Le FMI table sur une récession mondiale en 2020 mais peine à déterminer son ampleur

| Le 14/4/2020 à 16:42

"Cette crise ne ressemble à aucune autre": en annonçant ce mardi 14 avril une récession mondiale de 3% cette année, le FMI a prévenu que cela pourrait être bien pire tout en reconnaissant la difficulté de faire des prévisions économiques tant l'incertitude est "considérable".

"Le monde a radicalement changé en trois mois", a résumé Gita Gopinath, l'économiste en chef du Fonds monétaire international, décrivant "une sombre réalité" lors d'une conférence de presse virtuelle détaillant les dernières perspectives économiques mondiales.

"Il est très probable que cette année, l'économie mondiale connaîtra sa pire récession depuis la Grande Dépression", a-t-elle également ajouté.

Ce sera peut-être moins pire que dans les années 30 quand le PIB mondial a chuté de 10% mais bien plus sévère qu'en 2009 (-0,1%) suivant la crise financière, a-t-elle précisé.

Le nouveau coronavirus est parti de Chine fin décembre avant de disséminer dans le monde entier.

Mardi, le Covid-19 avait fait près de 120.000 morts et presque 2 millions de personnes avaient été diagnostiquées dans 193 pays et territoires depuis le début de l'épidémie, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles.

Dans un effort pour endiguer la pandémie, les gouvernements se sont résolus à confiner leur population, fermer les commerces non essentiels, réduire drastiquement le trafic aérien, paralysant des pans entiers de l'économie.

En conséquence, le commerce international s'est effondré: le Fonds prévoit ainsi une baisse de 11% du volume d'échange de biens et services en 2020.

- L'Europe, la plus affectée -

Alors que dans les crises économiques habituelles, les décideurs politiques s'efforcent de dynamiser aussi vite que possible l'activité économique en stimulant la demande, cette fois, "la crise est dans une large mesure la conséquence des mesures de confinement nécessaires", relève Gita Gopinath.

Pour les pays avancés, la récession devrait atteindre 6,1%.

Aux Etats-Unis, où il y a peu de filet de sécurité sociale et où le système de santé est défaillant, la contraction du PIB devrait être de 5,9%. "La récession est profonde (...) Elle va laisser des traces" dans la première économie du monde, a prévenu Gita Gopinath.

Dans la zone euro, le PIB va même dégringoler de 7,5%. En Italie, la contraction sera de -9,2%, en Espagne de -8%.

En France, avec une récession de 7,2%, le FMI est plus optimiste que le gouvernement qui table sur une chute de 8%.

Ailleurs en Europe, au Royaume-Uni, le PIB va chuter de 6,5%. Un institut public a fait, lui, état d'une chute potentielle de 13%.

Dans la zone Amérique Latine et Caraïbes, la récession sera à peine moins marquée (-5,2%).

Pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, le FMI table sur une baisse du PIB de 2,8%.

La Chine et l'Inde devraient être les seules à créer de la croissance (+1,2% et +1,9% respectivement).

- Rebond en 2021? -

Le rebond de l'économie mondiale pourrait toutefois intervenir dès 2021, avec une croissance attendue de 5,8% à condition que la pandémie soit effectivement maîtrisée au second semestre de cette année.

Sinon la récession pourrait être bien pire, une hypothèse "très probable", a mis en garde l'économiste en chef.

"Malgré les circonstances désastreuses", il y a des raisons d'être optimistes, a-t-elle opiné.

Dans les pays les plus affectés, le nombre de nouveaux cas diminue, après la mise en place de solides pratiques de distanciation sociale.

La communauté scientifique travaille à un "rythme sans précédent" pour trouver des traitements et des vaccins.

Sur le plan économique, le FMI loue les mesures "rapides et substantielles" pour protéger les personnes et les entreprises les plus fragiles.

Elle a souligné que "la différence cruciale" avec la crise des années 30 est l'existence d'institutions multilatérales telles que le FMI et la Banque mondiale capables de fournir une aide financière immédiate pour aider les pays les plus vulnérables.

Le G7 s'est d'ailleurs dit favorable à la suspension provisoire des services de la dette des pays pauvres.

Pour les économies avancées, la reprise économique nécessitera plus de mesures de relance budgétaires. Et ce stimulus sera plus efficace si ces mesures sont "coordonnées", a souligné Gita Gopinath.

Elle a en outre estimé que la question de la dette des Etats devra être examinée une fois la pandémie passée.

"Pour l'heure, la crise nécessite l'action des gouvernements", a-t-elle insisté.

Enfin, alors que la pandémie a mis en lumière l'absence de préparation de nombreux pays à une crise sanitaire de cette ampleur, le FMI exhorte à réfléchir aux mesures qui pourraient être adoptées pour éviter qu'une pandémie similaire ne se reproduise à l'avenir.

Il préconise en particulier un échange d'informations plus important et plus automatique sur les infections inhabituelles ainsi que la constitution de stocks mondiaux d'équipements de protection individuelle et la mise en place de protocoles pour que les pays ne se heurtent pas à des problèmes d'approvisionnement d'équipements de santé essentiels.

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