Allocations familiales: la modulation fait grincer de toutes parts

(AFP)

Le 17 octobre 2014

"Engrenage dangereux", "trahison", "scandale": la modulation des allocations familiales selon le revenu, arrachée par les députés PS au gouvernement, a continué de susciter vendredi de vives critiques, avec des grincements de dents jusque dans la majorité.

L'exécutif a donné son accord pour cette modulation, qui prendra effet à partir du 1er juillet. Elle sera proposée dans un amendement au projet de budget 2015 de la Sécurité sociale et concernera "12% des familles" qui perçoivent des allocations.

Alors qu'elle avait fait savoir ces derniers jours que cette proposition n'était "pas celle du gouvernement", la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine a dit vendredi soutenir "sans réserve" cette "réforme majeure". Elle a assuré qu'elle "maintient l'universalité des prestations" même si les familles "les plus aisées en recevront moins".

Depuis La Motte-Servolex (Savoie), le Premier ministre Manuel Valls a insisté sur le fait que c'était "une bonne mesure" qui "n'est pas une remise en cause de la politique familiale".

Mais cette décision a suscité une avalanche de réactions franchement hostiles, beaucoup dénonçant une ouverture de "la boîte de Pandore".

"Ne nous faisons pas d'illusions: une fois le principe des conditions de ressources adopté, il est très facile pour les gouvernements de baisser progressivement ce plafond", a estimé l'Union des familles en Europe.

L'association Familles rurales a aussi fustigé le fait que le gouvernement mette "fin à l’un des principes fondateurs de la Sécurité sociale", la Confédération syndicale des familles (CSF) y voyant "le glas de la politique familiale", tandis que l'Union nationale des associations familiales (Unaf) avait jugé dès jeudi "impensable" et "impossible" cette modulation.

Pour la Manif pour tous, le gouvernement "enterre" purement et simplement la politique familiale.

- 'Un engrenage très dangereux' -

Les critiques sont aussi venues de tous bords côté politique.

A l'UMP, François Fillon, Valérie Pécresse ou le député Jean-Frédéric Poisson sont montés au créneau, pour dénoncer une modulation "injuste" et une "trahison" du "pacte national sur la politique familiale".

Pour le secrétaire national du Parti communiste Pierre Laurent, aussi, l'exécutif "met le doigt dans un engrenage très dangereux".

Quant à la présidente du front national Marine Le Pen, elle préférerait "qu'on arrête de verser des allocations familiales aux étrangers plutôt que de les baisser aux Français".

Dans les rangs de la majorité, certaines voix se sont aussi élevées, dont celle de deux députés frondeurs et de la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo qui s'est dite en accord sur "le principe", mais a déploré que les classes moyennes soient touchées.

Les radicaux de gauche et les écologistes ont fait savoir de leur côté qu'ils étaient partagés.

Les réactions étaient aussi tranchées du côté des syndicats, seule l'Unsa se montrant clairement favorable à la modulation, la CFDT regrettant des "ajustements incessants", FO y voyant le signe que le gouvernement fait le choix de "l'austérité contre l'universalité" et la CFTC faisant savoir qu'elle ne pouvait "accepter" cette remise en cause du "principe fondateur d'universalité".

Dès jeudi, le numéro un de la CGT, Thierry Lepaon, avait aussi critiqué une modulation "contraire à l'esprit même de la Sécurité sociale".

Cette réforme doit permettre de réaliser 800 millions d'euros d'économies en année pleine à partir de 2016, et 400 millions d'euros dès 2015, selon les députés.

Le gouvernement veut réaliser des économies de 700 millions d'euros dans la branche famille de la Sécu l'an prochain. Le projet de partage accru du congé parental est donc maintenu pour atteindre cet objectif (deux ans pour la mère, un an pour le père).

La politique familiale avait déjà subi un coup de rabot en 2013, notamment avec un nouvel abaissement du plafond du quotient familial pour les plus aisés.

Mais les sondages plaidaient en faveur de la modulation, avec près de huit Français sur dix favorables.

Concrètement, les allocations familiales de base (129,35 euros mensuels pour deux enfants) seront divisées par deux à partir de 6.000 euros de revenus mensuels pour un foyer avec deux enfants, et par quatre à partir de 8.000 euros. Il n'y aura pas de changement pour les familles ayant moins de 6.000 euros de revenus.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Le 17 octobre 2014

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.