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Amina Bouayach

Présidente du Conseil national des droits de l’Homme 

Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH).

Se souvenir, c’est honorer

Le 9 avril 2025 à 17h18

Modifié 9 avril 2025 à 17h18

En cette journée de commémoration du 31e anniversaire du génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda, se souvenir va bien au-delà d’un simple acte de mémoire : il incarne un impératif moral et une responsabilité collective. Cette tragédie, qui a coûté la vie à près d’un million de personnes en l’espace de cent jours, demeure l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire contemporaine.

Le massacre de voisins par leurs propres voisins, l’éradication de familles entières et la destruction de vies humaines, simplement en raison de leur appartenance ethnique, sont des actes inimaginables. Et pourtant, ces horreurs se sont bel et bien produites. Il est crucial de se souvenir non seulement des souffrances des victimes, mais aussi de comprendre comment la haine et l’intolérance ont pu se propager et s’enraciner dans un contexte de division et de propagande.

Ce génocide, loin d’être le fruit d’un déchaînement spontané, fut méthodiquement orchestré. Alimenté par une propagande haineuse et raciste, il s’est enraciné dans des décennies de divisions ethniques et de discriminations, principalement à l’encontre des Tutsis. Tandis que des centaines de milliers de personnes étaient massacrées, la communauté internationale est restée en grande partie silencieuse, un silence que nous ne devons jamais oublier. Cette indifférence et cette inaction, qui ont causé la montée de la violence, nous rappellent une vérité fondamentale : l’humanité ne peut et ne doit jamais tolérer de telles atrocités.

Aujourd’hui, nous devons reconnaître que la mémoire des événements passés est cruciale pour éclairer nos responsabilités présentes. Les signes avant-coureurs de la haine ne disparaissent jamais complètement : ils changent de forme, mais leur influence s’installe. La haine, qui se manifestait autrefois par des machettes, circule désormais librement sur les réseaux sociaux, où les discours de rejet se propagent rapidement, banalisés et normalisés. Cette évolution exige une vigilance constante, car les discriminations et l’injustice sont des fléaux qui, sans intervention, renaissent sous d’autres formes.

Commémorer le génocide des Tutsis n’est pas seulement un acte de souvenir, mais un engagement à prévenir les atrocités futures. La prévention ne se limite pas à anticiper les violences ; elle consiste également à désamorcer leurs racines. Cela implique de savoir reconnaître les signes de division, de stigmatisation et de déshumanisation avant qu’ils ne prennent des proportions destructrices. Pour ce faire, il est crucial d’établir des mécanismes d’alerte précoce efficaces et crédibles.

La défense des droits humains est au cœur de ce processus. Lorsque ces droits sont bafoués, la paix devient fragile et les sociétés se fragmentent. En revanche, lorsque les droits humains sont respectés, les sociétés deviennent plus résilientes, capables de surmonter les divisions et de promouvoir une coexistence pacifique fondée sur la justice et l’égalité.

En honorant la mémoire des victimes du génocide rwandais, nous réaffirmons notre responsabilité collective et notre engagement à rejeter toutes les formes de haine, de racisme et de division. Ce n’est pas seulement un hommage, mais un appel à agir collectivement pour défendre la dignité humaine partout où elle est menacée.

Le génocide rwandais représente un traumatisme universel et un défi moral pour l’humanité. La formule "Plus jamais ça" ne peut être une simple formule vide de sens. Elle doit être un choix, un engagement, un combat quotidien pour la dignité humaine, indépendamment de l’identité, de la langue, de la religion, de l’origine ou de la condition sociale de chacun. C’est un appel lancé à la conscience universelle, pour qu’elle se rassemble et agisse face aux signes avant-coureurs de l’idéologie génocidaire.

Se souvenir, c’est reconnaître que l’humanité n’est jamais acquise. Elle se construit à travers l’écoute et le respect de l’autre. Les atrocités, loin de se limiter à un lieu ou à une époque, sont nourries par des crises mondiales et des récits identitaires exclusifs. Cela exige de nous des réponses coordonnées, solidaires et intégrées.

Paix aux âmes des victimes, et que leur mémoire continue de nous éclairer.

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