L’USFP s’attaque au dernier grand tabou: l’égalité dans l’héritage
Le moment est-il venu de réaliser une nouvelle avancée en matière d’égalité entre les sexes, après la moudawana de 2003? Le Maroc s'achemine-t-il vers un débat passionné sur l'égalité en matière d'héritage?
L’USFP s’attaque au dernier grand tabou: l’égalité dans l’héritage
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Naceureddine Elafrite
Le 23 décembre 2013 à 17h37
Modifié 23 décembre 2013 à 17h37Le moment est-il venu de réaliser une nouvelle avancée en matière d’égalité entre les sexes, après la moudawana de 2003? Le Maroc s'achemine-t-il vers un débat passionné sur l'égalité en matière d'héritage?
Le 7ème congrès de l’organisation de la femme ittihadie (USFP), organisé du 20 au 22 décembre à Rabat, est de cet avis. La moudawana ne doit pas être considérée comme un texte sacré que l’on ne peut plus amender, lit-on dans les documents de travail du congrès. La polygamie doit être pénalisée, ajoute l’un des documents, de même que le fait d’épouser ou de marier une mineure. Enfin, il est temps d’instaurer l’égalité en matière d’héritage.
L’USFP renoue ainsi avec son positionnement de parti moderniste et libéral (sur le plan politique et social), défenseur des libertés individuelles.
L’égalité en matière d’héritage, c’est le dernier grand tabou dans les sociétés arabo-musulmanes, avec l’abolition de la peine de mort. Il y a d’un côté les textes sacrés et l’interprétation humaine qui en est faite. De l’autre, l’évolution des mentalités, et l’avènement de valeurs universelles qui unissent l’humanité.
Certains penseurs sont d’ailleurs convaincus, arguments à l’appui, que les deux sont conciliables et que l’Islam originel était le précurseur des droits humains universels tels qu’on les connaît de nos jours.
Au niveau de l’USFP, référence est également faite, d’une manière intelligente et pertinente, aux dispositions de la Constitution en matière d’égalité hommes-femmes et aux espérances nées en matière de parité.
Ouvrant le congrès, Driss Lachgar, premier secrétaire, a assumé ce positionnement et ces revendications. En présence de son nouveau compère et homologue de l’Istiqlal Hamid Chabat. Il serait évidemment étonnant que l’Istiqlal emboîte le pas à l’USFP sur ces routes incertaines.
Les vicissitudes de la politique ont parfois mélangé les repères. Des débats comme celui-ci remettent à l’ordre du jour une polarisation entre d’un côté une frange moderniste se réclamant des libertés individuelles et des idéaux universels et une frange plus conservatrice et identitaire.
Le thème du 7ème Congrès de la femme Ittihadie donne le ton : "l'Etat civil, base de la citoyenneté complète". L’Etat civil est la traduction de Dawla Madania, autrement dit un Etat qui n’est pas théocratique. Le congrès dit simplement ceci : il faut prendre ses distances avec les considérations religieuses pour que la citoyenneté soit pleine et entière. En d’autres termes, que la religion reste confinée dans la sphère individuelle.
Les femmes Ittihadies vont ouvrir leur organisation dans la société civile en direction de toutes "les femmes porteuses d'un projet démocratique moderniste", a annoncé Driss Lachgar dans une déclaration à la MAP.