Ghassoul: salariés sur le carreau, tensions sociales et improvisation étatique
Le dossier du ghassoul vire au scandale : le second appel à manifestation d’intérêt n’est pas lancé, l’exploitation est arrêtée, les salariés virés et l’Etat ne connaît toujours pas la valeur du gisement qu’il compte concéder.
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Imane Azmi
Le 7 février 2014 à 8h54
Modifié 7 février 2014 à 8h54Le dossier du ghassoul vire au scandale : le second appel à manifestation d’intérêt n’est pas lancé, l’exploitation est arrêtée, les salariés virés et l’Etat ne connaît toujours pas la valeur du gisement qu’il compte concéder.
Alors que le nouvel appel de manifestation d’intérêt sur l’exploitation du ghassoul n’a pas encore vu le jour, la tension sociale bat son plein à Missour. «Le projet d’appel à manifestation d’intérêt est entre les mains de la commission interministérielle auprès du chef du gouvernement», déclare Brahim Baamal, directeur des affaires juridiques au sein du département de Aziz Rabbah. Quant à une éventuelle étude sur le potentiel existant ou futur du gisement, «il revient aux opérateurs adjudicataires des appels à manifestation d’intérêt d’élaborer des études avant l’exploitation du gisement», précise-t-il à ce sujet.
En d’autres termes, l’Etat va concéder l’exploitation d’un gisement immense et unique au monde sans en connaître le potentiel : ni au niveau des quantités pouvant être extraites chaque année, ni les réserves, ni le potentiel du marché local et à l’export, ni celui des possibilités de transformation-valorisation.
Pour le dire différemment, comment l’Etat peut-il défendre les intérêts de la collectivité alors qu’il ne connaît pas le potentiel? Peut-on se baser uniquement sur les études des soumissionnaires pour évaluer le potentiel du gisement? Au minimum, il s’agit d’improvisation et d’amateurisme.
Arrêt de l’exploitation
Comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, il n’y aura pas d’exploitation cette année, donc un manque à gagner pour la collectivité, les habitants locaux, les riverains du gisement ainsi que l’Etat qui n’empochera pas les 2 millions misérables de DH annuels que lui rapportait la précédente concession.
Car comme nous l’avions annoncé dans notre édition du 3 février dernier, la société des ghassoul et de ses dérivés, détenue par la famille Sefrioui a cessé ses activités depuis le 31 janvier dernier. La licence d’exploitation est arrivée à échéance après deux renouvellements d’une durée chacun de 6 mois.
Depuis ce jeudi matin, nous savons de source syndicale que les exploitants n’ont pas quitté totalement les lieux. Le site de nettoyage de la matière première pour en faire un produit semi- fini est toujours en activité. «Seize personnes y travaillent sur les 103 employés. Il s’agit du personnel proche de la famille exploitante», ne manque pas de souligner Driss Zhar, représentant syndical affilié à la Fédération démocratique du travail, FDT.
Les ouvriers de l’entreprise font un sit-in depuis de jeudi matin devant les locaux. «Hier, nous avons rencontré le représentant de l’entreprise, pour exiger l’application des engagements pris par les actionnaires. Il s’agit notamment du règlement des indemnités de congés que les employés n’ont pas perçus depuis 2010», explique Driss Zhar.
Les Sefroui s’étaient engagés à régler la situation sur les années 2010, 2011, 2012 et 2013. «Le délai était fixé pour ce 1er février. Un quitus du règlement doit également être remis à la préfecture», souligne notre interlocuteur.
Les salariés de la société ne se préoccupent pas vraiment de l’expiration de la licence d’exploitation du gisement, ni du débat actuel sur l’appel à manifestation d’intérêt. En revanche, les autorités locales au niveau de la province s’en inquiètent. Une région pauvre dont la grande majorité des habitants n’a pas de revenu fixe. De même source, on apprend qu’un courrier sollicitant la prorogation de la licence d’exploitation en attendant le lancement de l’appel d’offre. Deux courriers ont été adressés au ministère de l’Equipement et à celui de l’Energie et des mines.
Vendredi 7 février, un sit-in est prévu devant le siège de la préfecture. A suivre.