Avec les chevaux barbes du haras de Bouznika

Le haras national de Bouznika a ouvert ses portes à quelques privilégiés venus admirer les plus beaux étalons de la région dont la reproduction est organisée sur place. Notre reporter a croisé sur place des éleveurs passionnés.  

Avec les chevaux barbes du haras de Bouznika

Le 22 janvier 2014 à 10h44

Modifié 22 janvier 2014 à 10h44

Le haras national de Bouznika a ouvert ses portes à quelques privilégiés venus admirer les plus beaux étalons de la région dont la reproduction est organisée sur place. Notre reporter a croisé sur place des éleveurs passionnés.  

Dans les boxes, une vingtaine de chevaux mâles au noble pedigree se délassent entre deux saillies : ce sont les grands chevaux reproducteurs de la région. Ces étalons sont les dignes représentants des grandes races de chevaux que l'on trouve au Maroc : des purs-sangs arabes nerveux dans leur robe noire éclatante ou des purs-sangs anglais plus timides, le poil blanc immaculé.

Un seul d'entre eux ose jeter un coup d'oeil à travers la barrière, sous sa crinière touffue il accepte même une caresse et tire la langue : c'est sûr, c'est un barbe, ou cheval berbère, la seule race 100% marocaine. Un arabe barbe blanc tacheté, croisement entre le pur-sang arabe et le barbe, courbe fièrement l'encolure.

Ici les éleveurs scrutent les étalons à fort potentiel génétique : c'est au haras que les juments sont fécondées, par saillie naturelle ou, et c'est là une particularité du haras de Bouznika, par insémination artificielle. Le laboratoire du centre de reproduction est équipé de la dernière technologie pour congeler et conserver les semences dans l'azote liquide à -196°.

“Le haras ne commercialise pas les semences, mais les éleveurs privés peuvent y procéder dans notre centre. Nous importons également des semences de races étrangères pour le compte des éleveurs”, explique Malak Benamor, vétérinaire à la Société royale d'encouragement du cheval (Sorec). Les semences peuvent être achetées 6.000 euros pour l'insémination d'une seule jument.

Comme les quatre autres haras nationaux que compte le Royaume, le haras de Bouznika est géré par la Sorec, un établissement public récemment activé pour promouvoir la culture équestre et les races chevalines marocaines. C'est dans ce cadre que la Sorec a organisé les journées portes ouvertes aux haras nationaux de Meknès puis de Bouznika : les prochaines étapes sont Oujda, El Jadida et Marrakech. 

Les éleveurs viennent de tout le Royaume : des hommes d'affaires reconvertis, des éleveurs de campagne qui maintiennent les traditions familiales ancestrales, des passionnés du cheval qui font de l'élevage à différentes fins. Le barbe est le cheval emblématique de la tbourida, ou fantasia, les purs-sangs arabes et anglais sont les maîtres des courses hippiques et du saut d'obstacles ; enfin les plus beaux chevaux participent aux concours de présentation.

Bien sûr, ce sont les courses qui rapportent gros : financées par la Sorec, elles octroient des prix intéressants aux gagnants, des sommes qui peuvent atteindre 35.000 DH pour le cheval qui rafle la première place de la dernière catégorie. Les concours sont également une source intéressante de profit, bien que beaucoup moins rentable.

Adil Hafidi,commissaire judiciaire auprès du ministère de la Justice, s'est lancé dans l'élevage de chevaux près de Tamesna. Il possède aujourd'hui18 chevaux de différentes races. “J'ai commencé il y a sept ans en abordant le cheval comme un investissement rentable. Il s'est avéré très risqué : une seule blessure peut faire chuter la valeur d'un cheval de course de 60.000 DH à moins de 4.000 DH lorsqu'il est vendu à l'abattage”.

Le cheval est également un gros investissement : chaque animal coûte à l'éleveur entre 50 et 100 DH par jour hors frais vétérinaires. Le cheval de sport nécessite en outre une alimentation spécifique. M. Hafidi regrette que “le seul vrai frein au développement de cette activité est l'absence de main d'oeuvre qualifiée”. Selon lui, les hommes de métier se font rares ; la plupart connaissent bien le cheval mais ne le maîtrisent pas. Il espère que la Sorec fournira aux éleveurs une formation qualifiante pour mieux gérer le cheval.

Quand bien même l'éleveur disposerait des infrastructures adaptées et des ressources compétentes, il faut encore que le cheval gagne. Les courses hippiques sont dominées par les grandes écuries, une poignée de grandes familles d'éleveurs qui monopolisent de fait le business hippique. Pour les petits éleveurs, il est quasiment impossible d'imposer leurs chevaux face aux grands coureurs.

“Les grandes écuries disposent de plus de 80 grands chevaux, qui raflent toutes les places des courses de catégorie A, B C et D. Les chevaux issus des petites écuries bataillent pour la cinquième place de la dernière catégorie. Nous aurions préféré concourir entre nous dans la catégorie D, et nous laissons volontiers les premières catégories aux grandes écuries” ajoute M. Hafidi.

Le trophée du meilleur éleveur a été remis ce dimanche à Mohamed Miftah, un spécialiste de la tbourida qui explique à Médias 24 que cette tradition ancestrale fait à peine survivre sa famille. Quant à faire participer ses chevaux aux courses hippiques, le vieux cavalier confie qu'il s'y refuse, par devoir moral et religieux.

D'ailleurs, ses chevaux barbes s'adaptent davantage à la fantasia qu'aux courses. Ce cheval est plus petit que les autres, et moins rapide. Mais il fait preuve d'une grande endurance pour les longues traversées. C'est la race que la Sorec entreprend de promouvoir. Les éleveurs regrettent que l'encouragement du barbe soit davantage officiel qu'effective. Les primes de naissances octroyées par la Sorec aux éleveurs passent de 15.000 DH pour un pur-sang à 5.000 DH pour un barbe. La jeune société royale d'encouragement du cheval doit sans doute donner davantage d'élan à ses réalisations pour développer la filière.

 

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