce n'est pas une première en France. Je suis moi-même un peu étonné de l'ampleur que prend ce truc-là". C'est simplement "la première main que mon association distribue en France", souligne l'informaticien.
Ce n'est pas "révolutionnaire" mais, "au même titre qu'Uber a complètement changé la manière d'utiliser les transports en taxi, de la même manière que LeBonCoin a changé complètement la donne sur les petites annonces en l'espace de deux ans, l'impression 3D est en train de changer complètement l'approche de certaines professions, en particulier dans le médical", conclut-il.
Une percée
Dans le monde, des chirurgiens ont déjà implanté des stents fabriqués par impression 3D pour maintenir une artère ouverte, ainsi que des parties de crâne en titane, un matériau biocompatible.
Cependant, "à ce stade, on n'est pas en mesure d'implanter en pratique courante des articulations porteuses entières 3D, bien que cela soit séduisant", juge le professeur Msika.
Il faudrait, indique-t-il, pouvoir comparer la qualité et la solidité de prothèses 3D à celles de prothèses implantables existantes, les stériliser. Ce qui pourrait, selon lui, faire perdre l'avantage du gain de production avec la 3D.
Néanmoins des éléments de prothèses de hanche par exemple proviennent de cette nouvelle industrie.
La reconstruction faciale peut aussi recourir à l'imprimante en trois dimensions, pour des segments du visage dont les os ont été brisés, ou encore fabriquer une mâchoire artificielle en titane sur mesure comme celle implantée chez une patiente néerlandaise, il y a un peu plus de 4 ans ou des oreilles artificielles comme l'ont fait des médecins et bio-ingénieurs de l'Université Cornell à New York à l'aide de gel très dense et de cellules vivantes pour générer du cartilage.
L'impression en 3D a en outre permis de sauver trois nourrissons américains atteints d'une faiblesse grave des voies respiratoires qui les menaçaient d'étouffements à répétition et leur offrait peu de chances de survie. Une première, détaillée fin avril dans la revue Science Transnational Medicine, qui souligne le potentiel médical de l'imprimante en trois dimensions combinée à la biotechnologie.
Les trois enfants souffraient d'une maladie une trachéomalacie sévère correspondant à un ramollissement des anneaux de cartilage formant la trachée.
"Ces cas représentent une percée car nous avons pu pour la première fois utiliser l'impression en 3D pour concevoir et fabriquer sur mesure une attelle (une sorte de tube) qui a été cousue autour de la trachée défaillante et permis de restaurer la respiration normale des patients", a précisé à cette occasion le Dr. Glenn Green, professeur de pédiatrie à l'Hôpital des enfants de l'université du Michigan.
Mais pour les chercheurs, l'impression en 3D d'organes complexes comme le cœur, est encore du domaine du rêve.
En revanche, la bio-impression de tissus ou parties de tissus cellulaires (peau, cornée...), comme y travaille notamment le laboratoire “Bio-ingénierie tissulaire" de l'Inserm à Bordeaux, sont plus réalisables.
Par ailleurs les maquettes 3D peuvent permettre de mieux préparer une opération délicate en reproduisant la zone à opérer, ou aider des étudiants à s'entraîner.
Un marché lucratif en pleine croissance
L'impression 3D a été inventée au même moment (en 1984) en France et aux États-Unis mais ces derniers représentent 38% du nombre d'imprimantes 3D, alors que la France n'occupe que le septième rang mondial, avec un peu plus de 3%, avait indiqué en mars le Conseil économique, social et environnemental français (CESE).
Les États-Unis comptent les deux leaders mondiaux du secteur, 3D Systems et Stratasys.
En France, après le rachat en 2013 de la société Phenix Systems par 3D Systems, les acteurs significatifs dans la fabrication de machines apparaissent aujourd'hui en nombre très limité, selon le CESE qui cite le groupe Gorgé et BeAM.
Le groupe parisien Gorgé a procédé à plusieurs acquisitions depuis deux ans.
En 2013, il avait racheté le fabricant d'imprimantes 3D Prodways dont l'activité a été multipliée par 50 en un peu plus d'un an.
Une performance qui a amené le groupe "à voir plus grand sur un marché dont le potentiel ne se dément pas", a expliqué en mars Raphaël Gorgé son PDG, lors de l'annonce de l'acquisition de deux autres acteurs du marché, la société française Initial et la start-up anglaise Norge Systems.
La start-up alsacienne BeAM fabrique et commercialise des systèmes d'impression 3D par dépôt de poudres métalliques notamment pour l'industrie aéronautique.
Sculpteo, créée en 2009 et dont le siège est à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), est spécialisée dans les services d'impression 3D accessibles en ligne, au grand public comme aux industriels.
La technologie 3D fonctionne selon plusieurs procédés - le dépôt de matière, la solidification par la lumière ou l’agglomération par collage - avec la même méthode du "couche par couche", à partir de différents matériaux (plastiques, métaux, céramiques et matières organiques).
L'impression 3D est désormais considérée comme "l'une des technologies liées au numérique susceptibles de transformer profondément les modes de production et les modèles économiques actuels", selon le CESE.
(Avec AFP)
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