LafargeHolcim Maroc impacté en bourse par la hausse des matières premières

B.B | Le 9/5/2022 à 16:45
Le groupe fait face aux craintes de certains investisseurs concernant la détérioration de sa rentabilité suite à la hausse des cours du pétrole et du petcoke. Le cours perd 10% en YTD. L’usine d’Agadir fera gagner des parts de marché mais pèsera sur les marges à court terme. La consommation de ciment en 2022 attendue entre 3% et 4%, pourrait être moindre du fait de l’atonie immobilière et l’incertitude planant sur le secteur du BTP.

Le groupe LafargeHolcim Maroc a bénéficié d’un bon contexte de reprise en 2021 et a bien amélioré ses indicateurs opérationnels. Il a affiché l’an dernier, une hausse de 17,4% de son chiffre d’affaires à 8,1 MMDH par rapport à l’année précédente. Le groupe a également fortement amélioré sa rentabilité avec un résultat net consolidé en hausse de 34,7% en 2021 à 2 MMDH.

Une amélioration qui provient des bonnes performances opérationnelles, notamment l’amélioration du résultat d’exploitation du groupe ainsi que de la non-récurrence du don de 500 MDH au fonds Covid-19. Le groupe a annoncé la distribution d’un dividende ordinaire de 66 dirhams par action au titre de l’année 2021, soit une hausse de 32% par rapport à 2020. En bourse, le cours avait affiché une forte progression de 37,5% l’an dernier à 2 200 dirhams le titre.

Source : medias24.com

Depuis le début de l’année 2022, en revanche, LafargeHolcim Maroc connaît un recul en bourse. En YTD, le cours du groupe a baissé de 10,2% à 175 dirhams à la clôture de la séance du vendredi 6 mai. Des craintes sont en effet ressenties concernant le maintien de sa rentabilité cette année. La baisse du cours a en effet été amorcée lors de la dégradation de la situation en Ukraine et du début de la flambée des cours du Brent.

Une hausse pesante des matières premières qui dégradera les marges

Le groupe et le secteur cimentier en général sont impactés par la mauvaise conjoncture économique, notamment liée à la forte hausse des matières premières telles que le pétrole. Son concurrent, Ciments du Maroc accuse également une baisse en YTD de près de 4%.

Contacté, un analyste de la place nous explique: « je ne vois pas d’autres éléments qui pourraient expliquer la baisse du titre en bourse exceptée la hausse des cours du pétrole depuis le début de la guerre en Ukraine. Le fait est que le baril a pris plus de 40% depuis le début de l’année à 110 dollars, va probablement impacter les marges du groupe cette année ». En effet, les cimentiers utilisent un dérivé du pétrole (petcoke) comme combustible dans l’industrie, dont les prix sont fortement liés à ceux du pétrole. Cela impactera donc les marges opérationnelles du groupe à court terme.

Il faut également mentionner que les marges seront également impactées à court terme par l’ouverture et la mise en activité progressive de la nouvelle usine du groupe à Agadir. Comme l’avait d’ailleurs annoncé CFG Bank dans l’un de ces précédents Stock Guide, « l’ouverture de la nouvelle usine devrait également dans un premier temps engendrer une baisse des taux de marge opérationnels du groupe ».

Cela est causé par le fait qu’un certain niveau de coût fixe sera observé et que l’usine ne tournera pas à pleine capacité. En 2022, ils anticipaient une marge d’EBITDA à 52,4% contre 53,5% en 2021. Avec la hausse des cours des matières premières, cette dernière pourrait être plus fortement rognée que prévu.

Une croissance molle de la consommation de ciment attendue cette année

Après une bonne progression de près de 15% de la consommation de ciment en 2021, causée par un effet rebond, cette année devrait voir se profiler au mieux, une hausse normative de la consommation. Selon les prévisions du directeur général de Ciments du Maroc, interviewé sur le sujet, « compte tenu du contexte général, nous avons bon espoir que la croissance en 2022 pourra être positive, probablement à plus de 3% ».

Ces prévisions avaient cependant été annoncées avant le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et l’inflation généralisée qui en a découlé. D’après les derniers chiffres de l’Association Professionnelle des Cimentiers (APC), à fin mars, la consommation de ciment s’affichait en légère hausse de 1% par rapport à la même période en 2021.

Un autre analyste de la place nous rappelle que « 70% de la consommation de ciment dans le pays est drainée par le secteur immobilier. Ce dernier est atone à cause, premièrement, de la faible demande des ménages, puis de la hausse généralisée des prix des intrants, à savoir, le fer, l’acier, le rond à béton, etc… ». Le niveau de croissance globalement normatif était attendu par le marché, mais il se peut que les investisseurs anticipent désormais une croissance encore plus faible que prévu.

Pour notre premier analyste, peu de facteurs fondamentaux pourraient redynamiser le cours actuellement. Le gain de part de marché que connaîtra le groupe dans les provinces du Sud grâce à la nouvelle usine d’Agadir, au détriment de Ciments du Maroc, est déjà intégré par le marché. « Si la situation s’améliore en termes d’évolution des prix des matières premières ou si des annonces gouvernementales concernant des incitations fiscales dans le secteur immobilier étaient annoncées, peut-être que cela pourrait redynamiser le cours » conclut-il.

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