Hausse des prix des huiles de table : Les explications de la COMADER

| Le 23/2/2021 à 15:02

Depuis une semaine, les réseaux sociaux s’indignent contre la hausse des prix des huiles de table et multiplient les appels au boycott contre Lesieur Cristal. Contactée, la COMADER explique cette hausse par l'explosion des cours des matières premières oléagineuses à l'international à cause de mauvaises récoltes chez les pays exportateurs, un effet stockage des importateurs et la reprise de la consommation chinoise. 

 

Suite à la hausse des prix des huiles de table, de nombreux appels au boycott circulent sur les réseaux sociaux. Ils sont principalement dirigés vers le poids lourd du secteur, Lesieur Cristal qui possède différentes marques d’huile de grande consommation.

Dans un précédent article, un chef de rayon et plusieurs épiciers expliquaient à Médias24 qu’une hausse d'au moins 1,10 DH/litre était constatée sur le marché depuis désormais deux semaines.

Fin octobre 2020, Samir Oudghiri Idrissi, le directeur général de Lesieur Cristal avait néanmoins évoqué pour le Boursier, une potentielle hausse de prix à venir, imputable à l’augmentation des coûts des matières premières sur le marché internationale. Cependant fin octobre, le directeur général tablait sur une hausse plus limitée. « Lorsque vous mettez l’impact de la hausse de la matière première sur le prix du litre d’huile par exemple, on parle d’un prix qui augmentera de 50 ou 60 centimes. Le surcout rapporté au ménage reste limité » expliquait-il.

LeBoursier apprend également auprès d'une source avisée que durant la crise de la Covid-19, la Fédération interprofessionnelle des oléagineux (FOLEA) a dû maintenir ses prix de vente inchangés, malgré l’augmentation des cours des huiles, et ce suite à la demande des Autorités. Cela sous entend que vu que la hausse des cours internationaux se poursuit et que le Maroc a repris ses activités économiques, les opérateurs ont fini par répercuter la hausse sur le consommateur.

Des cours qui s’envolent à l’international 

Contacté au sujet de la hausse des prix des huiles de table, Rachid Benali, premier vice-président de la Confédération Marocaine de l'Agriculture et du  Développement Rural (COMADER) nous explique dans un premier temps la forte exposition marocaine aux cours mondiaux des oléagineux : « Le Maroc importe la quasi-totalité de son besoin en matières premières oléagineuses, dont essentiellement le soja et le tournesol, pour la consommation des ménages. Il est donc fortement lié à l’évolution des cours à l’international » explique notre interlocuteur

Les cours de ces matières ont connu une envolée depuis désormais près de 6 mois. Notamment pour le soja qui constitue la matière de base de la grande majorité des huiles de table proposées au Maroc et qui est intégralement importé. « Depuis les mois de septembre et octobre, les tendances haussières se sont fortement accélérées. Et malheureusement cette hausse se poursuit. Le soja est à 1100 dollars la tonne aujourd’hui alors qu’il se situait aux alentours de 600 dollars la tonne en juin, soit une hausse de 80%. En attendant la prochaine campagne agricole il y aura probablement des problèmes de prix sur ces biens de consommation » détaille Rachid Benali.

Des récoltes décevantes

Mais les raisons de la hausse des cours des céréales sont multiples. Premièrement, elles sont la résultante de mauvaises récoltes chez les pays exportateurs.« Le retard accumulé sur la récolte des graines de soja en Amérique du Sud conjugué à de mauvaises conditions climatiques dans ses pays expliquent cette situation. Ce retard est estimé à 6 millions de tonnes » explique notre source.

La mauvaise météorologie globale a également impacté le niveau des récoltes céréalières européennes sur le Tournesol. « Le faible bilan de la récolte de tournesol 2020/2021 qui enregistre un net recul de production de 5 millions de tonnes (-12% de production) est un autre facteur » explique Rachid Benali.

Un stockage mondial

La hausse des prix des matières première est également conduite par le stockage en céréales de certains pays. « Les pays importateurs ont accentué leur rythme d’importations ces derniers mois afin de constituer un stock de sécurité » nous explique notre interlocuteur.

D’autre part, après une chute drastique de leur consommation en plein cœur de la pandémie, les Chinois retournent à une consommation de masse. « La Chine continue d’acheter massivement pour constituer les stocks ce qui pousse les prix à la hausse. Elle doit également répondre à sa demande locale ce qui pousse à la consommation. Quand la Chine achète, il faut savoir que c’est un cinquième du monde qui se met à consommer, donc cela impacte fortement les cours » poursuit Rachid Benali.

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