Canal de Panama : le commerce maritime mondial à l’épreuve d'une sécheresse historique

Artère vitale pour le commerce maritime mondial, le canal de Panama est gravement affecté par une sécheresse sans précédent. Avec une baisse drastique du niveau des eaux du lac Gatun, les autorités ont été forcées de réduire le nombre de navires en transit, entraînant des retards, des coûts accrus et des incertitudes économiques.

Canal de Panama : le commerce maritime mondial à l’épreuve d'une sécheresse historique

Le 2 juillet 2024 à 13h33

Modifié le 2 juillet 2024 à 15h50

Artère vitale pour le commerce maritime mondial, le canal de Panama est gravement affecté par une sécheresse sans précédent. Avec une baisse drastique du niveau des eaux du lac Gatun, les autorités ont été forcées de réduire le nombre de navires en transit, entraînant des retards, des coûts accrus et des incertitudes économiques.

Ceux qui s'attendaient à une brève perturbation avant un retour à la normale ont vite déchanté. Jour après jour, la sécheresse porte un coup dur au trafic commercial sur le canal stratégique de Panama par lequel transite près de 6% du commerce maritime mondial.

Le canal pâtit d’une crise de l’eau sans précédent. Alors que le niveau des eaux continue de baisser, les autorités au Panama s'attendent à des pertes de pas moins de 700 millions de dollars cette année.

Le problème de l'eau dans le canal de Panama ne date pas d'aujourd'hui certes, mais c'est la première fois que l'autorité d’administration du canal se retrouve contrainte de réduire le transit quotidien après le rétrécissement du niveau du lac Gatun – un plan d'eau artificiel de la ville de Panama qui alimente le canal – au point qu’il n'est plus suffisant pour répondre à la capacité habituelle de 38 navires par jour.

Le canal de Panama à la merci de la nature

Les restrictions sur le transit des navires ont entraîné des goulots d'étranglement, des retards, une augmentation des coûts de transport et des incertitudes quant à l'avenir du canal, qui célèbre cette année le 110e anniversaire de son inauguration.

Une étude publiée dans la revue scientifique internationale Nature prévient que la planète connaîtra "des conditions de sécheresse plus sévères comme celles connues au Panama à la suite du phénomène El Niño associé à une hausse de la température de l'océan Pacifique, ou des périodes de fortes pluies qui affecteront environ 3 milliards de personnes. Dans un scénario moins optimiste, ce nombre pourrait atteindre 5 milliards (66% de la population mondiale) d’ici la fin du siècle".

En termes de chiffres, les consommateurs ont déjà ressenti l'impact inflationniste de la situation dans le canal de Panama depuis le milieu de l'année dernière, puisque 40% du trafic maritime de conteneurs à destination des États-Unis transite par le canal, qui est utilisé comme alternative au réseau routier et ferroviaire qui relie les deux côtes du vaste territoire de la première économie mondiale. La situation a provoqué une flambée des prix des marchandises dans un contexte économique marqué par un renchérissement du coût de la vie.

Selon le magazine Nature, le transport de chaque conteneur coûte aux compagnies maritimes environ 8.000 dollars, et chaque retard exerce une pression supplémentaire sur le prix des marchandises. Alors que les compagnies maritimes internationales recherchent des alternatives, le problème s’aggrave à mesure du retard pris à trouver une solution.

Bien que le gouvernement panaméen ait investi environ cinq milliards de dollars pour élargir le canal et permettre aux plus gros navires d’y entrer, les aléas climatiques créent davantage de surprises.

Le changement climatique : un défi majeur pour le commerce mondial

Le changement climatique constitue un véritable problème pour le commerce mondial. Outre les tensions géopolitiques qui s'accentuent à proximité de certains points de transit importants, les problèmes de sécheresse, de baisse des niveaux d’eau et de réchauffement climatique créent des défis majeurs pour les échanges vitaux qui affectent la vie quotidienne de millions de personnes à travers le monde.

Roberto Durán, professeur et chercheur à la Faculté des sciences de l'Institut de technologie de Monterrey, au Mexique, estime qu'à la lumière de la difficulté de contrôler les fluctuations climatiques, il existe des alternatives viables telles que l'amélioration du système ferroviaire et routier aux États-Unis ou encore la mise en place du corridor interocéanique de l'isthme de Tehuantepec. Il relie l'océan Atlantique (golfe du Mexique) à l'océan Pacifique (golfe de Tehuantepec) via les ports de Coatzacoalcos et de Salina Cruz.

L'expert estime que les difficultés du canal de Panama génèrent une "triple crise", à commencer par la dimension sanitaire avec l'apparition de la pandémie de Covid-19 et la fermeture des frontières, le conflit géopolitique au Moyen-Orient où se situent nombre de voies maritimes vitales, et enfin le problème climatique.

De nombreuses compagnies maritimes ont commencé à transiter par le canal de Suez pour atteindre les États-Unis via la côte Est afin d'éviter les retards ou les frais de douane associés à la traversée du Panama, mais cette alternative engendre des coûts plus élevés et davantage de temps.

L’administration du canal de Panama vient d’annoncer une augmentation du trafic quotidien de transit de navires pour passer à 35 à partir du 5 août prochain, après de récentes précipitations pluviométriques importantes.

En moyenne quotidienne, le trafic au niveau du canal entre les océans Atlantique et Pacifique se situe entre 35 et 36 navires, mais la grave sécheresse a réduit les mouvements à 20, puis 22, sans toutefois atteindre le pire scénario qui était de 18 navires par jour.

Les restrictions imposées au transit depuis le milieu de l’année dernière risquent d’entraîner une chute des revenus du canal provenant des redevances, de 800 millions de dollars pour l’exercice en cours.

La voie navigable panaméenne dessert plus de 180 routes maritimes reliant 170 pays et atteignant environ 1.920 ports dans le monde.

Les revenus générés par le commerce international dans le canal de Panama apportent une contribution record au Trésor public du pays, dépassant les deux milliards de dollars en 2023.

(Avec MAP)

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