Ahmed Faouzi

Ancien ambassadeur. Chercheur en relations internationales.

Quelques idées sur les IDE

Le 2 mai 2023 à 14h10

Modifié 2 mai 2023 à 14h10

Les confinements imposés durant la pandémie du Covid ont ralenti l’économie et les échanges internationaux, ainsi que les grands projets d’investissement à travers le monde. Selon le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, Cnuced, les Investissements directs étrangers, IDE, ont plongé de 35%, passant de 1.500 milliards de dollars en 2019, à 1.000 milliards en 2020. La pandémie, puis la guerre en Ukraine et ses conséquences, ont conduit les entrepreneurs à réévaluer leurs projets d’expansion à l’international.

Le choix du pays et du lieu où investir devient, pour l'entreprise, le facteur primordial dans chaque décision d’expansion. Pourquoi une multinationale choisit-elle d’investir dans un pays au lieu d’un autre ? À cette question, simple en apparence, les réponses semblent diverses. Plusieurs pays ont réadapté récemment leur législation pour attirer les meilleurs investissements dans des secteurs choisis, présentant des atouts aux capitaux étrangers.

Ce qui continue d’attirer les investisseurs étrangers, ce sont généralement les mêmes critères que ceux d’avant-Covid, avec cependant une préférence pour les pays proches des grands marchés chinois, américain ou européen. Qu’il s'agisse d'acquisition, de fusion ou de création de filiale, un investissement évalue l’état général de l’économie, la stabilité politique et économique, la situation géographique du pays, la qualité de ses ressources humaines et la taille de son marché.

Pour le pays récepteur, l’investissement est un vecteur de croissance et procède de l’image du pays à l’étranger. Plusieurs gouvernements ont procédé durant la pandémie à un "toilettage" de leur législation pour attirer les meilleurs investissements dans des secteurs ciblés de leur économie. Leurs objectifs n’ont pas varié. Ils visent tout d’abord la création d’emplois, la diversification et la croissance économiques.

Une large partie des investissements internationaux continuent à s’effectuer entre les grandes économies du monde, en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Cependant, certains pays en développement, à l’instar du Maroc, ont su tirer profit de leur proximité géographique avec ces grands marchés pour faire valoir leurs atouts compétitifs. La stabilité politique, le climat des affaires, la qualité des ressources humaines contribuent à cet attrait pour ceux qui cherchent un emplacement idéal.

Les outils qu’utilisent les gouvernements pour inciter les investisseurs étrangers varient d’un pays à un autre. Généralement, la concurrence se situe au niveau des incitations financières et fiscales d’un côté, puis des règles et des normes de l’autre. Sur ces deux plans, certains pays récepteurs, au sein même des pays développés, se montrent bien généreux et parfois même peu regardants à l’égard des investisseurs étrangers, pourvu que l’investissement se réalise.

Ce sont les grandes économies qui absorbent les investissements internationaux. Les États-Unis sont le plus grand destinataire des IDE, suivis de la Chine qui a progressivement gagné en importance en devenant le deuxième marché réceptif des flux d’investissements dans le monde. Les investissements vont tout naturellement vers les continents dynamiques, avec moins de conflits comme en Asie, et dans des pays qui constituent de grands marchés comme la Chine ou l’Inde.

Les IDE de la période post-Covid se dirigent toujours vers les services, y compris les services financiers, le commerce, les technologies de l’information et de la communication. Ils ont aussi une préférence pour les industries manufacturières comme l’automobile, l’aéronautique et les biens d’équipement. D’autres secteurs sont également considérés comme stratégiques pour certains pays, comme ceux liés aux biens de première nécessité ou relatifs aux industries de défense.

Toutes les nations cherchent à tirer des avantages évidents de chaque investissement. Le premier est sans doute la création d’emplois, la diversification des activités économiques et, au-delà, la stimulation de la croissance en général. Mais il n’y a pas que des avantages. Un mauvais investissement peut conduire à la perte de contrôle sur certains fleurons industriels, la fuite des capitaux, ou parfois l’exploitation abusive des ressources humaines difficilement acquises.

C’est en fonction de chaque stratégie nationale que les gouvernements évaluent les avantages et les risques pour maximiser les bénéfices économiques et leurs retombées sur la société, tout en minimisant les coûts sociaux et environnementaux. L’écosystème automobile développé patiemment par le Maroc au nord du pays et dans la région de Kénitra est l'exemple parfait de success story qui a revalorisé l’image du pays à l’international.

Renforcer la crédibilité et l’état de droit

L’attractivité d’un pays ne se mesure pas aux seules incitations financières ou règlementaires. D’autres critères entrent en jeu, dont le premier est la volonté de l’entreprise elle-même à vouloir s’expatrier ou à diversifier ses marchés, face à ses concurrents. C’est une fois cette prise de conscience déclenchée qu’il lui faut décider du lieu d’implantation en fonction de ses propres besoins, mais aussi de l’attractivité et de l’offre du pays d’accueil.

Ce sont les déterminants externes qui viennent influencer toute décision d’investir dans un pays au lieu d’un autre. D’une manière générale, les investisseurs sont attirés par certaines caractéristiques économiques fondamentales comme la stabilité politique, la taille du marché, l’état des infrastructures, et la qualité des ressources humaines entre autres. Tous ces facteurs sont essentiels à l’acte d’investir, et leur absence peut constituer un handicap majeur.

Mais les multinationales prêtent aussi attention à la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption dans leurs actes d’expansion. C’est pour donner un maximum de garanties que les gouvernements instaurent des instances réglementaires y afférentes pour renforcer la crédibilité et l’état de droit, tout en assurant une dynamique des réformes pour créer un climat sain à la croissance.

Certaines entreprises internationales, peu regardantes sur l’éthique entrepreneuriale, participent à l’aggravation de la corruption quand elles se trouvent dans des pays dépourvus de ce genre de garde-fous. Cela aboutit inéluctablement à des distorsions dans l’acte d’investir au profit des uns et au détriment d’autres. Ce n’est que par des mesures de transparence et d’élimination de telles interventions injustifiées que les pays arrivent à instaurer un climat propice à l’investissement.

C’est cette crédibilité qui devient un atout à l’acte d’investir et qui instaure la confiance entre un investisseur étranger et son pays d’accueil. Les pays peu crédibles ont moins de chance d’attirer un investisseur, et encore moins de le garder durablement quand les intérêts de ce dernier sont susceptibles d’être compromis. C’est pour cette raison que la dynamique des réformes économiques pour améliorer le climat d’investissement devrait être un processus de longue haleine et non une action ponctuelle.

Dans cette course au positionnement pour attirer les meilleurs investissements, tous les pays tendent à mettre en place les facteurs susceptibles de donner envie à une entreprise d'y investir. Celle-ci est d’abord motivée par le développement de ses propres activités et l’augmentation de sa part de marché. Quant à l’Etat, ses priorités demeurent la création de l’emploi et la croissance, d’une part, et la volonté de remédier constamment aux causes qui érodent le climat de l’investissement et des affaires, d'autre part.

La vulnérabilité de l’économie mondiale post-Covid, ajoutée aux crises financières qui se succèdent sans répit, ne laisse pas d'autre choix aux États que d’être vigilants aux changements en cours. Il n’est pas nécessaire de s’attaquer en même temps à tous les goulots d’étranglement et aux obstacles qui s’érigent devant l’acte d’investir. Renforcer l’attractivité est un processus graduel qui nécessite une hiérarchisation des réformes qui ne peuvent s’inscrire que dans la durée.

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