Récit exclusif: comment l’opération de police a été préparée à Boukhalef (Tanger)
L’opération d’évacuation des squats du quartier Al Irfane à Boukhalef par les forces de l’ordre est bien accueillie par la majorité des habitants du quartier. Ce jeudi après-midi 2 juillet, l’opération de police se poursuivait.
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Jamal Amiar
Le 2 juillet 2015 à 18h03
Modifié 11 avril 2021 à 1h03L’opération d’évacuation des squats du quartier Al Irfane à Boukhalef par les forces de l’ordre est bien accueillie par la majorité des habitants du quartier. Ce jeudi après-midi 2 juillet, l’opération de police se poursuivait.
Après le début de l’intervention des forces de l’ordre hier mercredi à 6h du matin pour déloger plusieurs centaines de résidents subsahariens des squats, caves et terrasses des immeubles d’Al Irfane, les habitants du quartier ne cachent pas leur satisfaction devant l’action des pouvoirs publics.
Selon Amine qui vit dans le quartier depuis plus de 4 ans, «nous avons atteint un point de non-retour. Nous étions prêts à agir pour nous faire entendre. Des habitants parlaient d’agir violemment». Depuis des années, les habitants d’Al Irfane déplorent l’absence d’un poste de police, de protection civile ou d’un bureau de caïd dans le quartier. Il n’existe pas de centre de santé à Al Irfane, où vivent plus de 8.000 personnes, 10.000, selon des associations de quartier.
Mercredi soir, plusieurs associations d’Al Irfane ainsi que des syndics d’immeubles étaient réunis pour rédiger et rendre public un communiqué louant l’action des autorités publiques.
Aïd et inventaires
Dès la diffusion du communiqué du ministère de l’Intérieur dimanche 28 juin annonçant l’ultimatum de 24 heures donné aux squatteurs, un résident d’Al Irfane décrit la réaction des habitants du quartier : «C’était comme lorsque à la fin du ramadan on attend l’annonce de l’Aid à la télévision. Les gens étaient contents. Pour nous, le communiqué était comme une annonce de Aïd».
Dès le lendemain mardi, des autorités locales ont sollicité les membres des associations des résidents marocains du quartier pour les aider à dresser un premier inventaire des squats et un recensement de leurs occupants. Al Irfane comporte plus de 30 blocs, chacun comprenant 12 petits immeubles en R+4.
Amine décrit des appartements occupés par 10 personnes, des caves investies, des terrasses d’immeubles habitées, des caches de canots pneumatiques, des rames, des chambres à air.
Hélicos au-dessus d’Al Irfane
Mardi toujours, des hélicoptères ont longuement survolé pendant plusieurs heures la cité à basse altitude. Les forces de sécurité effectuaient des repérages pour dresser leurs plans d’intervention.
C’est ainsi que quelques heures plus tard, dans la nuit de mardi à mercredi, plus de 60 estafettes et jusqu’à 800 agents des forces de l’ordre ont été stationnés à l’intérieur de la cité mais aussi, en réserve, près des bureaux de l’arrondissement du pacha et sur le parking du Aswak Salam voisin.
La veille à Rabat, le ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezzouar s’était réuni avec les ambassadeurs de plusieurs pays africains: Sénégal, Mali, Cameroun, Niger et Nigéria notamment. Les ambassadeurs et leurs représentants seront conviés à venir à Tanger pour rencontrer leurs concitoyens et leur expliquer que Rabat avait décidé d’appliquer de manière ferme la loi sur le séjour des étrangers et sur la violation de la propriété privée.
Auparavant à Boukhalef des porte-paroles des communautés subsahariennes, des représentants de l’autorité publique et des résidents marocains du quartier se sont réunis avec plusieurs centaines de Subsahariens dans une clairière d’un bois environnant. Objectif de la réunion: leur expliquer ce que les autorités préparaient et qu’il fallait prendre l’ultimatum de M. Hassad au sérieux.
«Au terme de cette réunion, indique Amine, les diplomates sont arrivés et ont parlé aux jeunes. Quelques heures plus tard, plus de 400 d’entre eux, 450 je crois, ont décidé de leur plein gré de quitter les squats, caves et terrasses d’immeubles où ils habitaient».
Lorsque la police a commencé à intervenir mercredi 1er juillet à 6h du matin, elle savait d’avance qui était là, où et combien. «Ninjas» colt à la cuisse, forces auxiliaires, CMI sont intervenus et ont arrêté plus de 500 résidents en situation irrégulière. Embarqués dans des autocars, ils ont été dirigés vers des centres de rétention près de Rabat et Taroudant.
Ce jeudi, les contrôles d’identité se poursuivaient en présence d’une trentaine d’estafettes et de quatre autocars. Le mot d’ordre était que plus un appartement ne devait rester occupé illégalement.
Entre les 400 à 450 Subsahariens qui ont quitté Al Irfane mardi, les 500 arrêtés dans la nuit de mardi à mercredi et les 300 arrêtés entre la nuit de jeudi et l’après-midi, plus de 1.200 Subsahariens ont quitté Al Irfane. Seuls restent ceux qui ont un titre de séjour en règle et un contrat de bail.
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