L’Amérique découvre l’Afrique et s’engage sur d’énormes investissements

C’est la première fois que les dirigeants des Etats-Unis se réunissent autour de la même table que l’ensemble des dirigeants africains. La Chine, l’Europe, la Turquie ou le Brésil le font maintenant régulièrement depuis plusieurs années.  

L’Amérique découvre l’Afrique et s’engage sur d’énormes investissements

Le 6 août 2014 à 16h57

Modifié le 6 août 2014 à 16h57

C’est la première fois que les dirigeants des Etats-Unis se réunissent autour de la même table que l’ensemble des dirigeants africains. La Chine, l’Europe, la Turquie ou le Brésil le font maintenant régulièrement depuis plusieurs années.  

Pour l’occasion, plus de 50 chefs d’Etats et de gouvernements d’Afrique sont à Washington cette semaine et Barack Obama, son vice-président Joe Biden et la secrétaire au Commerce Penny Prtizker sont sur le pont.

Démarré le 4 août, ce premier sommet USA-Afrique s’achève ce mercredi 6 août. La journée du mardi a été marquée par l’annonce d’un montant supérieur à 30 milliards d’investissements US sur le continent africain, 14 relevant du privé et 17 du public.

Coca-Cola, IBM et General Electric s’engagent

Les plus importants engagements du secteur privé sont venus de multinationales puissantes telles que Coca-Cola avec 5 milliards de dollars et IBM et General Electric avec 2 milliards de dollars chacune.

S’agissant du secteur public, les fonds constituent en fait des garanties pour des investissements dans les infrastructures de transport et d’énergie. "Nous faisons cela, indique le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche Ben Rhodes, pour envoyer le message clair  que nous élevons notre niveau d’engagement. Nous voyons d’immenses opportunités en Afrique".

Selon le Wall Street Journal, "l’intérêt des Etats-Unis pour l’Afrique vient notamment du constat que la Chine réalise un volume commercial de 200 milliards de dollars avec l’Afrique contre … 100 milliards pour l’Amérique alors que six des 10 économies à la plus forte croissance économique de la planète sont africaines".

La Chine s’invite à la table

Une des surprises de ce sommet a été la proposition publiquement faite par Pékin à Washington dans l’après-midi du mardi 5 août, quelques heures avant l’intervention de Barack Obama devant ses invités africains.

Pékin a formellement proposé aux Américains de "joindre leurs efforts pour construire l’infrastructure dont l’Afrique a besoin".

Publiée par le Financial Times dans la soirée du 5 août, l’information a rapidement fait le tour de la planète diplomatique, Pékin innovant ainsi en matière de développement international et proposant concrètement de cofinancer le plus important projet hydroélectrique africain au Congo, un projet connu sous le nom de Inga-3 pour lequel des entreprises chinoises, américaines, espagnoles et sud-coréennes se préparent déjà.

Plus tôt cette année, la Banque mondiale a débloqué 70 millions de dollars pour la réalisation des premières études techniques. Le projet, a-t-on appris, a été discuté en juillet dernier à Pékin entre les présidents américain et chinois.

Ebola et la sécurité aussi

Si le commerce et l’investissement devaient au départ constituer les deux principaux thèmes du sommet qui se préparent depuis plus d’une année, l’actualité du virus Ebola et la montée des tensions sécuritaires dans le Sahel mais aussi au Nigéria et au Cameroun sont venus quelque peu modifier l’ordre du jour.

Cette situation, ou plutôt sa médiatisation disproportionnée par les médias occidentaux a été dénoncée par le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz sur les colonnes du Financial Times cette semaine. Rappelant que "neuf des 20 pays à la croissante économique la plus importante dans le monde sont africains et que la pauvreté baisse et  la santé et l’éducation s’améliorent", Stiglitz déplore "les priorités américaines constituées par le terrorisme, la violence et Ebola".

Pour Stiglitz, "nous avons besoin d’un nouvel équilibre entre les bases de drones et le business" allusion à l’engagement militaire et sécuritaire américain croissant en Afrique alors que sa présence économique reste faible comparée aux Chinois et aux Européens notamment. Dans le FT, Stiglitz appelle Obama "à recentrer la politique étrangère américaine".

Prenant la parole mardi soir devant ses invités africains Obama a indiqué "vouloir voir plus d’Africains acheter des produits américains et plus d’Américains acheter des produits africains". Obama a annoncé une mise à jour  de l’AGOA, l’African Growth and Opportunity Act qui date de 1991 et qui arrive à expiration en 2015, le déblocage de 7 milliards de dollars pour stimuler  les exportations américaines en Afrique et la création d’un conseil économique américain spécial chargé des relations économiques entre les Etats-Unis et l’Afrique.

Le vice-président Joe Biden a de son côté indiqué que "la question n’est plus de savoir ce que nous pouvons faire pour l’Afrique, mais ce que nous pouvons faire avec l’Afrique". "L’Amérique parie sur l’Afrique," a-t-il conclu.

Le Maroc participe au sommet et au forum économique avec une forte délégation conduite par le chef du gouvernement et comprenant Moulay Hafid Elalamy ainsi que plusieurs dirigeants du patronat.

Sur le plan stratégique, le Maroc et l’Amérique sont des partenaires qui se connaissent depuis longtemps et qui entretiennent une coopération à tous les niveaux, même si les échanges économiques restent modestes.

Lorsque l’Amérique découvre l’Afrique et s’y intéresse en tant qu’opportunités et business, le Maroc met en avant, de nouveau, son rôle de hub africain. Dans le domaine de la sécurité, le Maroc est un allié majeur hors Otan, statut exceptionnel et envié.

 Le premier challenge que devra affronter l’administration Obama pour développer les relations économiques USA-Afrique est très concret et va se poser dès cet automne 2014: le Congrès renoncera-t-il, comme il en a l’intention, à dissoudre l’Exim Bank, la banque publique qui garantit les exportations et les investissements américains sur certains marchés à risque?

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