Solvency II: le point sur une réforme qui risque de chambouler les calculs des assureurs

Sara El Hanafi | Le 1/3/2019 à 14:31

Les assureurs ont de la marge pour se conformer aux nouvelles règles de solvabilité. C'est ce qui ressort des premiers bilans prudentiels élaborés par l'ACAPS. Aucune date n'est toutefois précisée pour l'entrée en vigueur de la réforme, surtout qu'elle intervient dans un contexte où le secteur souffre de l'envolée de la sinistralité.

Le secteur des assurances se prépare à entamer un virage réglementaire déterminant, celui du passage vers les normes Solvency II. Une transition imminente selon Mohamed Afifi, DG délégué de Saham Assurance.

"Les travaux continuent avec les différents acteurs de la profession", a indiqué M. Afifi, lors de la conférence de présentation des résultats 2018 de Saham Assurance, tenue ce 26 février à Casablanca.

"Les estimations de bilans prudentiels ont été faites et elles sont disponibles auprès de l’ACAPS. Elles seront partagées au sein de la profession et les premières réunions démarreront cette semaine entre les assureurs, l’ACAPS et la FMSAR", ajoute notre interlocuteur.

Selon lui, ces premières estimations montrent que le secteur a de la marge pour se conformer aux nouvelles règles et aux futures exigences de cette transition.

"Des réunions seront organisées entre mars et juin avec la profession et les autorités compétentes pour faire les calibrages nécessaires des paramètres qui entrent jeu dans cette transition", a annoncé M.Afifi.

Solvency II, ou Solvabilité II en français, ou SBR (Solvabilité basée sur les risques) selon la nomenclature retenue par l’ACAPS, requiert des exigences quantitatives pointues. Bien que les détails ne soient pas complétement révélés, l’on sait toutefois que le calcul des provisions techniques est concerné.

Le nouveau régime prudentiel impose un ajustement des fonds propres chez les entreprises d’assurance et de réassurance, pour qu'elles soient en phase avec l’ensemble des risques auxquels elles sont confrontées. Le but ultime étant, bien évidemment, d’assurer leur solvabilité.

Le calcul de la marge de solvabilité des assureurs, destinée à garantir leurs engagements vis-à-vis des assurés et à leur permettre de faire face aux aléas liés à leur activité, devra donc dès l’entrée en vigueur de Solvency II tenir compte de l’ensemble des risques encourus par les assureurs (opérationnel, d’investissement, de marché, etc.), et les quantifier à leur véritable valeur. 

Un véritable challenge surtout qu’actuellement, la marge de solvabilité des compagnies d’assurance ne tient compte que du risque de souscription, lié aux contrats d’assurance distribués auprès de personnes physiques ou de personnes morales. Ce qui explique les marges de solvabilité très confortables qu’affichent les entreprises du secteur, généralement à trois chiffres.

La date d'entrée en vigueur des normes relatives à Solvency II n'a pas encore été déterminée précisément. Mais alors que l'échéance approche, la profession se retrouve face à un problème d'un autre genre : l'augmentation de la sinistralité, en particulier dans la branche auto.

Un phénomène sur lequel la profession alerte depuis des années et qui prend de plus en plus d'ampleur, au point de fortement impacter la rentabilité des assureurs, comme c'est le cas pour les deux compagnines d'assurance cotées (Saham Assurance et Wafa Assurance).

Entre ce bémol et l'adoption des normes Solvency II, les choses se compliqueront de plus en plus pour les assureurs...

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