Rob Bertholee: “Le jihadisme continue de séduire aux Pays-Bas et ailleurs”

Le chef des renseignements des Pays-Bas souligne que le mouvement jihadiste a adopté une stratégie basée sur la décentralisation et la solidarité. Pour lui, il faut développer un contre-discours pour ramener à la raison ceux qui ont rejoint le terrorisme.

Rob Bertholee: “Le jihadisme continue de séduire aux Pays-Bas et ailleurs”

Le 5 décembre 2014 à 11h53

Modifié le 5 décembre 2014 à 11h53

Le chef des renseignements des Pays-Bas souligne que le mouvement jihadiste a adopté une stratégie basée sur la décentralisation et la solidarité. Pour lui, il faut développer un contre-discours pour ramener à la raison ceux qui ont rejoint le terrorisme.

Invité du Washington Institute jeudi 4 décembre, Rob Bertholee,directeur de l’AIVD (services de sécurité et de renseignements hollandais) a expliqué que les jihadistes ont mis en place « une stratégie d’essaim » qui facilite la mobilisation des terroristes.

« L’un des avantages de cette stratégie d’essaim et de cette organisation est de rendre les groupes jihadistes plus flexibles, moins détectables dans leurs mouvements et moins vulnérables aux attaques extérieures » a-t-il souligné. Il a illustré le pouvoir de séduction du mouvement par le recrutement et l’implantation du mouvement dans l’est de la Libye ou dans la péninsule du Sinaï.

Officier à la retraite ayant servi au Kosovo et en Afghanistan, le chef des renseignements hollandais était invité à présenter un récent rapport de l’AIVD intitulé La Transformation du jihadisme aux Pays-Bas : dynamique d’essaim et nouvelle force.

Le nombre de combattants hollandais en Syrie en majorité au sein des rangs de l’rganisation de l’Etat islamique (EI) mais aussi avec Jabhat al-Nosra, est estimé à 160 à fin 2014 contre moins d’une centaine une année auparavant.

Comme la majorité des jihadistes européens ou marocains, les Hollandais arrivent sur le front syrien après avoir transité par la Turquie.

Contrer le discours jihadiste

Pour Rob Bertholee, « ces jihadistes constituent une menace car ils sont anti-occidentaux, retournent au pays avec des instructions ou sont traumatisés par les combats. Leurs cibles peuvent être des juifs, des chiites ou des musulmans qui n’approuvent pas leur démarche politique ».

« Cette menace concerne les Pays-Bas, mais n’importe lequel des pays de la zone Schengen comme cela fut le cas dans l’attaque du musée juif de Bruxelles » a-t-il averti. L’attaque contre le musée juif de Bruxelles en mai 2014 a été perpétrée par un jihadiste français parti en Syrie et revenu en Europe par l’aéroport de Francfort.

Un autre aspect de la menace actuelle, a révélé Rob Bertholee, « est qu’en cette période d’intenses combats, les jihadistes européens sur place téléphonent chez eux et développent un discours très anti-occidental tout en tirant une grande fierté de leur présence sur le terrain. De l’autre côté, certains des amis ou des proches restés aux Pays-Bas s’interrogent, au téléphone, de ce qu’ils pourraient faire ».

Si Rob Bertholee n’a pas spécifiquement abordé le cas de la communauté marocaine ou d’origine marocaine des Pays-Bas, les questions dans la salle à ce sujet n’ont pas manqué.

M. Bertholee a évoqué le cas de « jeunes maroco-hollandais des deuxième et troisième générations qui lorsqu’ils agissent comme des Hollandais ne sont pas entièrement considérés comme des Hollandais, comme ils ne sont pas considérés comme Marocains lorsqu’ils agissent comme des Marocains ». « C’est une situation compliquée que nous devons essayer de comprendre ».

Cette réponse l’a amené à évoquer la nécessité pour les pays européens de « développer un contre-discours » envers des jeunes qui quittent un pays de liberté pour aller faire la guerre, risquer leur vie et défendre des idéologies très conservatrices ».

« Ils devraient être heureux en France, aux Pays-Bas, en Angleterre ou en Allemagne » s’est-il exclamé avant de rappeler les chiffres des départs européens vers la Syrie : plus de 500 Britanniques, plus de 1.000 Français et plus de 500 Allemands. Des Espagnols, des Autrichiens et des Suisses combattent également en Syrie.

Le chef des renseignements a rappelé, s’agissant des jeunes Hollandais d’origine marocaine, une position exprimée par le maire de Rotterdam Ahmed Aboutaleb qui propose « de laisser les jihadistes partir, mais de leur interdire de revenir ».

« Il est intéressant qu’un maire d’origine marocaine dise cela car il connait sa communauté d’origine mieux que nous » a souligné le chef des services hollandais.

La communauté marocaine et d’origine marocaine aux Pays-Bas est depuis des années au centre de l’attention des services de sécurité hollandais. Intégrée de manière très inégale, elle est représentée de manière disproportionnée derrière les barreaux et plusieurs de ses membres pratique un islam rigoureux accompagné d’un discours anti-occidental.

En novembre 2004, un jeune maroco-hollandais avait égorgé en pleine rue le réalisateur anti-musulman Théo Van Gogh. Ce fait, et ceux qui ont suivi, avaient alimenté une importante vague de xénophobie anti-marocaine qui se perpétue jusqu’à aujourd’hui dans les rangs et le discours du parti de Geert Wilders.

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