Le 10^e Festival de cinéma de Bagdad a livré son verdict mardi soir. Sur les 100 films en lice provenant de 35 pays, Le cri du coquelicot rafle le premier prix dans la catégorie Réalisatrices arabes, ex aequo avec Quietly.

Produit en octobre 2013, ce court métrage de 16 mn tourné en numérique raconte l’histoire tragique de Azar, un jeune orphelin qui vit dans la servitude de son oncle, un homme autoritaire qui lui a donné un abri après la mort de ses parents. Il passe ses jours dans l’oppression : besogne ménagère, interdiction de s’exprimer…Il accepte néanmoins son sort, stoïquement, jusqu’au jour où un acte malheureux va profondément ébranler sa dignité et le pousser à la révolte.

« C’est une métaphore du Printemps arabe et de la relation conflictuelle qui existe entre un régime totalitaire et un individu qui cherche à prendre sa liberté. Dans ce court métrage, le jeune Azar (interprété par Ahmed Benbela, NDLR) se révoltera contre son oncle (campé par Abdesslam Bounouacha, NDLR) le jour où ce dernier tentera d’abuser de sa femme qu’il aime », nous confie la jeune réalisatrice.

Pour le financement de ce projet, Janane Fatine Mohammadi a reçu en novembre 2012 une aide de 200.000 DH de la part du Centre cinématographique marocain (CCM). Après sa sortie, cette fiction a été présentée au Short Film Corner du Festival de Cannes 2014, mais aussi au Festival de Genève du film oriental, au Festival Luxour du film africain et au Festival du film national de Tanger.

Il s’agit du 6^e court métrage réalisé par Janane Fatine Mohammadi après :

-Fatalité, produit par Nabil Ayouch avec comme principaux acteurs Basma  Moussadik, Latifa Ahrar et Sami El Kafi. Il a remporté en 2003 le Prix Mohamed Reggab pour le scénario, et l’année suivante, le Premier prix du Festival international de court métrage de Lyon ;

-Tamalout, qui a la particularité d’être tourné en langue amazighe ;

-La vie est belle, projeté au Festival de Sebou du court-métrage en 2010 ;

-Trip to my city, réalisé en anglais et financé par l’Institut Goethe de Damas ;

-Dounia, son nouveau court métrage, est une autoproduction écrite et réalisée par ses propres soins. Le film sortira dans 2 semaines.

Parallèlement à sa carrière de cinéaste, Janane Fatine Mohammadi est réalisatrice à la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) depuis 10 ans, où elle réalise pour le compte de Arrabiâ (chaîne de télévision à vocation éducative et culturelle) plusieurs émissions dédiées à l’art et à la culture. Elle est diplômée de l'Institut spécialisé du cinéma et de l'audiovisuel de Rabat.

Créé en 2004 par The Iraqi Organization for Culture & Cinema Development, le Festival international du film de Bagdad met l'accent sur les valeurs de liberté, de justice sociale, de démocratie et des droits de l'Homme. Il comporte six compétitions officielles : films de fiction, courts métrages, documentaires, nouveaux horizons, des images de l'homme, et réalisatrices arabes.

Dans les années 1970 et 1980, le 7e art était très populaire en Irak. Mais les guerres successives et les sanctions internationales à l’encontre du pays ont rendu la production cinématographique quasi-impossible.

Le déclin du cinéma irakiens’est poursuivi avec l’invasion américaine en mars 2003, qui a provoqué la fermeture de la plupart des salles de cinéma du pays.